Chapitre 4

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Joël a été adorable avec moi, avant que je parte il a pensé à me donner une part de cake pour ne pas mourir de faim en chemin, d'après ses dires. Je l'ai accepté avec plaisir en voyant le sourire qui se dessinait sur son visage en me les proposant. Je l'ai enfourné dans ma bouche comme si je n'avais pas mangé depuis des lustres, ce qui a amusé Joël.

En sortant des cuisines, j'ai pris le temps de trouver une petite pièce isolée et vide pour aiguiser le coupe-papier et m'assurer de ne pas être sans défense. J'ai également aiguisé les couteaux volés, même s'ils n'en avaient pas besoin, ils étaient déjà aussi tranchants que possible. J'ai pu prendre le temps de les observer, ils mesurent tous les deux à peu près 15 centimètres, ils sont légers et facilement maniables. Ce ne sont pas mes couteaux de combat qui mesurent 30 centimètres chacun et qui sont à doubles tranchants, mais ils feront l'affaire.

En sortant de la pièce dans laquelle je m'étais cachée, mon objectif est clair dans mon esprit. Je dois trouver toutes les sorties possibles de cet étage afin de peaufiner un plan d'évasion. Agir dans la précipitation n'est pas une option. Je dois d'abord faire du repérage et quitter ce château en pleine nuit me parait plus judicieux. Il y aura moins de monde et donc moins de personnes à réduire au silence. Et avant de fuir, je dois retrouver mon attirail. Je tiens à chacune de mes armes. Ma ceinture, mon harnais et mes couteaux m'ont été offerts par mes parents et Lua. Mon épée et mon arc sont des cadeaux de Léandre. Ma dague à rouelle n'est peut-être pas un cadeau d'Éros, mais elle me fait irrépressiblement penser à lui. Et mon couteau à cran de sureté me fait penser à Anatole, ce garde un peu maladroit qui est devenu un ami à force de le côtoyer. Je pense que retrouver tout ça sera la partie la plus compliquée de mon plan. Soit, je les retrouve et les récupère par la force, mais je ne pourrais le faire qu'avant mon départ, soit j'arrive à convaincre mon ravisseur de me rendre mes armes, ce qui me parait compromis.

En parlant de mon ravisseur, j'entends la voix d'Ayden au loin, je n'arrive pas vraiment à distinguer ce qu'il dit, alors je me rapproche doucement et aperçois une porte à double battant dont l'un est entrouvert. La voix vient de cette pièce. Je me rapproche et arrive enfin à distinguer ce qu'il dit :

— ... sait pas où elle est. Ça fait une heure que je cherche.

— Tu es un idiot. Tu aurais dû fermer sa porte tout simplement.

C'est une voix féminine qui vient de parler, elle est grave, elle est catégorique et tranchante comme la lame de mes nouveaux couteaux.

— Non ! Je lui ai dit qu'elle n'était pas prisonnière et qu'elle pouvait se promener dans le château.

Donc il parle de moi. Il n'a pas l'air de penser que je suis prisonnière, mais la voix féminine pense le contraire et je suis plutôt de son avis. Au niveau stratégie le fameux Ayden a fait n'importe quoi, on ne laisse pas sortir un prisonnier comme bon lui semble pour qu'il puisse évaluer le terrain et favoriser sa fuite. Mais je ne plains pas, cette erreur est en ma faveur. La femme reprend :

— À cette heure-ci elle peut être en pleine forêt à courir cheveux au vent, à retourner en Nostraria à toute vitesse.

— Ça risque d'être compliqué, des gardes sont postés à chaque sortie.

MERDE. Ça, c'est embêtant pour moi. Il continue :

— Et je te rappelle qu'elle avait l'air de partir du palais au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.

— Tsss. Pourquoi la petite princesse voudrait quitter son palais ? C'est ridicule.

C'est la deuxième fois qu'on m'appelle princesse, chose que je ne suis pas. Je ne comprends pas ce qui les pousse à penser de la sorte.

Le Joyau de Nostraria, Tome 2 : Le secret de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant