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Devant cette scène, j'étais pétrifiée. J'avais la bouche bée, incapable de détourner les yeux de ce cauchemar éveillé. Devais-je porter mon attention sur mon père, figé par la terreur ?

Sur mon frère, le visage marqué par l'angoisse ?

Ou sur Amine, qui évitait obstinément mon regard, feignant mon absence comme une ombre invisible ?

Le cœur battant à tout rompre, je sentis Amir approcher, son arme froide collée contre mon dos. Il me poussa rudement vers mon frère, m'enfonçant davantage dans cette réalité oppressante. Chaque mouvement de son bras me transmettait une menace silencieuse, et je savais que toute tentative de fuite serait vaine.

Instinctivement, je me recroquevillai, cherchant à protéger mon ventre comme pour préserver mon bébé. Je savais qu'il fallait que je sois la plus coopérante possible, au risque de les voir me faire du mal à moi et mon bébé.

La pièce était plongée dans une pénombre inquiétante, les ombres vacillantes créant des formes sinistres sur les murs. L'air semblait lourd, chargé d'une tension presque palpable, chaque respiration était une lutte contre l'étouffement.

Le silence était assourdissant, seulement troublé par la respiration saccadée de Said.

La lumière tremblotante des bougies projetait des ombres mouvantes, donnant vie à des silhouettes menaçantes qui semblaient nous épier. Le froid métallique de l'arme d'Amir, contrastant avec la sueur glacée qui perlait sur ma peau, accentuait le sentiment de terreur qui s'insinuait en moi.

Le regard de mon père, d'habitude si rassurant, était maintenant empli de désespoir, tandis que mon frère tentait vainement de dissimuler sa panique. Chacun de nous était prisonnier d'un cauchemar éveillé, et la présence d'Amine, qui continuait à m'ignorer, ajoutait une couche supplémentaire d'angoisse à cette scène surréaliste. Le moindre mouvement, le moindre bruit semblait pouvoir déclencher une explosion de violence à tout instant.

Said - en me chuchotant Salwa, s'il te plaît, aide moi à me relever.. Je peux plus rester dans cette position, j'ai trop mal...

Je regardai mon frère, dont le visage était marqué par l'épuisement. Il était en sueur, le front luisant sous l'éclairage tremblotant, et des gémissements de douleur s'échappaient de ses lèvres serrées.

Avec une précaution désespérée, je pris son bras, celui sur lequel il s'appuyait contre le sol. Il se mordit violemment la langue, et c'est alors que je remarquai la réalité atroce : une large flaque de sang s'étendait autour de nous. Son bras était criblé de sang, une plaie béante révélant l'impact d'une balle.

Mon cœur se serra d'horreur et de dégoût. Amir avait osé tirer sur son propre petit frère ?

Said essayait désespérément de survivre à la douleur de son bras. Au vu de l'état du trou et de la manière dont il souffrait, je pouvais facilement deviner que la balle logée dans son bras étaient rouillée. Si on n'agissait pas rapidement, ça peut s'infecter très rapidement et il peut y avoir un risque de tétanos. Il pourrait perdre son bras. J'ai très vite commencé à m'inquiéter pour lui.

La pièce était envahie par une obscurité oppressante, chaque ombre semblait se tordre et se moquer de notre douleur. Le silence était ponctué par le goutte-à-goutte sinistre du sang de mon frère, chaque goutte résonnant comme un compte à rebours funeste.

L'odeur métallique du sang emplissait l'air, se mêlant à la sueur froide de la peur.

Les murs, tapissés de papier peint déchiré, semblaient se refermer sur nous, amplifiant notre désespoir. Les yeux d'Amir, sombres et indifférents, étaient comme deux abîmes dénués de toute humanité. Le regard de mon père, quant à lui, trahissait une panique contenue, une souffrance silencieuse qui rendait l'atmosphère encore plus étouffante.

Salwa - Bouteille à la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant