PROLOGUE

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[ 27 août ]

Une secousse me fait subitement ouvrir les yeux. Je ne sens plus le vrombissement du moteur, ni cette sensation de rouler.

« On est arrivé chérie. »

Je fronce les sourcils, essayant de remettre de l'ordre dans mes idées, distraite par le bruit de la pluie qui tombe sur le pare-brise malgré les 28C de ce mois d'août.

« Les déménageurs ne devraient pas tarder. Ajoute ma mère. »

La voiture est à l'arrêt, garée devant une grande maison à la façade impeccable

« C'est ici?

- Ça te plaît? Le déménagement a été tellement soudain que je n'ai trouvé que cette maison qui puisse répondre à nos standards. »

Je me tourne vers ma mère, ne prenant pas la peine de relever à l'entente de ses soi-disants standards. J'attrape mon sac à mes pieds et descend de la voiture en rabattant la capuche de mon sweat sur ma tête. Une brise d'air frais se fait ressentir, très agréable après ces heures en voitures à compter les arbres que nous dépassions et à orienter la climatisation sur mon visage. Poser les pieds sur la terre ferme me fait une sensation étrange, mais c'est souvent comme ça au début.

Comme l'a dit ma mère, c'était soudain. Le plus soudain de nos déménagements je crois. Elle m'a appris il y a deux semaines qu'elle avait signé un nouveau contrat, et c'est le temps que j'ai eu pour emballer mes affaires et dire adieu à mon ancien lycée, les quelques camarades que je m'étais fait, et notre appartement à côté de la boulangerie du quartier. Mais j'ai l'habitude maintenant. C'est comme ça depuis toujours.

Ma mère ici présente, qui fouille dans son sac pour trouver la clé, est reporter et moi, Jane, bientôt 17 ans, je l'ai toujours suivie dans ses voyages. C'est le seul parent que j'ai, mon père était un garçon de passage quand elle avait 20 ans dont elle ne se rappelle même pas le nom, et sinon il me reste une grand-mère acariâtre qui ne me porte pas beaucoup dans son coeur.

Du coin de l'œil, je vois un gros camion se garer devant la maison pendant que ma mère peste toujours la main dans le sac avant d'enfin brandir un trousseau de clé.

« Les déménageurs sont là. Lançais-je en voyant trois gros baraqués descendre. »

Elle relève la tête et se dépêche d'ouvrir le portillon avant d'aller échanger quelques mots avec eux. Je reste en retrait quelques secondes, à attendre je ne sais quoi sur le trottoir avant de m'avancer dans l'allée de ma nouvelle maison tout en entendant ma mère geindre après ses pauvres messieurs de faire attention avec nos cartons. J'attrape les clés qu'elle a laissé dans la serrure du portail et regarde autour de moi.

Ça a l'air sympa.

Je monte le perron et ouvre la porte lentement, comme si j'allais surprendre une famille à l'intérieur mais non, c'est bel et bien notre nouvelle maison.

Pour combien de temps maintenant, c'est ça la question.

Ma mère a dit que cette fois-ci, il serait sûrement question d'années et non plus de mois, mais avec elle, il faut toujours s'attendre à tout. Je découvre un parquet dans la grande entrée dénuée de meuble, qui grince à chacun de mes pas. Ça sent le bois, et l'odeur des pierres.

« Attention mademoiselle. Somme une voix derrière moi. »

Je me décale quand les déménageurs passe la grande porte vitrée, tenant notre canapé à bout de bras, avant de se diriger dans une pièce avec de grandes fenêtres du style des années 20, sous les directives de ma mère.

« Tu as visité Jane?

- Non, pas vraiment. J'ai un peu la tête dans le cul. Avouais-je en me frottant le crâne.

- C'est la route. Prend ton temps! Après on ira faire un tour en ville, histoire d'avoir deux trois trucs à manger! Puis on passera devant ton nouveau lycée si tu veux. »

Elle me prend par les épaules et me montre rapidement la cuisine, une porte qui doit surement menée à un sous-sol avant de me laisser au pied de l'escalier pour retourner râler après un déménageur qui aurait posé son meuble trop brusquement.

Un sourire amusé m'étire les lèvres. Posée sur des amas de cartons, je reconnais le cactus qui était originellement sur mon bureau avant, et l'attrape pour monter rapidement, curieuse de découvrir les trois chambres et, d'après les dires de ma génitrice, l'immense baignoire que nous n'avons jamais pu avoir dans nos appartements. La première pièce est remplie de quelques affaires, me faisant comprendre qu'elle est déjà prise alors doucement, j'avance vers celle tout au fond du couloir. La pluie résonne un peu à l'étage. Je ne sais pas vraiment si c'est agréable ou non, la seule chose dont je rêve c'est que les déménageurs montent mon lit pour que je puisse finir ma sieste.

Ça sent un peu le renfermé alors je me dirige vers la fenêtre et la fait coulisser histoire d'aérer un peu, posant la plante sur le rebord de la fenêtre. Elle donne sur le côté du jardin, et sur la maison voisine. En face de moi, une fenêtre, tout à fait identique à la mienne et donnant sur une chambre complètement sans dessus-dessous, est ouverte. Un type brun est assis sur ce qui semble être une chaise de bureau, s'en servant pour se balancer en arrière tout en essayant de faire tenir un crayon sur le bout de son nez.

Je reste quelques secondes à le fixer, un peu bête devant... ça, et sûrement que je me voulais trop insistante parce qu'il finit par se tourner vers moi. Nos regards se croisent, il sursaute, bascule, tombe, et son crayon a le temps de rouler au sol avant que je ne lâche un rire nerveux, mitigée entre le malaise et le ridicule.

« Je... euh... Commence t-il.

- Jane tu peux venir s'il te plaît? M'appelle ma mère en bas.

- Oui j'arrive. »

Je jette un coup d'œil vers ce garçon qui n'a pas bougé d'un pouce, toujours vautré par terre et qui me regarde hébété derrière ses lunettes, tandis que je fais demi-tour pour descendre.

Merde alors...




-Rencontre avec le voisin d'à côté-

-Rencontre avec le voisin d'à côté-

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THUNDERSTORM                                                    hunterxhunterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant