CHAPITRE 45

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ATMOSPHÈRE: « Ghost town, Layto»  

Plusieurs mois étaient passés. Nous avions passé des semaines à élaborer un plan et à retourner la ville dans tous les sens. Désormais, je connaissais la raison de cette obsession malsaine qu'avait Enzo pour Crow. Il y a quelques années seulement, il avait découvert que sa sœur s'y trouvait. Toute sa vie, il avait eu raison. En vérité, elle n'avait jamais disparu, pas vraiment. Alaric la retenait prisonnière. Cette salle que j'avais pu apercevoir, j'avais pris la fuite, pensant devoir sauver ma vie, mais peut-être qu'elle s'y trouvait elle aussi. Peut-être que j'aurai pu la sauver des griffes acérées de mon père.

Le père d'Enzo lui avait toujours menti, en réalité elle n'était jamais morte comme il avait voulu lui faire croire. Ses filles, qu'il avait formées pour entrer à l'intérieur de l'institut. Elles n'étaient pas seulement là pour tout réduire en cendre, mais aussi pour récupérer sa sœur. Lorsque j'avais déclenché cette bombe, j'avais compromis tout son plan. Alors qu'il pensait qu'elle était morte, réduite en cendre après toutes ses années à la cherchée, l'un de ses hommes pensait l'avoir aperçue quelques jours après le drame.

Depuis ce jour-là, il la cherchait sans arrêt. M'enlever n'était qu'une distraction, une vengeance à assouvir. Il voulait me faire payer parce qu'à cause de moi, il l'avait perdue pour la seconde fois. Pourtant, après plus d'un an passé ici, j'allais l'aider à la retrouver.

Jour après jour, il changeait. Je n'avais plus l'impression de n'être rien d'autre que sa captive, mais son égal. J'en venais presque à me demander si ma réelle motivation était toujours de récupérer ma liberté ou bien de l'aider.

Je ne savais pas ce qu'était devenu l'institut depuis l'attaque qu'il avait menée. À vrai dire, il ne m'en avait jamais vraiment parlé et je n'avais jamais voulu y retourner. Mes amis étaient probablement tous morts, donc, Enzo était mon seul but dans la vie à présent.

Je n'avais pas quitté la maison, jamais. Pendant qu'il allait mener les recherches sur le terrain avec ses hommes, moi, j'élaborais les plans. Souvent, Sébastian m'aidait et je dois dire que son aide était précieuse. En tant que major d'homme, il connaissait chaque recoins, chaque issues. S'ils n'avaient pas encore tué sa sœur, elle devait être retenue au piège et dans un sale état. Autant d'années en captivité, ça change une personne ; j'en étais la preuve vivante. Qui plus est, leur sécurité devait être sans faille, sinon Enzo l'aurait déjà retrouvée depuis longtemps.

— Mademoiselle Blake me ferait-elle le plaisir de servir ?

Je relevai la tête vers Sébastian, lui adressant un sourire gêné avant de me lever pour le rejoindre. Souvent, mes pensées m'absorbaient, cette mission me tenait plus à cœur encore que ce que j'aurais pensé. Je voulais vraiment l'aider, réussir.

Avec le temps, peut-être que je m'étais rendue compte que moi aussi, pour ma famille, j'aurai pu commettre les mêmes atrocités.

Je ne lui avais pas pardonné, loin de là, disons que j'avais simplement continué de vivre avec, que je l'avais compris d'une certaine manière.

— Pardon, Sébastian, dis-je en lui prenant l'assiette.

Il se mit à rire, me tapotant le bras.

— Tu devrais te concentrer un peu plus, Lala.

Et en une seconde à peine, mon sourire s'était éteint. L'assiette dans mes mains glissa, s'écrasant au sol dans un bruit sourd, me renvoyant tout droit vers une pièce bien moins chaleureuse.

Il faisait noir, éclairer d'une simple petite veilleuse. Sébastian me tendait cette même assiette d'une main, me caressant les cheveux de l'autre. Lala, c'est comme cela qu'il m'avait appelée ce soir-là.

LA VERITÉ MENT. ( Tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant