Chapitre 25 - Eros

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Dès la réception du message de la reine des Faes nous nous sommes mis en route. Je ne voulais pas me présenter dans ce royaume avec l'équipe de bras cassés qui me suit depuis déjà plusieurs semaines c'est pourquoi nous avons avancé le plus rapidement possible. Au lieu de mettre une semaine, nous sommes rentrés au palais en 5 jours.

Dès notre arrivée, j'ai demandé à Léandre de changer l'équipe mis à part Gaspard. Même s'il m'insupporte et qu'il a le nez aussi gros d'une patate, je dois avouer qu'il sait se battre et utiliser ses aptitudes... ce sont des qualités utiles. J'ordonne à Orso de rester sur place pour gérer les nouvelles recrues et donner les ordres de guerre.

J'entre dans le palais, je sais que je dois aller voir mon père et pourtant j'y vais à reculons. Il va encore me reprocher la perte de Hestia, qu'il n'appelle jamais par son prénom, ce qui m'exaspère. Je toque à son bureau en espérant qu'il n'y soit pas. J'entends sa voix bougonne me dire d'entrer. Il a l'air surpris de me voir. Cette émotion ne dure pas plus d'une demi-seconde.

— Tu es rentré. Avec le joyau ?

— Je suis rentré, mais sans elle.

Sa face se décompose et il me dit d'une voix sévère :

— Tu me déçois.

Je n'en doute pas, je le déçois constamment. Je ferme la porte derrière moi sachant pertinemment comment ça se passe quand il est déçu. Je m'avance pour lui faire mon rapport avant qu'il ne décide de la sentence, pourtant il place une main devant lui pour me stopper.

— Ne prends pas le temps de t'asseoir. Enlève ta chemise, qu'on en finisse.

Je serre les poings, contracte la mâchoire. Je le déteste du plus profond de mon être. Je donne le change par fierté. Je repense à la fois ou Hestia était prête à lui trancher la tête, j'aurais dû la laisser faire. Pourtant je ne le l'ai pas fait. Pourquoi ? Il n'est pas difficile de répondre à cette question, je ne me sens pas prêt à prendre sa relève. Autrement, je pense que je l'aurais déjà tué de mes mains. Je devrais me rebeller, l'empêcher de me torturer, je suis plus fort que lui. Mais pour en arriver où ? Est-ce que le peuple me pardonnerait d'avoir tué mon propre père ? Ils me craignent déjà. Je ne peux pas monter sur le trône par la force. Pas de cette manière. La nuit je revois le visage de mon bourreau, j'en fais des cauchemars, je suis impuissant face à lui et je déteste cette sensation.

Je commence à déboutonner ma chemise, la pose sur le même canapé qu'à chaque fois et me mets dos à lui. Il sort le fouet de son bureau. Je l'entends se placer derrière moi, j'essaie de penser à autre chose. Je serre mes poings sur le rembourrage du canapé avant même que le fouet n'ait touché ma peau.



Je panse mes blessures dans la même salle d'eau que d'habitude. C'est l'endroit où j'ai dit pour la première fois à Hestia que je me battrais pour elle aussi longtemps que nécessaire. Je commence à comprendre les raisons qui l'ont fait fuir, pourtant quelque chose m'échappe. Pourquoi a-t-elle rejoint le camp de l'ennemi ? Pourquoi soutenir Ignace ? Que lui a-t-il offert de plus que nous ? Je suppose que je n'aurais ces réponses que si je la revois.

J'ai pris le temps de me changer, je suis dans ma chambre et observe les lieux. Ça fait plusieurs semaines que je ne suis pas revenu. Je m'apprête à sortir rejoindre Léandre pour évaluer ma nouvelle équipe quand quelqu'un toque à ma porte. Je vais ouvrir. Anna-Livia se tient sur le pas de la porte dans une petite robe bleue patineuse qui la met en valeur. Ses cheveux sont lâchés et elle les rabat d'un côté quand elle me voit. Elle entre comme si elle était dans sa chambre et non dans la mienne.

Le Joyau de Nostraria, Tome 2 : Le secret de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant