Chapitre 17

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À notre retour, je me suis directement dirigée vers ma chambre, je me suis libérée de mes armes en les posant sur la table et depuis je contemple le plafond. Je suis allongée dans mon lit encore vêtu de la même tenue. Je n'arrive pas à trouver la motivation de me lever. J'aimerais savoir ce que pense Éros de la situation. Est-ce qu'il m'en veut ?

Évidemment qu'il m'en veut. C'est une question idiote... Et je ne peux pas l'en blâmer. Comment aurais-je réagi si la situation était inversée ? Je pense que j'aurais essayé de lui faire entendre raison, je serais allée le chercher... Va-t-il venir me chercher ? Pourquoi n'a-t-il pas essayé de me retenir quand je suis partie ? Aurais-je voulu qu'il me retienne ? Peut-être qu'une partie de moi le désirait à bien y réfléchir. Je n'arrive pas vraiment à comprendre notre relation pourtant dès que je le vois je ressens le besoin irrépressible d'être à côté de lui, d'être avec lui.

Je repense à ses lèvres qui m'ont obnubilée pendant l'entrevue entre lui et Ignace. D'ailleurs, je ne sais toujours pas ce qui a été dit. Je connais juste la réaction du prince. PARDON ? Vous voulez faire quoi ? Il faut que je sache de quoi ils parlaient et pourquoi Éros a mis tellement de véhémence dans sa réponse. Je le revois hurler : C'EST HORS DE QUESTION. Est-ce qu'il parlait de la révélation d'Ignace ou du fait que je reste encore en Edryae un peu plus longtemps. La seule façon de l'apprendre serait de poser la question à Ignace ou Ayden, mais je suis trop lasse ce soir.

Ayden, son image s'impose à moi. Ses cheveux bruns, ses yeux gris qui me sondent. J'avais vraiment l'impression qu'il essayait de me dire quelque chose tout à l'heure. Il a été adorable avec moi. Il a pris le temps de m'attendre aussi longtemps que nécessaire et il m'a dit qu'il serait toujours présent pour moi. Ces paroles font écho à une promesse qu'Éros m'a faite quand j'étais encore au palais. Celle de ne pas me laisser tomber. Est-ce qu'il le pense encore ?

Je continue de réfléchir à tout ce qui s'est passé aujourd'hui et à me poser des questions sur Éros, Ayden, Ignace et toutes les personnes que je connais.



Après des heures à ne rien faire mon corps m'en veut et je me rends compte que je dois bouger, c'est pourquoi je me décide à me laver et changer de tenue. Le soleil s'est déjà couché, mais je n'ai pas envie de dormir donc j'enfile un pantalon confortable et un tee-shirt avant de partir me promener dans le château. J'hésite d'abord à aller dans la bibliothèque, mais je ne me sens pas d'humeur rêveuse et encore moins d'humeur à lire. Je décide de me laisser porter dans les couloirs et de voir où ça me mène. Je descends au rez-de-chaussée. En passant devant le salon, je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil, il n'y a personne. Je continue mon chemin dans le couloir. J'arrive finalement dans l'immense entrée, j'observe la porte et l'escalier qui se trouve juste en face. Je ne l'ai jamais emprunté, j'utilise toujours mon petit escalier de service qui n'est pas fait pour les invités normalement, mais pour les domestiques. Celui-ci est immense, le début mène sur des fenêtres puis il se sépare en deux pour remonter dans l'autre sens. Il est recouvert d'un tapis bleu roi qui le rend grandiose. Je prends la rampe en main et grimpe lentement. Arrivée face à la fenêtre, je vois la forêt à l'arrière du château. Je monte jusqu'au premier. Les couloirs sont comme les autres, je décide de prendre à droite. Je détaille les tableaux accrochés au mur. Une vase remplie de fleurs. Un homme en armure. Un champ de bataille... Celui-ci retient mon attention. Je l'observe en me demandant quelle bataille il représente et si c'est un tableau de cette guerre. Je ne m'attarde pas trop et reprends mon voyage dans le château.

J'arrive finalement devant une porte qui attire mon regard. Le bois n'est pas le même que pour les autres, il est plus foncé. Il n'y a pas un bruit et pas de lumière qui filtre. Je l'entrouvre doucement. La lumière de la pleine lune éclaire la pièce, donc je ne prends pas la peine d'allumer. La lumière blanche donne un aspect irréel à l'endroit, ce qui me plait. J'observe les meubles. Il y a un petit salon simple, quelques tables et un bar en bois qui longe le mur de droite. Des tabourets hauts sont flanqués le long du bar et le mur derrière et remplit de diverses bouteilles. Je m'approche doucement du meuble et passe derrière le bar. Mes doigts se promènent sur les bouteilles, je lis les noms sans les retenir. En embrassant la pièce du regard de ma place, je la trouve étrangement agréable. Mon regard est attiré par un éclat en dessous du bar. Il y a de nombreuses bouteilles de vin. J'en sors une de vin rouge au hasard. Je ne sais pas si j'ai l'autorisation de m'en servir, mais j'en ressens pourtant l'envie. Comme pour répondre à mes interrogations muettes, je tombe nez à nez avec un tire-bouchon. Je m'applique à ouvrir la bouteille, le bouchon saute et le pop me paraît bien trop fort dans le silence du château. En cherchant du regard, je tombe sur les verres à vin, en prends un et verse le liquide bordeaux. J'inspire et me délecte des arômes. Je prends finalement une gorgée et les saveurs m'explosent en bouche. C'est un vin fruité, mais également boisé et assez complexe. Je laisse l'alcool tourner autour de ma langue et je ferme les yeux avant d'avaler. Je m'assois sur un des tabourets et déguste mon verre de vin avec pour seule compagnie les rayons de la lune.

Le Joyau de Nostraria, Tome 2 : Le secret de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant