Chapitre 14

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Alex est censé être mon « garde du corps ». Toutes mes armes sont posées sur la petite table en face de moi. Pour faire croire que je suis prisonnière, mes armes ne me sont pas autorisées à part le couteau que je cache au niveau de ma cheville en dessous de mon pantalon. De toute façon, je me sens incapable de me battre contre l'un des deux camps donc mes armes ne me seraient d'aucune utilité. Une appréhension me serre le cœur alors que les minutes s'égrènent. Alex est placé dans un des deux fauteuils qui meublent cette pièce de transition. Ses coudes sont posés sur ses genoux et les deux index sont posés sur l'arête de son nez. Il a l'air stressé, tandis que je suis affreusement stressée de mon côté. Je longe la pièce. Alex me regarde faire et annonce :

— Arrête de t'agiter, s'il te plait.

Je m'exécute beaucoup trop sous pression pour me disputer avec lui. Je vais m'asseoir à côté de lui.

— Tu devrais tout de suite me mettre les menottes, ils peuvent nous appeler d'une seconde à l'autre.

Étrangement je remarque sa réticence à faire ce que je lui demande. Il grimace en regardant les menottes posées à côté de mes armes.

— Je n'ai pas vraiment envie de faire ça.

— Allez, ne fais pas ta chochotte, on doit donner le change.

Il attrape les menottes et les place à l'avant de mon corps. Le métal est froid, je déteste cette sensation. Elles ne me font pas mal, Alex ne serre pas du tout. Je pourrais les retirer en tirant si je le voulais. Je me rends compte que je vais induire en erreur le seul homme pour qui j'ai ressenti et pour qui je ressens toujours de l'amour. Ce constat me peine énormément.

J'entends Ignace demander à ce qu'on me fasse entrer. Alex relève la tête en direction de la porte puis me dévisage :

— Tu es prête à jouer la comédie.

Il essaie de sourire, mais une pointe de tristesse s'ajoute à son visage.

— Je le suis si tu l'es.

Il hoche la tête, se compose une mine sévère, sort son couteau et le place sous ma gorge.



La pièce est plus lumineuse que l'antichambre dans laquelle nous nous trouvions, je suis éblouie une seconde. Je sens Alex me pousser donc j'avance. Il me dirige derrière Ayden et nous restons debout. Ma vision s'habitue peu à peu et je commence à reconnaître les visages. Mon regard commence à parcourir la pièce, je regarde en face de moi et mes yeux tombent sur ceux de Léandre. Il est cerné et il a l'air d'être paniqué. Je ne pensais pas le voir aujourd'hui et savoir que je vais devoir lui mentir aussi me fend un peu plus le cœur. Je regarde la personne qui se trouve à côté de mon frère. Et je LE vois. Encore plus beau que dans mes souvenirs. Je ne peux m'empêcher de prononcer son nom en le voyant :

— Éros !

Alex resserre sa prise sur mon cou et me dit :

— Ça suffit !

Je continue de détailler Éros. Il vient de remarquer le poignard sur ma gorge, sa mâchoire se contracte, son regard se fait bouillant. Il demande à Ignace :

— Le poignard est nécessaire ?

C'est Ayden qui répond :

— Nous prenons les mesures que nous jugeons nécessaires, en effet.

Alex renchérit en me disant à l'oreille :

— Tu vois, petite princesse, on inverse les rôles.

Il ne m'a pas appelé comme ça depuis qu'Ayden l'a corrigé, je sais que c'est pour donner le change et je fais comme si je me renfrognais. Je lui donne un coup dans le flan avec mon coude, il expulse l'air qu'il avait dans les poumons. Ignace intervient :

Le Joyau de Nostraria, Tome 2 : Le secret de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant