Hell Whisperer

Chapitre 30

Nash

Perdu dans mes pensées, je fais nerveusement les cent pas autour de ma bécane. Mon cerveau est en ébullition et la culpabilité menace de prendre le dessus à chaque seconde qui passe. Je dois lutter contre les ombres qui m'entourent pour ne pas craquer et passer en mode bulldozer.

— Tu veux en parler ?

La surprise de trouver mon grand-père derrière moi ne me fait même pas frémir. À vrai dire, j'attendais qu'il se montre depuis vingt bonnes minutes. Il ne pouvait pas en être autrement après les derniers évènements.

— De quoi au juste ? De mon père ? De Sloane ? De Shadow ? La liste de tout ce qui déconne est aussi longue que mon bras. Va falloir que tu sois plus précis.

La contrariété et les doutes font vibrer ma voix d'une manière qui ne me plaît pas du tout. Putain ! Je suis tellement à côté de mes pompes en ce moment... Je sens le regard de mon grand-père vissé sur moi et je n'arrive même pas à l'affronter du regard. J'ai trop honte... Mais lorsque sa main se pose sur mon épaule pour m'obliger à m'arrêter et à lui faire face, je n'ai pas d'autre choix que de m'exécuter.

— Tout ce qui arrive n'est pas de ta faute, Milann.

Ce sont là les derniers mots que j'aurais aimés lui entendre dire. Ma mâchoire est tellement crispée que ma mandibule en devient douloureuse. La confiance dans son regard se mêle à une tristesse qui m'est pénible à regarder. Rassemblant le peu de bravoure dont je suis encore capable, je force les mots à sortir de ma bouche.

— C'est entièrement ma faute et tu le sais. Je ne suis simplement pas à la hauteur du poste.

Les lèvres de Vince se tordent dans une grimace qui dans d'autres circonstances aurait pu me faire sourire, mais pas aujourd'hui. Pas après toutes mes erreurs.

— Tu es trop dur avec toi-même, petit. Tu l'as toujours été.

Je recule d'un pas et laisse sa main retomber entre nous. La colère et le dégout de moi-même rendent mes paroles plus agressives que je l'aurais voulu.

— Depuis que je suis président, tout se barre en sucette. Nous nous apprêtons à entrer en guerre contre les italiens et les RIP. Mon père est mort et ce connard de Sloane prépare un truc qui ne va pas arranger les choses.

— C'est vrai. Mais qu'aurais-tu pu faire différemment ? Je n'aurais rien fait de plus et ton père non plus.

Une douleur atroce éclate dans ma poitrine. C'est un peu comme si l'on me plantait un poignard dans le coeur pour l'arracher ensuite de ma poitrine et le piétiner. Les yeux plongés dans ceux de mon grand-père je laisse le venin s'échapper de la plaie béante pour me mettre à nu.

— Tu ne comprends pas. Il était seul entre les mains de son pire ennemi. Il s'est fait torturer et a surement cru jusqu'au dernier instant que nous allions arriver pour le sauver, mais non. J'étais trop en colère contre lui pour me soucier de sa sécurité. Non en fait, j'étais trop concentré sur ce qui se passait avec Éléa pour me préoccuper de lui. Je l'ai faite passer avant lui et il est mort pendant que moi je m'envoyais en l'air avec l'insouciance d'un putain de prospect !

L'éclat de douleur dans le regard de Vince ne m'échappe pas, il ne fait qu'élargir la plaie béante et suintante dans ma poitrine. Aussi je ne comprends pas ce qui se passe quand il approche de moi et me serre violemment dans ses bras.

— Ce n'est pas de ta faute, Nash. Baron avait fait ses propres choix et ce sont eux qui l'ont conduit là où nous en sommes aujourd'hui.

— Mais...