Chapitre 30 - Incontrôlable

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James coupa son steak en deux. La viande était saignante, à peine cuite. Ce n'était pas comme cela qu'il aimait la manger d'habitude, mais aujourd'hui cette couleur crue le faisait saliver. Le jeune homme sourit et dévora la viande en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Un faible grognement de satisfaction lui échappa mais il ne s'en rendit pas compte.

Il se retourna vers la gazinière, les poêles étaient vides. Il venait de manger quatre steaks d'affilée. L'affamé se leva et ouvrit tous les placards de la cuisine. Il ne restait rien, même le réfrigérateur était vide. Cela faisait une semaine que Victor était cloué sur son lit d'hôpital, et les courses n'avaient pas été faites depuis ce jour-là. James claqua violemment la porte du frigo puis se dirigea vers le hall d'entrée. Il enfila sa veste et quitta la maison précipitamment.

La nuit était déjà tombée et le seul magasin de la ville encore ouvert à cette heure-ci se trouvait assez loin, mais James éprouvait le besoin de marcher, de s'occuper. Il tournait en rond comme un animal en cage dans sa maison, et il avait horreur de se sentir seul. Il espérait que Linnéa allait bientôt pouvoir rentrer.

Le jeune homme marcha dans l'obscurité pendant près d'une heure avant d'apercevoir la vitrine éclairée de la supérette. Il entra, salua la caissière. Les allées du petit magasin étaient désertes, il n'y avait pas un client, pas âme qui vive. James se dirigea droit vers le rayon des viandes surgelées. Il en prit plusieurs kilos puis alla les déposer en vrac sur le tapis de caisse. L'employée ouvrit de grands yeux étonnés mais se garda de faire un commentaire avant de sourire poliment à son client. Elle fit passer les articles un à un. Il n'y avait pas d'autre bruit dans le magasin que les petits bip émis par la caisse.

— Ça vous fera soixante-six Euros zéro sept, s'il vous plaît monsieur.

James pencha la tête de côté comme s'il n'avait pas compris les paroles de la jeune femme.

— Monsieur ? demanda-t-elle d'une voix peu rassurée.

Le policier se mit à grogner, des nerfs tressaillaient sous la peau de son cou et ses narines palpitaient de façon incontrôlée. Ses lèvres s'entrouvrirent alors pour laisser apparaître des dents serrées comme s'il luttait contre une pulsion dévorante.

Tout à coup, il retira la main de sa poche et saisit la caissière à la gorge. Il la fit passer par-dessus sa caisse et la jeta au sol. Elle tenta de fuir à quatre pattes mais sans parvenir à se relever. Elle glissait sur le carrelage. James la rattrapa fermement par la taille et la ramena à lui. Il la frappa sans ménagement lorsqu'elle commença à crier à l'aide. De toute façon ils étaient seuls, personne ne pouvait venir en secours à la malheureuse, et rien à ce stade n'aurait pu faire revenir James à la raison...


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Khali observa les alentours pour s'assurer qu'on ne l'épiait pas. Elle hésitait encore. Un élancement au niveau de sa blessure la convainquit que c'était sans doute la meilleure chose à faire.

Debout sur le perron d'une immense maison en pierre blanche, elle toqua à la porte. Elle jeta un coup d'œil inquiet derrière elle, lorsqu'elle se retourna à nouveau vers la porte elle sursauta en se retrouvant nez à nez avec une vieille femme au chignon crêpé et un tablier noué autour de la taille. La vieille plissa un œil inquisiteur et examina la visiteuse de l'autre. Elle resta placide en voyant la main que Khali portait à son ventre et le sang séché sur ses doigts.

— Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle d'une voix de corbeau nasillard.

— Je dois parler à monsieur Valnasser, c'est très important, et urgent.

Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant