Chapitre 8

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Maria

Face au miroir au-dessus du lavabo jauni d'un motel pourri, je scrute avec attention mon reflet.

Mes cheveux désormais coupés en un carré court sont d'une jolie couleur violette. Mes nouvelles lentilles colorent mes yeux bruns en un vert presque naturel. Quant à mon maquillage, beaucoup plus prononcé qu'habituellement, il gomme non sans mal les traits de mon visage et brouille efficacement les frontières. Dans une minie jupe en jean et un haut blanc suffisamment court pour laisser entrevoir mon nombril, je doute que quiconque fasse le rapprochement entre Sophia et moi.

Je détourne le regard de mon reflet et tombe sur mon portable toujours éteint. Je me demande s'ils sont déjà au courant de mon escapade. Non. Si je suis honnête, c'est la réaction de Mac qui m'intéresse vraiment. Sera-t-il en colère contre moi ? Blasé qu'une fois de plus je ne lui aie pas fait confiance ? Soulagé que je ne sois plus dans les parages ? À cette dernière pensée, mon coeur se serre. Il est très certainement celui qui va le plus me manquer.

Mon second téléphone, le prépayé, sonne sur le lit à la couverture jaune miteuse et le stress me submerge. Il n'y a qu'une personne à avoir ce numéro et si elle l'utilise c'est que rien ne va plus chez les Hells.

Le coeur battant à tout rompre, je décroche :

— Éléa ?

— Loupé, bébé.

Je déglutis difficilement quand je reconnais la voix de Mac. Incapable de dire quoi que ce soit, je laisse un étrange silence malaisant s'installer entre nous. C'est lui qui le rompt en premier.

— Tu vas bien ?

J'acquiesce avant de me souvenir qu'il ne me voit pas.

— Oui.

Il inspire profondément et je l'imagine sans mal fermer les yeux de soulagement. Pourtant la colère n'est pas loin. Je la sens vibrer dans l'air aussi vivante que mon désir pour cet homme.

— Où es-tu ?

Je ne réponds pas et le volcan entre en éruption. Des bruits d'objets brisés me parviennent ainsi que des voix à peine étouffées par la distance. Ses amis tentent de le calmer et c'est finalement un timbre plus féminin, sûrement Éléa qui y parvient. Peu importe, sa voix est dangereusement calme quand il reprend enfin.

— Soit tu me réponds, soit je brûle tout sur mon chemin jusqu'à ce que je te retrouve et quoiqu'il arrive, je te retrouverai, tu peux en être certaine.

Mac en est capable. Il n'est pas du genre à faire des promesses en l'air. Mais...

— Je ne rentrerai pas sans ma soeur.

— Je ne te le demande pas.

— Alors quoi ? Tu débarques...

Il me coupe la parole.

— Je débarque et on fait ça ensemble ! Comme ça aurait dû l'être depuis le début !

Je déglutis difficilement et me laisse tomber sur le lit quelque peu abattue.

— Je ne veux pas mêler le club à mes histoires, Mac. Surtout avec la menace qui plane sur El'.

Mac grogne avant de foutre tout le monde à la porte. Puis il reprend.

— C'est moi, Wi'. Juste moi. T'aurais dû savoir que je ne te laisserai pas affronter ça seule.

— Mais ce n'est pas ton rôle.

Il soupire.

— Nous sommes amis, pas vrai ?

Je hoche une nouvelle fois la tête avant de me reprendre :

Hell WhispererOù les histoires vivent. Découvrez maintenant