Chapitre 6

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Nash

La communication a peine coupée, le téléphone de mon bureau vole à travers la pièce et va se fracasser contre le mur opposé.

— Putain de Mexicains !

Ces connards ont flairé les emmerdes et en ont profité pour me baiser... Non seulement ils ne prennent plus nos armes, mais en plus ils vont copiner avec les Italiens le temps que, je cite : nous réglions nos problèmes de hiérarchie.

Quel bordel...

Les yeux brûlants de fatigue, la tête en vrac, je maudis une fois de plus mon père et son incapacité à gérer ses problèmes sans qu'ils rejaillissent sur le club.

Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé pendant que j'étais déployé, mais à mon retour il n'était plus que l'ombre de l'homme que j'avais laissé. Qu'importe maintenant ? Je dois seulement limiter la casse avant que les mecs décident de lui retirer son patch. Il n'est pas prêt pour ça et, pour être tout à fait honnête, j'ai un autre problème bien plus urgent que mon paternel à gérer.

L'épaule appuyée contre le montant de la fenêtre de mon bureau, j'ébouriffe les mèches de mes cheveux hirsutes et observe la petite nouvelle courir dans la cour du club. Il est à peine 7 heures et elle galope déjà depuis plus d'une heure autour des bâtiments. Avec son joli petit cul moulé dans un pantalon de sport bien trop près du corps pour mon bien et une brassière qui recouvre à peine sa poitrine parfaite, elle a tout du fantasme sur patte. Je m'imagine sans mal la plaquer contre un mur de mon bureau, sa queue de cheval enroulée autour de mon poing et ses longues jambes autour de mes hanches... Ouais... Ça n'arrivera pas et je suis dans une belle merde.

La porte de mon bureau s'ouvre et mon grand-père entre sans y avoir été invité. Le battant claque derrière lui alors qu'il se rapproche de moi et jette un œil au spectacle extérieur. Comme s'il avait pu entendre toutes les pensées impures que m'inspire sa protégée, il grogne et me balance une claque derrière la tête.

— Pas touche. Je couperai moi-même les couilles du premier qui posera un doigt sur elle.

Comme si sa menace pouvait me tenir à distance et la protéger de moi... Les yeux toujours fixés sur la jolie blonde, je ricane.

— Ouais, c'est ça. Tu peux toujours essayer.

Je laisse mon grand-père ruminer une bonne minute avant d'ajouter un ton plus bas :

— Crois-le ou non, elle ne m'intéresse pas. Cette fille sent les emmerdes à plein nez et j'ai assez de conneries à gérer sans avoir besoin de ça.

— Ah ouais ?

Je détourne enfin le regard pour faire face à mon aïeul.

— Ouais.

Il sourit, de ce rictus qui me donne toujours l'impression qu'il est le gardien d'un secret que lui seul est en mesure de comprendre... Putain de vieux sage de mes deux...

— Bien. Alors tu m'expliques ton petit numéro d'hier soir, fiston ? Je doute pas que Queenie était ravie, mais ça te ressemble pas.

Je lève les yeux au ciel ce qui semble amuser un peu plus ce vieux machin trop curieux.

J'ai passé une bonne partie de la nuit à essayer d'analyser la situation, à essayer de comprendre comment j'en étais arrivé là... Mais la seule chose dont je me souviens vraiment, c'est de m'être senti dépassé par tout un tas d'émotions contradictoires et d'avoir voulu reprendre le dessus coûte que coûte.

Je ne voulais plus sentir son parfum flotter autour de moi, la sensation de son corps chaud contre le mien, la fermeté de ses cuisses enserrant les miennes, de son cul contre ma bite, de ma main contre son ventre ferme... Elle devait sortir de ma tête et, sur le moment, boire ces shots à même le nombril d'une brebis m'a paru une bonne idée. Sauf qu'en obligeant la petite nouvelle à voir quel genre d'enfoiré se cache en moi, j'ai créé un précédent.

Hell WhispererOù les histoires vivent. Découvrez maintenant