Chapitre 41

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Le ciel commence à s'assombrir, je sens qu'il va pleuvoir. Ce changement de météo est en corrélation avec mon humeur. Je ne ressens pas le besoin d'être protégée et encore moins qu'une personne ne décide de donner sa vie pour sauver la mienne. Je sais me débrouiller seule, mais ce n'était pas le moment de polémiquer avec l'un ou l'autre sachant que cette conversation n'était déjà pas assez discrète à mon goût.

Je rejoins Éros en fin de file. Je ne sais pas de quoi il veut parler, mais je suis consciente que nous avons besoin de discuter sans que ça se termine par des tensions. Et pourtant rien qu'à le regarder je sais que mes convictions peuvent s'émietter face à son regard et pire face à son sourire. C'est pourquoi je me place à côté de lui et regarde droit devant moi. Je lui dis la première chose qui me passe par la tête :

Wôeneques m'a appris que tu avais parlé avec lui.

— En effet.

— Pourquoi ?

— Je pense qu'il a plus de valeur qu'il essaie de nous le faire croire. Je pense que c'est un noble de la cour unseelie.

J'observe ce dernier en penchant la tête sur le côté. Sa démarche paraît assurée, il est calme, même trop pour un prisonnier qu'on emmène dans un lieu qu'il qualifie de « montagnes des damnés ».

— Ce n'est pas de lui dont je veux discuter à vrai dire...

— Il pense que tu te fiches de mon opinion et que tu souhaites me forcer à rentrer en Nostraria.

— Et tu fais confiance à un prisonnier ?

— Je ne lui fais pas confiance, mais c'est un fae, ils ne peuvent pas vraiment mentir.

L'orage craque au loin et le ciel s'assombrit un peu plus. Il commence à faire presque aussi sombre qu'en pleine nuit.

— Tu penses vraiment que je pourrais faire quelque chose à l'encontre de ton souhait ?

Il m'attrape le bras et me tourne vers lui. Étrangement, son geste est plus doux que je ne l'aurais imaginé vu son ton. Le groupe ralentit à cause du temps. L'orage craque de plus en plus fort et se rapproche rapidement. Ayden arrive à côté de nous et dit :

— Il serait peut-être préférable de s'arrêter et de se mettre à l'abri le temps que...

— Tu ne vois pas qu'on parle ?

Éros vient de dire cette phrase d'un ton plus froid que le plus rude des hivers.Il lâche un regard rempli de haine à Ayden. Ce dernier lui répond :

— Si tu savais à quel point je me fiche de ce que fait un prince imbu de sa personne.

— Mais tu es qui ? À part le chien d'un roi déjà.

— Venant d'un homme qui ne sait pas tenir tête à son père, ça ne me fait ni chaud ni froid.

— Ton pays n'a même pas d'avenir. Aucun héritier. À la mort d'Ignace, il nous reviendra de droit de sang.

Ma respiration se bloque à cette phrase. Je sens un poids s'abattre sur ma poitrine, je ne suis clairement pas prête à en parler à Éros. Des chiens aboient au loin. Ayden continue la joute :

— Oh ne t'en fais pas pour l'Edryae, nous avons un héritier.

Éros hausse les sourcils et sourit en disant :

— Qui donc ? Toi peut-être ? Tu n'en as pas la carrure.

Cette fois, Ayden rigole franchement face au prince de Nostraria.

— Ce n'est pas moi, mais tu le sauras bien assez tôt et tu risques de regretter toutes les paroles que tu as pu proliférer.

— J'en doute fortement.

Le Joyau de Nostraria, Tome 2 : Le secret de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant