Chapitre 18 - Interrogatoire

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— Ah ! sursauta Khali en laissant tomber sur le sol le gobelet de café que lui avait apporté Gaétan Alicos. Vous auriez pu me prévenir qu'il était brûlant !

— Je n'avais pas remarqué, nia le lieutenant sur un ton exagérément innocent et feignant d'être vexé d'une telle accusation.

L'homme n'avait pas apprécié que la belle lui commande un café comme à un vulgaire serveur. Khali s'éloigna, le regard plein de mépris, et Gaétan laissa un sourire satisfait illuminer son visage. Il baissa les yeux sur la flaque de café dans laquelle trempait le bout de ses chaussures puis s'en éloigna discrètement, les mains dans les poches, poussant la chansonnette. Son sourire faux s'étira plus encore lorsqu'il vit James sortir de l'ascenseur. Il vint immédiatement à la rencontre du policier, lui passant la main dans le dos et l'entraînant un peu à l'écart.

— Qu'est-ce que tu veux encore ? s'impatienta James.

— Dis-moi, t'as l'air de pas avoir beaucoup dormi cette nuit, je me trompe ?

— Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?

— Aller, raconte-moi où vous avez passé la nuit, toi et le lieutenant Lobo, insista-t-il avec un regard malicieux.

— Tu es ridicule, Alicos. J'ai quitté Khali une demi-heure après être parti du commissariat. Elle m'a simplement déposé à côté de ma voiture.

— Khali ? Alors c'est ça son petit prénom ? Je l'ignorais. On dirait bien que vous êtes devenus plutôt intimes tous les deux, hein ? taquina l'agaçant rouquin.

— Oh, arrête tes gamineries, je t'en prie. Je te rappelle que je suis marié.

— Et alors ? Avoir une maîtresse ne peut qu'ajouter un peu de piment à ta vie si ennuyeuse. C'est devenu très courant, tu sais.

— Ma vie n'est pas ennuyeuse, se défendit James en tentant de se défiler.

— Arrête ton char, Linnéa bosse trente heures sur vingt-quatre, elle ne pense qu'à son travail. Mon grand-père a une vie sexuelle plus mouvementée que la tienne.

— Ton grand-père est mort.

— Justement, chambra Alicos, l'oeil gouailleur.

— C'est stupide. Va trouver quelqu'un d'autre à embêter, moi j'ai du boulot.

Cette fois, James parvint à semer son détracteur dans un groupe de policiers qui traversait le couloir. Il se rendit discrètement à la salle où devait avoir lieu l'interrogatoire. Khali se trouvait devant la porte et conversait avec une secrétaire, elle n'avait pas remarqué la présence de son nouveau coéquipier. Ce dernier s'approcha lentement et entendit les deux femmes discuter des antécédents criminels du jeune bandit ; il fut soulagé de constater la teneur sérieuse de cette conversation car surprendre Khali à bavarder futilement comme n'importe quel être humain aurait démoli le sentiment de sécurité et d'admiration qu'il avait pour elle. Il se sentait plus fort et plus sûr de lui maintenant qu'elle était là, il émergeait peu à peu des sables mouvants dans lesquels il avait glissé en voyant son univers s'écrouler autour de lui. Arborant un sourire des plus chaleureux, James rejoignit les deux femmes :

— Bonjour Khali, madame Etienne.

La belle étrangère salua le policier d'un signe de la tête accompagné d'un sourire. James se retint de lui faire la bise, bien qu'il en meure d'envie.

— Bonjour lieutenant Gardam, siffla madame Etienne de sa voix flûtée. Tout est en ordre pour l'interrogatoire du jeune homme. On n'attendait plus que vous pour commencer.

Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant