J'eus beaucoup de mal à dormir cette nuit-là. Des pensées se succédaient et se battaient dans mon esprit pour analyser les paroles d'Ayden et toutes les zones d'ombres que j'avais en ce qui concerne l'Edryae. Je me rappelle les dires d'Eryk. Ils revendiquent nos terres comme les leurs. Et pour cause d'après ce que j'ai compris Ignace est l'ainé, il était donc destiné au trône. Pourtant c'est Horos qui est devenu roi. Son pouvoir a surpassé celui de son frère. Avant la mort du roi Nicolas, les terres nostrariennes ont été divisées et une partie a été confiée à Ignace pour qu'il règne comme bon lui semble. Mais son besoin de reconnaissance et de pouvoir l'a rendu perfide. Plus je repense à cette histoire, plus j'ai l'impression qu'il me manque des éléments. Des questions se bousculent. Pourquoi autant de personnes soutiennent Ignace alors qu'on me l'a dépeint qu'avec des défauts ? Pourquoi son peuple souhaite-t-il tant avoir une reine ? craignent-ils leur roi ou veulent-ils le voir heureux et avoir enfin un couple royal ? Pourquoi certaines femmes comme celles que j'ai vues dans la cuisine voudraient qu'Ignace s'intéresse à elles ?
Une autre question me turlupine. Je suis censée être prisonnière, mais leur roi serait prêt à me rendre mes armes après une discussion. Ça n'a aucun sens. J'aimerais savoir pourquoi. Mais plus que tout j'aimerais comprendre ce qui m'échappe dans cette situation. Je repense à Ayden, je me demande quel rôle il joue. Il m'a uniquement donné son nom, mais dans le salon j'ai remarqué que les deux autres personnes présentes s'en remettaient à lui. De plus, dans la forêt le soir de mon enlèvement, les hommes se sont écartés quand il l'a demandé et ils m'ont dit que l'attendre... Quel était le titre qu'ils m'ont donné ? Je ne sais plus, mais ils avaient l'air de respecter ses ordres.
Au bout d'un moment, je n'en peux plus de toutes ses interrogations qui ne mènent à rien. Je rejette mes couvertures et me lève. Je suis vêtue d'une tenue de nuit que j'ai trouvée dans l'armoire de cette chambre. Je me dirige rapidement vers la fenêtre et l'ouvre en grand pour respirer l'air frais de la nuit. Ça me détend légèrement, mais ce n'est pas suffisant. Je veux que mes pieds s'enfoncent dans l'herbe, dans la mousse qui jonche le sol de ces bois. Je veux être en bas. Ressentir la nature, écouter les bruits de la forêt la nuit. Je ne tiens plus, je me suis déjà tellement retenue quand j'étais au palais de Nostraria et je dois à nouveau réprimer ce besoin. Ça devient intolérable. Mon escapade en forêt dans l'optique de fuir a été trop courte et trop mouvementée pour que je profite pleinement de ces sensations qui me manquent.
Sans plus réfléchir à ce que je fais, je me tourne vers ma porte de chambre et me précipite vers elle. J'observe le couloir qui est noir et silencieux. Pas une seule personne n'est en vue. Je me dirige vers les escaliers en me mêlant aux ombres du château. J'arrive enfin dans la cage d'escalier. Les marches en pierre sont gelées sous mes pieds nus, mais je me délecte de ces sensations. J'arrive finalement devant la porte du rez-de-chaussée, je m'arrête. J'essaie d'évaluer la présence de quelqu'un ou non. Je n'entends rien donc j'ouvre cette porte doucement. Le couloir est tout aussi désert qu'à l'étage, j'en suis ravie.
Mon plan n'était pas de repérer le château de nuit ce soir, mais plutôt après quelques jours sans avoir fait de vague. Pourtant je sais que si j'arrive à atteindre l'extérieur du bâtiment, je risque de prendre mes jambes à mon cou sans me retourner en laissant mes armes qui sont également des souvenirs de ma vie. Je me maudis de ne pas avoir pensé à m'habiller ou à prendre au moins une paire de chaussures. J'envisage l'idée de remonter dans ma chambre pour me changer, mais j'étouffe à l'idée de rester une seconde de plus cloîtrée dans cet endroit.
Pendant mon exploration des lieux, je n'ai vu aucune porte de sortie, mais je suis passée devant un bon nombre de fenêtres donc au lieu de me mettre en tête de trouver une vraie sortie je décide de retrouver les énormes vitres par lesquelles j'ai observé la forêt plus tôt dans la journée. Je retrouve mon chemin assez rapidement. Je contemple les bois à travers le verre une minute. Puis mon regard dévie vers le chambranle, je cherche la poignée. Dès que je l'ai en main, je la tourne et tire de toutes mes forces.
VOUS LISEZ
Le Joyau de Nostraria, Tome 2 : Le secret de l'autre monde
FantasyAttention, ceci est le tome 2 du Joyau de Nostraria. Hestia, ayant fui le palais de Nostraria, se retrouve confrontée à des soldats Edryens. Entre méfiance et désir de liberté, elle doit décider en qui placer sa confiance. Pendant ce temps, Éros po...