Le Dernier Ange

Chapitre 4 - partie 2/3

Elle court.

Vers l'endroit d'où venait le poignard.

Il était sorti de l'autre côté du cercle au milieu duquel se trouve notre maison. À pas moins d'une centaine de mètres de là. Un tir trop loin et trop précis pour avoir été lancé par autre chose qu'un vampire.

Je cours moi aussi, mais vers la voiture, frôlant les arbres calcinés. Je n'arrive pas à passer le stade de la super-vitesse, probablement à cause du choc.

Alors que j'arrive à mi-chemin, un sifflement suivi d'un claquement sourd me parvient, au même moment où mon genou heurte quelque chose, me faisant chuter.

Ambre crie à nouveau mon prénom, alors qu'elle vient d'arriver et de se poster entre la source du tir et moi. Toujours à terre, je la regarde reporter son attention devant elle et dresser une barrière protectrice entre le danger et nous ; barrière qui s'élargit pour former un début de dôme qui continue de se déployer. Le maintenant grâce à sa main gauche, elle lance de l'autre une boule d'énergie enflammée qui fuse vers les restes d'arbres brûlés et la silhouette du vampire devant de cacher parmi eux.

Lorsque la boule d'énergie entre en contact avec le bois, celle-ci explose créant une énorme déflagration qui, si je n'y étais pas déjà, m'aurait jetée à terre.

La scène me laisse pantoise, si bien que j'en ai oublié le second poignard qui m'a fait chuter. C'est en voyant ma mère courir vers la voiture et moi que je reprends mes esprits.

Dans un élan de lucidité, j'arrache le poignard du tronc, ma force étant, elle, bien présente. Je me relève et rejoins ma mère en hâte en direction de la voiture. Alors que nous y arrivons, avant même d'ouvrir les portières, elle s'arrête, prend mon visage entre ses mains et me demande :

— Tu vas bien ?

— Oui, c'est bon.

— Tu en es sûre ? Tu n'es pas blessée ?

— Oui, certaine. Maman il faut qu'on file, vite !

Nous montons en voiture et, sans penser à prendre le temps de mettre notre ceinture, filons en direction du châlet d'Aliana. Ma mère a les mains crispées sur le volant, et les miennes, autour de l'un des poignards qui a failli m'ôter la vie.

Une fois que nous avons mis assez de distance entre la maison et nous, ma mère passe un appel, court, plein de panique : « Maman, des vampires nous ont attaqué. Ils ont... Ils ont tenté de tuer Gwen. Tu es à la maison ? Ok, on arrive. »

Quand nous passons le porche du châlet, nous voyons tout d'abord Aliana, campée derrière la porte. Instantanément, elle pose les mains autour de la tête de ma mère, puis de la mienne. Grâce au sort qu'elle m'insuffle, sans pour autant disparaître, mon affolement se calme. Nous entraînant vers le salon, Aliana nous demande de lui raconter ce qui vient de se passer.

— Ils sont donc passés à l'attaque. Je ne pensais pas que ça serait si rapide.

Hébétée par sa réaction, je l'observe. Comment fait-elle pour ne pas céder à la panique dans une telle situation ? Son corps est paisible, elle semble imperturbable. C'est lorsque mes yeux se posent sur les siens que je réalise à quel point je me suis trompée. Ils sont tout sauf calmes. Ce n'est qu'en surface qu'elle n'a pas cédé à l'effroi.

— « Tu ne pensais pas que ça serait si rapide ? » Amma, je viens d'être victime d'une double tentative de meurtre il y a vingt minutes, dis-je en secouant le poignard toujours dans ma main dont j'avais même oublié la présence. Est-ce que j'aurais au moins le droit d'en connaître la raison ?

— Il me manque des éléments pour pouvoir te répondre entièrement. Mais je vais te donner le contexte actuel.

« Tout par de la différence qui peut se faire entre les magiques « normaux » et les Grandes Puissances. La distinction entre ceux qui font partie de cette catégorie et ceux pour qui ce n'est pas le cas est, pour certains, devenu un prétexte de haine. Cette distinction peut être violente pour ceux à qui elle ne bénéficie pas.