Hell Whisperer

Chapitre 7

Mac

Je ne crois pas avoir ressenti une telle colère de toute ma vie. Une peur assourdissante l'attise un peu plus à chaque seconde quand j'imagine Wi' seule chez l'ennemi.

Je lui en veux à elle pour ne m'avoir pas fait suffisamment confiance pour me mettre dans la confidence, mais davantage encore à Éléa pour avoir gardé son secret. Quant à Racer... Il mérite une bonne branlée s'il pense acceptable de laisser une de ses plus proches amies risquer sa vie toute seule.

Inspire.

Expire.

Je descends de ma Harley pour rejoindre mes frères dans le bureau de Nash. Mon calme apparent me rend plus menaçant que jamais. Quand je suis dans cet état mieux vaut ne pas croiser mon chemin et à voir les prospects éviter mon regard, ils l'ont compris.

J'entre dans la pièce sans frapper et me retiens difficilement de claquer la porte dans mon dos. Mon corps fourmille d'électricité, prêt à se battre. Pour éviter d'en coller une direct en pleine gueule de Racer, je sors une clope et la coince entre mes lèvres pincées. Je l'allume et prends une grande bouffée sous le regard désapprobateur d'Éléa.

Nash se racle la gorge prêt à parler, mais d'une main, je l'arrête. Je dois pouvoir vider mon sac si je ne veux pas exploser. Pointant un doigt en direction de Racer, je retire la cigarette de ma bouche et lui dis froidement.

— T'en as pas marre de passer ta vie à merder ? S'il lui arrive quoi que ce soit... Je me fous bien de qui est ta soeur, ton père ou même ton nouveau meilleur pote, tu seras le premier à subir ma vengeance.

Goldie s'interpose entre nous, ce qui me fait froncer les sourcils. Détournant le regard de son frère, je me focalise sur elle.

— Je nous croyais amis... Je vous croyais amie, putain !

— Nous le sommes.

Nos regards s'affrontent dans un duel haletant. Le remords contenu dans le sien ne suffit pas à adoucir la colère qui habite le mien.

— Pourquoi ? Pourquoi tu l'as laissée partir ?

Éléa se laisse tomber sur les genoux de son homme et soupire.

— Si ça avait été mon frère, personne n'aurait pu me retenir, même pas Nash.

Mon meilleur pote se crispe à ces mots avant de resserrer son étreinte autour de la taille de sa femme. Je le regarde droit dans les yeux et lui demande :

— Et tu l'aurais laissée faire ?

— Non. J'aurais tout fait pour la retrouver et régler le problème à sa place.

— Alors tu comprends pourquoi il me faut des réponses.

Il acquiesce et fait descendre Goldie de ses genoux avant de l'obliger à lui faire face. Il caresse sa joue du bout des doigts et lui dit :

— Pourquoi n'as-tu rien dit ?

Éléa s'éloigne de lui les yeux à son tour pleins de rage.

— Putain ! Mais vous croyez que ça a été facile pour moi de garder son secret ? De ne pas partir avec elle pour m'assurer par moi même qu'elle resterait en sécurité ? De ne rien dire à Nash alors que sa décision me bouffe de l'intérieure ! Et bien non !

Elle se met à crier, comme libérée d'une frustration trop longtemps contenue.

— J'ai fait une promesse, bande de trous du cul ! Je lui ai juré de ne rien dire jusqu'à ce que vous me posiez une question directe !

Puis elle pointe un doigt rageur sur moi.

— Et si tu n'avais pas été trop occupé avec Bonnie hier soir, tu me l'aurais posée bien plus tôt !

La culpabilité me laisse sans voix. Elle a raison. Si je ne m'étais pas bourré la gueule hier, si j'avais maitrisé ma jalousie, je me serais rendu compte de son départ plusieurs heures plus tôt.

Nash passe une main dans son dos pour la calmer, mais elle le repousse d'un regard noir. Le prés n'en tient pas compte. Il embrasse sa tempe et lui chuchote quelques mots à l'oreille qui finissent par la calmer suffisamment pour qu'elle arrête de crier. Une main sur son front, l'autre sur son ventre, elle ferme les yeux le temps de prendre une profonde inspiration et braque son regard sur moi.

— Tu l'aimes ?

Ma première réaction est de l'envoyer chier. De lui dire que ça ne la regarde pas. Mais voilà, c'est Éléa face à moi et sans son aide, jamais je ne parviendrais à retrouver Wi'.

— Depuis bien plus longtemps que tu ne le crois.

Hawks, silencieux jusque là, s'avance et claque une main sur mon épaule.

— Il la protègera, El'. Tu peux lui faire confiance.

Elle soupire tout en échangeant un regard entendu avec son frère. Racer, le visage toujours fermé, acquiesce doucement à l'une de ses questions silencieuses et ma First Lady se tourne vers moi.

— Il y a autre chose que tu devrais savoir avant de la retrouver.

Les muscles déjà tendus à l'extrême, je me demande qu'est-ce qu'ils peuvent bien encore me cacher et je dois bien avouer être à mille et une lieues de la confidence. Éléa lance un nouveau regard d'excuse à Nash avant de lâcher sa bombe.

— Wi' n'est pas celle que vous pensez. Son véritable nom, c'est Maria Alvarez. Son père et le nôtre faisaient des affaires ensemble. C'est comme ça qu'on s'est connus Racer, sa soeur Sophia, elle et moi.

La révélation me sonne quelques longues secondes. Suffisamment pour que Hawks demande à ma place :

— C'est la fille d'Alvarez ? Une des jumelles ? Mais elle n'est pas censée être morte dans un accident de voiture ?

Racer se racle la gorge avant de répondre :

— Elle a simulé sa mort quand son père a voulu la marier de force à un de ses alliés. Maria était assez douée pour effacer toute trace de son existence passée, mais elle avait besoin d'un endroit où se cacher. Je l'ai amené chez Vince et vous connaissez la suite.

La femme que j'aime ne s'appelle pas Élisa, mais Maria. Elle est l'une des putains d'héritières des Sons of silence. Je n'ose même pas imaginer ce que son paternel lui ferait subir s'il apprenait sa survie. Pas étonnant qu'elle soit toujours sur ses gardes... Mais si elle pense pouvoir me protéger des dangers qui la suivent, elle se fourre le doigt dans l'oeil. Ma voix est froide et mesurée quand je demande une dernière fois :

— Où est-elle ?

Éléa fait quelques pas vers moi en fouillant la poche arrière de son jean. Elle glisse ensuite un papier dans le creux de ma main et reprend :

— Je ne peux pas te dire où elle est exactement, mais je peux te filer son numéro de prépayé. Elle me l'a filé au cas où le club ait besoin d'elle.

Je devrais probablement la remercier, mais je ne le fais pas. À la place, je sors mon portable de la poche intérieure de mon cut et compose la suite de chiffres griffonnée à la va-vite sur un morceau de papier à moitié déchiré.

La sonnerie est assourdissante dans mon oreille. Elle trouve écho contre les battements désordonnés de mon coeur meurtri. Une fois, deux fois et à la troisième fois enfin, elle répond.

— Éléa ?