Le Joyau de Nostraria, Tome 2 : Le secret de l'autre monde

Chapitre 8 - Éros

Cette cabane me semble beaucoup trop remplie pour le peu de place qu'il y a. Des étagères recouvrent tous les murs et elles sont bourrées d'objets magiques, dont certains mystiques. Je me tiens debout, Léandre à mes côtés et tous deux nous touchons presque le plafond en attendant la femme qui doit nous recevoir. Mon regard est braqué sur la porte du fond. Cette attente m'exaspère, j'ai envie d'en finir rapidement. Jusqu'à aujourd'hui, personne n'a su me donner de réponse exacte sur le lieu où peut se trouver Hestia. J'ai lancé toutes mes troupes disponibles à sa recherche, mais personne ne l'a trouvé. Soit elle est plus que douée pour se cacher, soit elle n'est plus en terres nostrariennes. J'ai bien envisagé qu'elle ait fui en direction du peuple Faes, mais me pointer là-bas en exigeant de la voir risquerait de déclencher un incident diplomatique.

Ça fait maintenant une semaine qu'elle a disparu, mais j'ai l'impression que ça fait des mois. Son absence me pèse. Je veux la retrouver pour lui expliquer qu'elle peut rentrer sans crainte et que je lui octroierai tout ce qu'elle désire. Je suis prêt à défier mon père pour qu'elle vive comme bon lui semble même si c'est loin du palais, même si elle ne veut plus me voir, je veux uniquement la savoir en sécurité. Et j'y veillerai.

Je commence à m'agiter à force d'attendre et de dévisager cette porte. Léandre le remarque et me dit :

- C'est bon, Éros, elle va arriver.

- Non, ce n'est pas bon. Je veux des réponses et je n'ai eu affaire qu'à des imbéciles jusqu'à présent.

En effet, j'ai déjà consulté plusieurs Oracles afin de savoir où était Hestia, mais aucun n'a su m'aider, je m'en remets alors à cette femme. Elle a été dure à dénicher, nous avons dû faire plusieurs jours de marche en direction du sud pour la trouver et sa cabane se trouvait enfoncée dans la forêt. Et malgré toutes ses péripéties, elle se permet de me faire attendre. Je ressens une envie de massacrer cette bicoque. Je n'ai même pas eu l'occasion de me défouler le soir ou Hestia a disparu. Nous avons appris que des soldats édryens étaient sur notre territoire, mais une fois arrivé sur place il n'y avait personne, pas même une trace de lutte. J'ai d'abord douté du garde qui avait repéré le signal, mais il m'a confirmé qu'il avait vu plusieurs personnes se déplacer et qu'ils portaient des armes Edryènnes. Il n'aurait jamais osé me mentir, il se faisait déjà dessus à l'idée que je lui adresse la parole. Mon père l'a fait parler grâce à ces aptitudes pour être sur. Après cette entrevue, il m'a donné comme ordre de retrouver Hestia. Je n'attendais pas son ordre pour être sûr que c'est ce que je ferais, puis il s'en est totalement désintéressé. Depuis il organise des fêtes tous les soirs et se fiche totalement de l'endroit où je peux être et de ce que je peux faire de mes journées. Son manque d'intérêt me donne envie de l'étriper.

Après une attente qui m'a paru être une éternité, la poignée de la porte s'abaisse enfin et une femme menue entre. Elle est brune avec des cheveux longs qui tombent dans son dos. Sa tenue se compose d'une robe violette fendue des deux côtés et qui remonte jusqu'en haut de ses cuisses, le décolleté est plongeant. C'est une tenue assez suggestive. Elle porte autant de bagues qu'elle a de doigts et de nombreux colliers se succèdent autour de son cou dont certains terminent dans son décolleté. Son apparence ne me fait ni chaud ni froid même si je reconnais qu'elle est très belle. Elle s'adresse à nous :

- Messieurs ! Bienvenue dans mon humble demeure.

Elle effectue une révérence basse qui nous donne une vue plongeante sur son décolleté à Léandre et moi. Elle poursuit :

- Votre Altesse.

Je ne prends pas le temps de lui répondre. Ma mâchoire est encore trop contractée. C'est Léandre qui prend la parole :

- Votre maison est magnifique.

Balivernes ! Cette bicoque est atroce et me donne envie de me pendre. Heureusement que Léandre est présent pour être courtois, car j'en suis littéralement incapable. Elle reprend la parole en souriant et regardant mon compagnon :