— Mon Dieu, tu m'as fait peur. T'es réveillé depuis le début ?
— C'était quand le début ?
— Oublie.
— Tu n'as pas répondu à ma question. Tu me trouves vraiment beau ? demande-t-il en se rapprochant son visage du mien, comme pour me le montrer.
— Qu... heu...
— Quoi ? Tu es nerveuse ?
— Oui.
— Oui ?
— Oui, je te trouve beau.
Un sourire se dessine franchement sur ses lèvres et mes yeux se posent sur elles.
— Tu rougis. Pourquoi ?
— Ah... Parce que...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. À peine je la commence que les lèvres de Nicolaï, justement, m'empêchent de la continuer. Ses lèvres sont douces, agréables et je ferme les yeux lorsque je sens sa langue se glisser dans ma bouche. Sa main se pose contre contre mon cou, relevant un peu mon menton et m'incitant à accentuer ce baiser. Passant ma main dans ses cheveux, c'est ce que je fais. Sa main glisse sur ma taille... Nous nous séparons à bout de souffle, arrêtant avant d'aller plus loin.
— J'en ai marre de ce flirt, Gwen. J'ai envie qu'on se mette vraiment ensemble.
— J'allais te dire la même chose. Tu m'as prise de court. Au fait, pourquoi étais-tu endormi sur mon lit ?
— Ah, ça... Je suis venu attendre que tu te réveilles pour t'annoncer moi même la nouvelle mais j'ai dû m'endormir à un moment donné.
— Quelle nouvelle ?
— Sindy. Elle s'est réveillée.
— Quoi ?! C'est pas vrai ! Oh mon Dieu. J'ai réussi. Comment elle va ?
— Elle est K.O. mais elle est vivante et apparemment en bonne santé. Quand je suis venu, elle n'avait pas encore essayé de marcher. Attends, Gwen ! Toi non plus tu ne devrais pas y aller aussi vite...
Dès que Nicolaï prononce les mots « vivante » et « bonne santé », je me lève. Sauf que, moi aussi, je suis encore épuisée. Mes jambes ne peuvent pas me porter et c'est Nicolaï qui doit me rattraper avant que je ne m'écroule par terre. Au même moment, la porte s'ouvre sur la chevelure brune d'une Sindy un peu chancelante.
— Hé, fais attention à toi ! s'exclame Nicolaï. Toi aussi tu as dépensé toute ton énergie. Tu as vraiment trop forcé cette fois. Tu tiens debout ?
— Aide moi à m'asseoir, je me suis levée trop vite et j'ai juste perdu mon équilibre. La vache, je pensais que j'avais au moins un peu récupéré.
— Gwen...
C'est à ce moment-là que nous remarquons Sindy, qui observait la scène.
— Oh, tu es debout. Tu vas bien ?
— Je vais vous laisser parler, déclare Nicolaï en se levant et sortant discrètement, après m'avoir caressé les cheveux.
— Pour être franche, j'ai mal partout et je ne vais pas vraiment bien. Mais je relativise en me disant que je suis en vie, dit-elle en s'asseyant en face de moi.
— Je suis vraiment désolée, Sindy.
— Quand je me suis réveillée, je t'en voulais vraiment, tu sais. Mais après, Estheban m'a raconté ce qu'il s'est passé et à quel point tu t'en voulais. Honnêtement, à ce moment-là je me disais « bien fait pour elle ».
— Tu n'es pas obligée tu sais...
— Mais après il m'a dit tout ce que tu avais fait pour retrouver tes pouvoirs et comment tu m'as guérie. Après cela j'ai réfléchi et je me suis rappelée que je l'avais carrément cherché. Je suis venue dès que j'ai compris ça puis quand j'ai ouvert la porte, je t'ai vu tomber d'épuisement, plus d'un jour après m'avoir guérie. Donc ce que je voulais te dire, c'est que tu n'as pas à t'en vouloir. Je ne sais pas ce que j'essayais de faire en te provoquant, mais ce qui est sûr, c'est que c'était bête, puéril et que ça n'a absolument pas marché. Ou peut-être que si justement. Ça a dû trop bien marcher. Alors désolée pour tout ça et merci de m'avoir sauvée.
— Merci. Je pensais vraiment que tu allais me mettre une gifle, en vérité. Je suis heureuse que tu ne l'aies pas fait et que tu le prennes comme ça.
— Pfff. C'est drôle que ce soit après que tu aies failli me tuer que je commence à t'apprécier. J'espère qu'un jour on pourra être amies.
— On verra avec le temps, je suppose.
***
— Tu veux aller manger ?
Après que Sindy soit partie, Nicolaï est revenu dans la chambre et nous avons longuement discuté.
— Allons-y, je me lève en prenant la main de mon copain.
— Je sens que je vais bien aimer ce tournant, s'enthousiasme-t-il en entrelaçant nos doigts.
***
— Et aujourd'hui ? Qu'est-ce que vous allez me faire faire ?
Le lendemain, le temps au-dessus des falaises est couvert et le vent souffle fort, nous obligeant presque à crier pour nous faire entendre de nos compagnons.
— Tu sais maîtriser le feu, l'eau, la terre. Il te reste donc...
— L'air. Et si on a le temps, la météo. Avec ça tu auras les bases.
— D'accord.
— « D'accord » ? Tu ne vas pas râler ?
— Vous n'allez pas mettre ma vie en jeu ? Ou la vitre ? Alors ça devrait aller. Vous savez, je pense que je commence à prendre le pli.
— Tu apprends vite, jeune fille ! Bon, fais moi une mini tornade. Je veux voir l'air tournoyer.
Les courants contraires se collisionnent, ce qui rend leur manipulation difficile. Il n'y a pas à dire, Emin et Estheban ont l'art de choisir les pires (ou les meilleurs) jours pour me soumettre à des exercices. La dernière fois, les vagues se déchaînaient lorsque j'avais dû repêcher Emin in-extremis. Ouvrant mes ailes et entrant en Perception en une fraction de seconde, je remarque que ces deux actions me sont devenues complètement naturelles et instinctives. Les bras tendus, je tente de visualiser les différents courants se percutant et un frisson me parcourt lorsque je m'imagine malmenée par les vents.
— Le vent se calme, fait remarquer Estheban.
En effet, en tentant de les retenir et de les apaiser dans la zone que je visualise, les courants sont de moins en moins violents, plus homogènes. Y insufflant une volonté de le faire tournoyer, l'air commence à prendre la forme d'un tourbillon tournant de plus en plus vite. L'air semble se matérialiser, prenant la forme d'une petite tornade. La vitesse de l'air qui tourne en remontant le long de la mini-tornade le fait s'échauffer, créant de petits crépitements lorsqu'il se frotte à l'air froid à l'extérieur de la bulle.
— Bien, ça me va comme ça, fait Estheban avant que des éclairs ne se forment. Maintenant, tu pourrais éclaircir le ciel ?
— Comment ?
— De la façon que tu veux. Ce temps me rend salement morose, je n'y suis pas habitué.
Dans la voiture, sur le retour, je me rends compte qu'au fil de mes entraînements, je suis de moins en moins fatiguée. Changer la météo est facile lorsqu'on en a compris le fonctionnement et en seulement un quart d'heure, ne trouvant plus rien à faire et voulant nous reposer durant la fin de l'après-midi, nous quittons les falaises pour nous enfoncer dans les terres et retourner au château.
Seulement, plus nous nous en approchons, plus le ciel est anormalement noir, comme si de la magie maléfique oeuvrait. Du moins, c'est l'idée que je m'en fais. Pressentant que quelque chose ne va pas, nous accélérons peu à peu. C'est en tournant au coin du chemin qui mène à notre destination que tout se révèle.
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Le Dernier Ange
ParanormalFût un temps de guerres et de massacres qui mirent les mondes à feu et à sang. Fût un être absolu qui ramena la paix et la stabilité entre lesdits mondes. Furent ces mondes qui, à sa mort, se déchirèrent à nouveau, entrant dans une ère de Révolte...