Chapitre 33 - Détourner l'attention

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Khali amena un autre morceau de viande à sa bouche et l'avala d'un air gêné en constatant que Valnasser la fixait avec un sourire bienveillant.

— Quoi ? demanda-t-elle, la bouche encore à moitié pleine.

Valnasser se laissa aller à rire de bon cœur. Il avait lui-même apporté le dîner dans la chambre de la belle et s'était assis sur le bord du lit pour la regarder manger d'un œil paternel. Voyant qu'elle avait vidé son assiette, il prit le plateau qu'elle avait posé sur ses genoux et le plaça à l'écart sur la table de chevet.

— Pourquoi me regardez-vous comme ça ? Vous n'avez jamais vu une femme manger ? insista-t-elle en s'essuyant la bouche avec la serviette que lui tendait l'homme.

— Pardonnez-moi si je vous ai dérangée, mais je dois dire que j'adore vous regarder manger.

— Alors attendez de m'avoir vu en train de boire... moqua-t-elle.

— Vous avez un bel appétit en tout cas.

— Hé, je me suis pris une balle dans l'estomac, faut bien que je récupère.

— Bien sûr, ce n'était pas un reproche. A propos de votre blessure, vous permettez que je...

— Non, refusa-t-elle catégoriquement en repoussant la main qu'il tendait vers elle.

— Je voulais seulement m'assurer que...

— Je vais bien, parfaitement bien.

— Si vous le dites, je n'insiste pas.

Il souleva son menton du bout de l'index et lui sourit comme à une enfant à laquelle on tente d'inspirer confiance. Elle détourna la tête et regarda en direction de la fenêtre d'un air indécis. La nuit tombait peu à peu et il fallait qu'elle ait quitté les lieux avant minuit.

La belle se retourna avec des gestes brusques lorsqu'elle sentit une main dans son cou. Valnasser tenait entre ses doigts la fine chaînette d'or qu'elle portait, il glissa lentement jusqu'au pendentif qui reposait sur sa poitrine. Elle en eut la chair de poule mais n'osa rien dire.

— C'est un loup, n'est-ce pas ? demanda-t-il en la fixant de ses grands yeux espiègles.

— Pardon ?

— Votre pendentif, c'est un loup.

— Oh oui. Excusez-moi j'ai, j'ai la tête ailleurs.

— Et à quoi vos pensées divaguent-elles ?

— Valnasser...

— Tim, rectifia-t-il pour la énième fois mais toujours avec la même gentillesse.

— Je dois repartir.

— Vraiment ? dit-il en sortant un boîtier rectangulaire de la poche de sa veste.

Il tendit la petite boîte pourpre à Khali en sondant la jeune femme du regard. A quoi pouvait-elle bien penser ? Il y avait quelque chose d'à la fois si triste et si joyeux dans le fond de ses irrésistibles prunelles vertes.

Timidement, elle prit le boîtier et l'ouvrit. Il contenait une montre au bracelet serti de diamants. Khali rendit immédiatement l'objet à Valnasser, embarrassée.

— Non, je refuse. Je ne suis pas à vendre.

— Voyons, ce n'est qu'une montre. Prenez-la.

— Ce n'est peut-être qu'une montre mais elle a coûté plus cher que ma première voiture.

— Khali, ça me fait plaisir. Je n'attends rien en retour.

— Bien sûr que si. Je sais très bien ce que vous voulez. Tout ce que vous avez fait pour m'aider, c'était uniquement parce que...

Elle ne finit pas sa phrase et détourna la tête. Valnasser prit son visage entre ses mains et la força à le regarder dans les yeux.

— Khali, je vous ai aidée parce que je vous trouve absolument superbe, c'est vrai, je l'avoue. J'avais espoir de vous séduire. Mais vous ne me devez rien du tout, je vous l'assure. Si je parvenais à vous arracher ne serait-ce qu'un simple baiser j'en serais comblé.

Il pressa ses lèvres contre les siennes avant qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit. La belle s'abandonna un instant dans les bras de l'homme, elle était prête à le laisser aller jusqu'à un certain point. Il passa la main sous sa chemise et lui caressa le dos. Valnasser recula alors vivement la tête et constata avec surprise :

— Vous avez retiré votre bandage ?

Khali fut prise au dépourvu, elle resta muette. L'homme écarta les pans de sa chemise et sa mâchoire se desserra légèrement lorsqu'il vit la blessure de la belle qui avait déjà presque cicatrisé, après seulement vingt-quatre heures !

— C'est incroyable... commenta-t-il.

La jeune femme l'interrompit par un baiser enflammé. Elle le renversa sur le lit et employa les grands moyens pour qu'il pense vite à autre chose. Il devait absolument oublier ce qu'il venait de voir et ne surtout pas poser de questions.



Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant