Le Joyau de Nostraria, Tome 2 : Le secret de l'autre monde

Chapitre 26

Le reste du repas fut assez silencieux et la reine nous a congédiés poliment en nous disant que ses fils me donneraient les informations supplémentaires le lendemain concernant la recherche de l'artefact.

La nuit m'a paru interminable, je n'ai pas réussi à m'endormir avant une heure tardive. Je suis restée constamment sur mes gardes et lorsque j'arrivais à m'endormir mes rêves n'étaient que des cauchemars remplit de dragons, de chasseurs à l'aspect de mort qui chevauchaient inlassablement et de faes au sourire figé me disant que j'avais failli à mon destin.

Je me réveille totalement désorientée, mais reconnais après un temps de latence la chambre du palais. Je lève les yeux au ciel et m'assois sur le lit. Je regarde le rideau et l'imagine s'ouvrir, le picotement familier de mes aptitudes se réveille le long de ma colonne vertébrale et les rideaux s'ouvrent en grande poussée par un coup de vent. Je souris quand le soleil vient lécher mon visage. Je me lève et passe par la salle d'eau.

Une fois vêtue d'un pantalon à pince fuchsia trouvé dans mon armoire et d'un tee-shirt crème, je place mon ceinturon auquel j'accroche mon épée et mes trois poignards. Je ne mets pas ma tenue de combat parce que je sais que ce n'est pas aujourd'hui que je partirais à la recherche de l'artefact. J'ai beaucoup d'informations à récolter avant ce voyage et je dois m'y préparer quelque peu. Ayden m'a déjà dit qu'il était évident qu'il m'accompagnait et je lui en suis reconnaissante. Je décide d'aller me promener un peu avant d'être briefé par Heikas et Isaac. J'attrape une pomme et la fourre dans ma bouche en écrivant un mot pour Ayden. Je le préviens que je sors et qu'il ne doit aucunement s'inquiéter. Je ne veux pas qu'il m'accompagne. J'ai besoin de me retrouver un peu seule.

J'essaie de me repérer dans le palais et cherche une sortie. C'est assez laborieux parce que le palais est immense et parce que tous les couloirs se ressemblent. Ils sont tous végétalisés et des ruisseaux traversent la plupart des couloirs du palais. À un moment, je me retrouve face à une grande porte qui me dit quelque chose, je la tire et je tombe sur le sentier qui mène au village fae en contrebas. J'en suis ravie. Je sors du palais et emprunte ce sentier.

Arrivé en bas, je suis encore une fois époustouflée par la beauté de ce village. Les habitations dans les arbres me font rêver, j'ai envie de grimper en haut et d'emprunter un de ces ponts suspendus. Je remarque que les créatures féériques me regardent en coin. Je n'avais pas pensé que mon absence d'oreilles pointues se remarquerait, c'est pourtant le cas. Un troll me lance un regard sévère tandis qu'une dryade me regarde avec intérêt. Sa robe est en fleurs et sa peau verte me fait penser à de l'herbe, ses cheveux ressemblent à des racines à la base. Je passe à côté du bassin dans lequel des ondines se baignaient la dernière fois que je suis venue. Cette fois encore, quelques ondines s'y trouvent. Elles m'observent en laissant uniquement sortir leurs yeux de l'eau. Je m'enfonce dans le village et me retrouve cerné par les habitations, je les regarde avec émerveillement. J'entends une voix me héler, je ne réagis pas tout de suite, mais je sens rapidement une main me retourner. Je me retrouve face à trois elfes de grandes tailles, ils sont beaux, mais leurs sourires ne sont pas amicaux du tout. Celui qui m'a retourné s'adresse à moi :

— Tu t'es perdue ? Aurais-tu suivi une biche blanche jusqu'ici ?

Je connais les légendes, les faes attireraient des humains chez eux grâce à des animaux magnifiques et les garderaient prisonniers jusqu'à ce qu'il se lasse de leur présence. Je dégage mon bras.

— Non, je ne suis pas perdue... Je les regarde tous de haut en bas avant de rajouter sèchement. Mais merci de votre complaisance...

Ils insistent :

— Tu as dû faire un long voyage jusqu'ici, tu ne voudrais pas venir manger quelque chose.

— Je n'ai pas faim.