Chapitre 41

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Éléa

Je me réveille dans le noir absolu, sans aucune idée de l'endroit où je me trouve. Avec le recul, provoquer mon oncle en essayant d'échapper à sa poigne de fer n'était pas franchement l'idée du siècle.

Il ne lui a pas fallu plus de deux minutes pour me rattraper et me plaquer au sol. Mon visage, mes paumes et mes genoux porteront pour quelques jours encore les stigmates de ma rencontre avec le gravillon de l'allée principale.

J'inspire profondément et le regrette aussitôt. Cet enfoiré a dû me casser une côte ou deux en m'atterrissant dessus. Mes doigts se portent d'eux-mêmes à ma gorge douloureuse et il me faut une bonne minute supplémentaire pour me souvenir de ses doigts enserrant mon cou avec assez de force pour me faire suffoquer. C'est comme ça que j'ai perdu connaissance.

Je déplie doucement mes jambes elles aussi douloureuses et tente de m'assoir. Le sol est froid et rugueux sous la pulpe de ma main. À tâtons, j'essaie de trouver quelque chose d'utile qui pourrait éventuellement me servir d'arme plus tard. Malheureusement, après avoir parcouru à quatre pattes l'intégralité de la petite pièce, je ne trouve rien et mes genoux se sont remis à saigner. Mes cheveux, désormais tout emmêlés retombent librement sur mes épaules. Pas besoin d'un miroir pour me rendre compte que je ne ressemble plus à rien.

Le déclic d'une serrure qui s'ouvre me fait sursauter et par pur instinct de survie, je recule dans le coin opposé de la pièce. Une fois dos au mur, j'attends. Tous mes sens sont en éveil. Je suis mentalement prête à me battre. Jusqu'à la mort s'il le faut.

L'ampoule du plafonnier s'allume et m'éblouit un court instant. Je m'oblige à cligner rapidement des paupières et prie pour que mes prunelles douloureuses arrivent rapidement à faire le point sur ce qui les entoure.

— Tu es bien installée, ma chérie ?

La voix de Molly me donne envie de lui enfoncer mes pouces dans les globes oculaires. Une réponse sarcastique au bord des lèvres, je plonge mon regard haineux dans le sien, mais reste silencieuse.

Ma génitrice claque plusieurs fois sa langue contre son palais avant de reprendre d'un ton doucereux :

— Tu n'aurais pas du essayer de nous fausser compagnie, ma grande. Stan n'est pas du genre très patient.

Toujours sans un mot, je me contente de hausser les épaules et elle me sourit.

— Si tu ne veux pas souffrir inutilement, il va bien falloir que cette jolie langue se délie.

Les yeux fermés, je décide de l'ignorer. Elle poursuit comme si de rien était.

— Beast cherche son fils depuis quelques années maintenant. Pour ma part, je le pensais mort depuis longtemps. Tu n'imagines donc pas quelle a été ma surprise quand en cherchant Maria, je suis tombée sur une photo de lui avec la veste des Hells sur le dos. Combien y avait-il de chance pour que mes deux cibles se retrouvent au même endroit au même instant ? Une sur un millier ? Alors pour qu'ils fassent partie du même club... le mien... c'était hautement improbable et pourtant... À croire que parfois le destin fait bien les choses.

Un bâillement plus tard de ma part, elle émet un petit rire de gorge et poursuit.

— Baron a toujours été un homme faible. Il était tellement obnubilé par son besoin d'être au centre de l'attention qu'il n'a jamais vu clair dans mon jeu. Il m'a été si facile d'éloigner son fils de nous... Si simple de nous isoler du reste des Hells... S'il n'y avait pas eu Vince, j'aurais pu aisément être à la tête de ce club sans que personne ne s'en rende compte. Mais le vieux bougre a réussi à éduquer son petit fils bien mieux que son propre enfant.

Hell WhispererOù les histoires vivent. Découvrez maintenant