Chapitre 3 - Nouvelle recrue

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Ce matin-là, une effervescence nerveuse animait le commissariat. Les hommes se bousculaient, agitant des feuilles et poussant des exclamations à tout va. Il régnait une atmosphère mêlée à la fois d'excitation mais aussi d'une certaine austérité. James se fraya un passage dans la foule de vers grouillants en direction du bureau de son supérieur, le commissaire Thomas. En chemin, un collègue du jeune homme le salua d'une grande tape dans le dos. Celui-ci avait l'air plutôt gai et s'exclama d'un ton enjoué :

— Hé Gardam ! T'as entendu la nouvelle ?

— Quelle nouvelle ?

Une autre collègue bouscula le lieutenant en renversant du café sur sa chemise. Il émit un juron à demi étouffé puis réitéra sa question sur un ton plus élevé, espérant se faire comprendre malgré le brouhaha incessant :

— Quelle nouvelle ? Et qu'est-ce que c'est que tout ce remue-ménage ?

— Un meurtre, mon pote. Un vrai de vrai. Avec du sang et des tripes. Dans notre bonne vieille ville. Enfin de l'action !

Voyant la mine sombre de James, le policier enchaîna hâtivement :

— Oh, mais c'est tragique, bien sûr. Ne crois pas que je m'en réjouisse.

— Mm... Le commissaire est là ?

— Oui, dans son bureau. Mais il...

James abandonna son collègue au centre de la foule. Il désirait s'entretenir avec le commissaire Thomas au plus tôt. Peut-être qu'une affaire de ce genre lui demanderait beaucoup de temps et qu'il pourrait ainsi s'oublier dans le travail... Mais voilà qu'il commençait à raisonner comme Linnéa. L'homme s'arrêta devant la porte de son supérieur et une voix féminine lui parvint, la demoiselle était apparemment très en colère :

— C'est stupide ! Il n'en est pas question !

— Je ne tolérerai pas une telle insubordination ! grogna la voix bourrue du commissaire. Vous ferez ce que je vous dis !

James jugea préférable de repasser plus tard. Il se tourna vers la salle agitée mais il aperçut tout à coup l'épaisse chevelure rousse du lieutenant Alicos, un professionnel de la flagornerie dont l'arrogance n'avait d'égal que son dédain envers les autres. Il allait sans doute user de tous les moyens possibles et imaginables pour obtenir l'enquête sur le meurtre. James ne pouvait résolument pas laisser passer cette opportunité : pour une fois qu'il parvenait à se présenter au bureau avant son rival ! Il frappa donc à la porte.

Après que le commissaire Thomas le lui eut permis, le policier entra et découvrit la silhouette envoutante d'une jeune femme. Elle portait des bottes en cuir noir, un short seyant de la même teinte et un débardeur à minces bretelles qui moulait avantageusement une poitrine menue mais néanmoins aguichante de danseuse. James ne parvenait pas à détourner son regard des jambes longues et fines de l'inconnue... Mais se rappelant tout d'un coup qu'il était un mari fidèle, il cligna des yeux et releva la tête. Quel visage agréable, songea-t-il.

La jeune femme avait l'air déterminé et agacé. Le policier fut aussitôt séduit par la force de caractère qui émanait d'elle, de son attitude, chaque trait de son visage décidé, le moindre de ses gestes pleins d'élégance. Elle tourna la tête vers l'homme. Ses longs cheveux bruns, légèrement ondulés, suivirent le mouvement. James fut immédiatement hypnotisé par le regard soutenu qu'elle fixa sur lui. Ses yeux étaient d'un vert comme il n'en avait jamais vu auparavant, d'un éclat bien supérieur à celui d'une émeraude, aussi brillante soit-elle.

Le commissaire Thomas retira ses lunettes et mit un terme à la magie qui emplissait peu à peu les lieux :

— Lieutenant Gardam, je peux savoir ce qui vous amène à mon bureau de si bonne heure ?

Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant