CHAPITRE 46 - Effraction

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{ vendredi 15 janvier }

J'adore nager. Un amour véritable, qui lui ne me laissera jamais tomber. La piscine de Dentora est assez rudimentaire, mais je la préfère largement aux bassins remplis de gamins de York Shin. Ici il n'y a personne. À l'heure où j'y vais, il n'y a que quelques habitués qui viennent une heure ou deux faire leurs longueurs. Les gens de l'entrée me reconnaissent maintenant, et me laissent rester un peu après la fermeture le temps de s'occuper de l'entretien.

Je ferme les yeux en me sentant dériver doucement. Je n'entends rien, simplement le bruit de l'eau qui claque contre les parois en mosaïque. Il fait noir dehors, assez pour m'indiquer que ça fait un moment que je suis ici, et la grande horloge numérique me donne raison en affichant 22h. Ma mère est partie pour le week-end, Léolio a pris le train à 18h pour rejoindre son maitre de stage à Zaban, autant dire que personne ne m'attends ce soir.

Je laisse mes bras remonter à la surface, me disant que je ferais une belle étoile de mer dans un documentaire animalier avant d'être finalement rappelée à l'ordre par mon estomac. J'expire doucement, me donnant une petite impulsion grâce au muret pour rejoindre les escaliers. Je grelotte, gelée, manque de glisser et m'emmitoufle dans ma serviette. Je salue Aya, la femme de ménage en train de balayer le couloirs et me dépêche de récupérer mes affaires dans mon casier. Le coup de barre monumental d'après piscine me prend au moment où j'enfile mon sweat, me forçant à puiser dans mes dernière ressources pour trouver le courage de me traîner jusqu'à chez moi.

Allez Jane, pizza, douche et au lit.

« Rentre bien Jane, fais attention sur la route.

- Merci Aya, à demain! »

Elle agite son balai en l'air quand je passe à côté d'elle, grand sourire aux lèvres, pour me désigner la porte de service avec son manche.

« Passe par ici, t'auras pas à faire le tour de la route. »

Je lui lance un clin d'oeil avant de pousser la porte battante. L'air est frais dehors, j'ai un frisson le long de l'échine en sentant mes cheveux mouillés me coller la nuque alors j'accélère le pas. J'aurais bien pris un bus mais à cette heure je vais mettre autant de temps à attendre à l'arrêt que si je rentre maintenant à pied.

Rien n'est infaisable avec un peu de musique dans les oreilles.

Je suis la grande route, parfois illuminée par les phares des voitures. Je fourre mes mains dans mes poches, mon nez dans mon écharpe et titube au rythme des paroles.

Un large sourire heureux m'étire les lèvres quand je rentre enfin dans ma rue, et après avoir vérifié que personne ne se trouvait derrière ou devant moi pour surprendre ce moment de honte, tape un sprint jusqu'à ma maison. J'ouvre le portillon et monte les marches du perron, souriant déjà en m'imaginant dévorer cette pizza quatre fromage devant une bonne série. Pourtant, au moment où je mets un bien à l'intérieur de l'entrée, je suis prise par le froid ambiant.

Je fronce les sourcils, de ne pas retrouver la chaleur habituelle de ma maison, et fais quelques pas vers le chauffage mais il est bien bouillant. C'est quoi ce bazar, ma mère a coupé la chaudière ou quoi. Un courant d'air me caresse soudain les jambes et me fait me retourner sur le salon, et autant dire que je n'ai jamais senti mon coeur se serrer autant.

La table renversée, la télé détruite, nos affaires saccagées, mais surtout, la baie vitrée qui donne sur notre jardin complètement brisée, des morceaux de verres jonchant le sol tout entier.

J'écarquille les yeux et avance, sentant le verre crisser sous mes semelles. Je tourne autour de moi, observant ce carnage il n'y a pas d'autre mot, sentant la peur grandir en moi au fur et à mesure que je me rends compte de la situation. J'ai la gorge nouée, complètement paralysée.

THUNDERSTORM                                                    hunterxhunterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant