Chapitre 43

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Le chemin menant à l'entrée est escarpé et difficilement praticable. Le soleil est haut dans le ciel et frappe mon dos ce qui n'aide pas vraiment l'ascension. J'ai chaud et je commence à m'essouffler, pourtant je poursuis en tête de peloton.

Nous arrivons finalement face à une immense porte incrustée à même la roche, elle fait 6 fois ma taille, mais paraît encore minuscule par rapport à la montagne qui la surplombe. Mais dans quoi me suis-je embarquée? C'est une porte en bois massif faite de décoration en fer forgé qui représente 2 dragons. Un sur chaque battant, ils se regardent et ouvrent la gueule, prêts à cracher du feu. Eryk se permet un commentaire sarcastique.

— Eh bien, on peut dire que c'est assez sobre.

Je regarde la porte sans comprendre comment l'ouvrir, je pense que même en poussant de toutes mes forces le battant ne bougerait pas d'un millimètre.

— Bon je suppose qu'on va devoir la pousser pour l'ouvrir... dit Léandre

Il s'avance, passe devant moi et appuie sur la porte, imité par le reste du groupe sauf Wôeneques qui se place à côté de moi et le lance :

— Je ne pense pas que ça fonctionne comme ça.

— Moi non plus...

Je lui réponds d'une voix lointaine alors que j'observe le chambranle en pierre recouvert de lierre. Je me dirige vers la droite de la porte suivie par Wôeneques. J'écarte le lierre et effleure la pierre, je ressens une décharge électrique non douloureuse dans le doigt. Surprise, je retire vivement ma main. Je tire un peu plus sur le lierre pour dégager la roche en face de moi. Je remarque des signes gravés à même la pierre. Je fonce les sourcils, ça forme des mots incompréhensibles. J'entends l'elfe dans mon dos expirer bruyamment.

— Oooh !

Je me retourne vers lui et lui demande :

— Tu comprends ce que ça veut dire ?

— Oui c'est du Quenya. c'est ma langue.

Il me montre chaque mot un par un et les dit dans sa langue.

Erya min melehtë eldarin lertasë latya fenna.

— Ce qui veut dire ?

— Ça veut dire que seul un pouvoir elfique pourra ouvrir la porte.

— Ok, mais comment ?

— Je ne sais pas, ce n'est pas dit.

Je me retourne vers la paroi, j'arrache encore du lierre autour de la légende, encore et encore. Mais aucun autre texte ne se dévoile à nous. Le reste du groupe s'est fatigué et parle devant la porte en cherchant comment l'ouvrir, mais en vain puisque ce ne sont pas des elfes. Je regarde Wôeneques et lui dis :

— Je pense que tu es le seul à pouvoir l'ouvrir.

Il me dévisage et m'indique mon bras tatoué.

— Oh non, pas du tout. Je te l'assure.

J'observe mon tatouage sans vraiment comprendre ce qu'il veut dire, il continue :

— Tu portes un tatouage fae. Ces symboles représentent des sigils. Tu en as de tout type, pouvoir, dragon, élément et bien d'autres.

— C'est bien beau de savoir ça, mais comment utiliser ce pouvoir pour ouvrir la porte ?

— La magie fae se ressent donc tu dois ressentir la vie de cette porte et lui demander de t'ouvrir le passage.

Je hausse un sourcil dubitatif face a son explication.

— Mais pourquoi tu ne le fais pas ? Tu es un elfe à ce que je sache.

— C'est ton voyage. Je ne veux pas risquer de mettre en colère les esprits de cette montagne, je t'accompagne, c'est déjà beaucoup.

Je souffle et m'avance de la porte. Mes amis me regardent en haussant les épaules pour m'indiquer qu'ils n'ont rien pu faire. Je ne sais pas comment m'y prendre, je n'ai jamais utilisé cette magie, mais je pose la main sur le battant de porte. J'essaie de ressentir, comme me l'a dit Wôeneques. Je rencontre d'abord le néant jusqu'à ce que je ferme les yeux et que je perçoive une minuscule lueur de vie. Je m'y raccroche et essaie de me rapprocher. Elle devient de plus en plus forte, je l'accueille et d'un seul coup j'ai l'impression d'être immergé dans un océan de lumière. J'inspire et expire brusquement, je n'entends plus rien à part des battements sourds et lents. Le son est imposant comme la porte et je me rends compte que c'est elle. Je l'imagine s'ouvrir et un grincement atroce emplit mes oreilles. Je rouvre les yeux et je vois que mon tatouage luit d'une vive lueur bleue. Je suis hypnotisée par les arrondis dont la lumière diminue au fil du temps. Quand je relève la tête les deux battants de portes s'ouvrent lentement et nous dévoilent entièrement le passage. Je me tourne vers le groupe et ils me dévisagent tous. Wôeneques hoche lentement la tête et Éros a la bouche légèrement entrouverte, je crois percevoir de l'admiration dans son regard.




L'entrée est tout aussi immense que la porte. Des marches mènent jusque dans les tréfonds de la montagne et j'aperçois des centaines de valoas, ces petits globes de lumière, éclairer les parois. Je repense aux dires de Wôeneques. Je ne veux pas risquer de mettre en colère les esprits de cette montagne. Est-ce qu'en pénétrant dans la montagne je risque de déranger les esprits ? J'hésite à faire un pas, je reste bloquée sur le pas de la porte. Je suis encore en train d'hésiter quand je vois un corps passer à ma gauche. Ma respiration se bloque inconsciemment, mais il ne lui arrive rien.

— Vous pensez que ça descend jusqu'où ? lâche innocemment Gaspard.

Il se tient déjà au bord des marches et observe les valoas qui volent doucement. Je me tourne vers l'elfe qui lève les mains en l'air et avance à la suite de Gaspard. En passant à côté de moi, il dit :

— Je veux bien qu'il ouvre la marche à chaque fois, je suis trop précieux pour qu'il m'arrive quelque chose.

Je n'ai pas le temps de lui demander pourquoi, qu'il se tient déjà à côté de Gaspard. Mélya répond au garde beaucoup trop confiant.

— Allons-y et on l'apprendra. À toi l'honneur Gaspard.

Toujours aussi inconscient du danger, il descend la première marche et fait apparaître un petit feu dans sa main droite pour éclairer un peu plus les marches. Je crains qu'il ne se brûle encore, mais ça a l'air d'aller pour le moment. Plusieurs personnes du groupe l'imitent et le suivent dans la descente. J'observe Wôeneques qui ne fait pas apparaître de feu, mais une petite boule lumineuse qui a l'air uniquement composée de lumière. Ayden se place à ma gauche et me chuchote :

— Est-ce que la dauphine d'Edryae est prête ?

Je tourne le regard vers lui et inspire profondément. Cette appellation me fait assez bizarre, mais je hoche quand même la tête. En regardant à nouveau les marches, je remarque qu'Éros dévisage Ayden avec une moue de dégoût. Quand il sent l'attention que je lui porte, il tourne ses yeux bleus glaciers sur moi. Je hausse un sourcil et il lance un bref regard dégoûté à Ayden avant de me faire un clin d'œil. Je pars à la suite du groupe, suivi de près par Ayden. 

Le Joyau de Nostraria, Tome 2 : Le secret de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant