Adil et Said m'ont lancé un regard plein de mépris, comme si je venais de leur planter un couteau dans le dos. Je sentais leur déception palpable, mais je me suis accroché à ce demi-sourire un peu bête, un sourire qui, je l'espérais, suffirait à exprimer une forme de pardon muet.
Je savais bien que je leur avais caché un gros secret, un secret qui aurait pu changer bien des choses, mais honnêtement, de là où je me tiens, ce secret ne semblait pas aussi énorme qu'ils le croyaient.
Kenza, c'est le prototype parfait de la fille à papa, une femme sophistiquée qui a toujours su obtenir ce qu'elle voulait grâce à son charme et à son intelligence rusée.
Elle a rencontré mon père lors d'une croisière de luxe qu'il avait organisée pour nous deux, probablement pour apaiser sa conscience de père absent. J'avais trois ans à l'époque, une petite fille impressionnable qui se retrouvait soudainement dans ce monde d'adultes scintillant.
Je me souviens encore de cette croisière, des longues journées à voguer sur la mer Méditerranée, du vent salé qui jouait dans mes cheveux, et de la façon dont Kenza avait fait irruption dans notre vie.
Elle était apparue comme un ange tombé du ciel, avec ses longs cheveux bruns, ses yeux perçants et son sourire éclatant.
Dès qu'elle a posé les yeux sur mon père, elle a flairé l'opportunité. Il avait l'air riche, seul, et facile à impressionner.
De son côté, mon père, qui n'avait jamais su résister à une belle femme, a été immédiatement séduit.
Mais Kenza n'était pas seulement belle, elle était aussi extrêmement intelligente et calculatrice. Elle a vu en mon père le sugar daddy parfait, mais elle savait aussi comment tirer le meilleur parti de cette situation.
Mon père, quant à lui, y trouvait aussi son intérêt ; grâce à elle, il a accédé à des cercles sociaux et des opportunités économiques qui lui étaient jusqu'alors fermés. Leur mariage n'était pas une question d'amour, mais de transaction, chacun apportant à l'autre ce dont il avait besoin.
Lors de cette croisière, Kenza a tout fait pour se rapprocher de moi. Elle a joué la carte de la gentille marraine, m'achetant des cadeaux, me parlant avec douceur, et surtout, elle a su me charmer.
À mes yeux d'enfant, elle était la femme parfaite, avec sa grâce naturelle et son allure de star. Je me souviens que je passais des heures à l'observer, essayant d'imiter sa manière de marcher, de parler, de sourire. J'étais envoûtée, et je rêvais de devenir comme elle quand je serai grande.
Spoiler alert : c'est exactement ce qui s'est passé. Avec le temps, je suis devenue une version miniature de Kenza.
Après leur mariage, mon père a toujours gardé cette union secrète, surtout parce qu'il n'avait jamais vraiment eu l'intention de rester marié avec elle.
Il me disait souvent que c'était un arrangement temporaire, qu'il la quitterait dès qu'il en aurait l'occasion. Pourtant, cette occasion ne s'est jamais présentée, ou plutôt, il n'a jamais su y renoncer.
Quelque part, l'idée d'avoir une femme en Italie, une femme aussi belle et influente que Kenza, le fascinait. Alors, il a fait de ce mariage notre petit secret familial, m'apprenant dès mon plus jeune âge à ne rien dire, à sourire quand on me posait des questions, et à feindre l'ignorance.
Pendant les vingt années où j'ai grandi en Italie, j'ai vécu sous la tutelle rigide de Kenza. Elle m'a élevée à son image, m'inculquant ses valeurs, ou plutôt son absence de valeurs. Elle m'a appris à être calculatrice, à ne jamais montrer mes faiblesses, à toujours viser l'intérêt économique avant tout.
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Salwa - Bouteille à la mer
RomanceNEW ROMANCE | Il n'y a qu'à toi que je les compare, et je fais toujours les mêmes erreurs.