Hell Whisperer

Chapitre 3

Nash

Parfois, la seule chose vraiment nécessaire à notre bonheur est juste insaisissable. Nous avons beau chercher un but, une échappatoire, rien ne vient contrebalancer la douleur, le vide laissé dans notre cœur.

J'ai compris depuis longtemps qu'il n'existe aucun remède à la noirceur de mon âme. J'ai appris à faire avec.

La vie n'est qu'une succession de buts à atteindre. Un enchaînement de décisions à prendre qui, quoi qu'il advienne, nous mènera jusqu'à cet état de fait qui nous balaie de l'existence aussi facilement qu'un coup de vent se débarrasse d'une poussière : la mort.

Les glaçons tintent dans mon verre, m'hypnotisent. Ce soir, nous avons frôlé le pire. Ce qui devait être une banale transaction sans prise de tête s'est transformée en échauffourée. Et le pire dans tout ça ? C'est qu'on n'a rien vu venir.

Je vide mon whisky cul sec. Le prospect s'empresse déjà pour le remplir. Ma main s'interpose entre lui et le verre.

— Je passe à la bière Baby Boy.

Le blondinet acquiesce et m'envoie une mousse sans poser de questions. Je l'aime bien ce petit. Du haut de ses dix-huit ans, Dean a déjà vu et enduré bien plus que ce que le commun des mortels aurait été prêt à supporter. Pourtant il est là, brisé certes, mais prêt à tout pour s'en sortir.

Le tabouret de bar à ma droite grince. Pas besoin de tourner la tête pour savoir qui vient de poser son cul à côté de moi. Seul Hawks ose m'approcher quand je tire ma tête des mauvais jours.

— Ça aurait pu être pire. Hadès est rentré bredouille ce soir.

Je grogne et fixe mon regard sur la petite goutte de condensation glissant sur ma chope. Mon sang bouillonne encore dans mes veines, l'adrénaline refusant de refluer comme si mon corps sentait que la soirée n'était pas finie.

Mon meilleur pote n'ajoute rien. Il se contente d'être là. Hawks et moi avons grandi et gagné nos galons au sein du club ensemble. Il me connaît mieux que personne et vice versa. Il sait que cette soirée tourne en boucle dans ma tête, cherchant la faille dans notre plan, la raison de cette débandade. Parfois, pour y voir plus clair, je lui pose des questions qui n'attendent aucune réponse. C'est ma façon de prendre du recul, de mettre les choses en perspective.

— Les RIP n'auraient jamais dû se trouver dans ce bar sans que nos sources nous aient prévenus, Hawks. On a foiré quelque part.

Mon pote boit quelques gorgées avant de hausser les épaules.

— Ce problème-là va être vite réglé. Des têtes vont tomber. Y a plus grave, mec.

Il a raison. Nous n'aurions pas frôlé la mort si mon paternel n'avait pas perdu totalement son sang-froid. Dès l'instant où son regard s'est posé sur le blason des RIP, tout est parti en couille. Sans même prendre le temps de nous avertir de ce qu'il comptait faire, mon président de père a sorti son arme et tiré dans le tas. Si je passe sur le nombre de civils présents dans le bar, je ne peux pas ignorer que nous étions en sous-effectif et pas du tout préparés pour faire face à ces fils de putes. Heureusement, ce soir-là Hawks et Mac m'accompagnaient. Après avoir combattu ensemble dans des zones de guerre toutes sauf hospitalières, nous sommes rodés et pouvons sans mal prévoir les attaques des uns et des autres. Notre force a pallié notre faiblesse ce soir. Il n'en reste pas moins que mon père me cache des choses. Je pourrais laisser courir, mais en tant que vice-président des Hells, j'ai besoin d'être tenu au courant de tout ce qui pourrait mettre à mal notre sécurité.

— Il faut qu'on sache ce que les RIP sont venus faire aussi proche de nos frontières.

— Y a clairement une histoire entre ton vieux et ce connard de Beast.