Chapitre 32 - Sauvagement assassinée

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James s'arrêta sur le seuil du magasin. Il inspira profondément, cherchant le courage d'entrer. Une odeur de mort flottait dans l'air, un parfum d'angoisse. Il poussa la porte d'entrée et fit quelques pas accompagné du tintement d'une clochette. Deux autres policiers étaient déjà arrivés. Ils discutaient à voix basse dans le fond de la boutique, l'air consterné. Ils n'adressèrent qu'un hochement de tête à James.

Le jeune homme se sentait de plus en plus mal au fur et à mesure qu'il avançait et qu'il s'approchait de la caisse. L'odeur de sang s'intensifia. Une première tache rouge apparut. James avança encore. Une flaque de sang semblait s'être écoulée depuis l'arrière de la caisse. Le policier suivit la trace et contourna lentement la pile de paniers mis à la disposition des clients. Il se força à continuer sans comprendre ce qui pouvait tant l'effrayer. Un sentiment de familiarité peut-être...

Le cadavre ! James s'écarta brusquement, il détourna la tête sans s'éloigner du corps. Il ne l'avait aperçu qu'une fraction de seconde mais en avait été plus choqué que par n'importe quelle autre atrocité qu'il avait pu voir au courant de sa carrière de policier.

Le cadavre était dénudé et couvert de sang. Des entailles profondes recouvraient tout le corps comme si la victime avait été poignardée à plusieurs reprises. Toutefois, un poignard aurait sans doute laissé des marques plus propres. Il semblait que les blessures de la malheureuse jeune femme aient été faites par quelque chose d'autrement plus effrayant, un crochet, ou des griffes. Mais le plus bouleversant était la grimace d'horreur que l'on pouvait lire sur son visage figé. Ses yeux encore grands ouverts semblaient témoigner de l'atrocité de ses derniers moments, ils semblaient s'être posés sur le diable en personne avant de s'éteindre.

James baissa les paupières, les mains dans les poches, et se concentra sur sa respiration devenue irrégulière. Il se sentait aussi révolté et dégoûté que s'il avait lui-même été la victime. Il sursauta tout d'un coup lorsque l'un des deux autres policiers déjà sur place lui tapa amicalement l'épaule.

— Vous allez bien ? s'enquit cette dernière, car il s'agissait d'une femme, en lisant la douleur sur les traits de James.

— Ne vous inquiétez pas pour moi.

— Un café peut-être ?

— Surtout pas, refusa le jeune homme en souriant, la main posée sur le ventre. Merci.

— Je croyais que vous étiez en congé depuis les agressions contre vos proches et vous-même ?

— Je suis à nouveau en service depuis ce matin. Le commissaire Thomas a jugé préférable que je remette le pied à l'étrier rapidement.

— Et vous ne pensez pas que...

— Non, s'empressa de dire James en devançant la question. Je suis ravi de travailler à nouveau. J'allais devenir dingue à tourner en rond chez moi.

— Cette affaire n'est pas ce qu'il y a de mieux pour se changer les idées. Un meurtre comme celui-là me déprimerait encore plus à votre place.

— Quels sont les premiers résultats de l'enquête ?

— Oh, vraiment pas grand-chose. On attend l'arrivée des spécialistes, le légiste et tout le tralala. Nous on est surtout là pour faire un état des lieux et surveiller que personne ne touche à rien en attendant l'arrivée de la cavalerie.

— Je comprends. Rien de particulier à signaler ?

— A part un cadavre derrière la caisse, non, plaisanta la femme sans parvenir à détendre l'atmosphère. A première vue je dirais qu'elle a probablement été violée, et par un beau salaud. Si je lui mettais la main dessus...

Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant