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Point de vue de Mehdi

Je venais de rentrer chez moi après avoir passé deux heures à veiller ma mère à l'hôpital. Toujours plongée dans le coma, elle restait inerte, une ombre fragile de celle qu'elle avait été. La police, impuissante, attendait toujours son réveil pour l'interroger sur les événements tragiques, tandis que moi, je m'accrochais à l'espoir de ne pas perdre le seul parent qu'il me restait.

Couché sur mon lit, je restai figé, le cœur battant à un rythme effréné. Ses mots résonnaient encore dans mon esprit, chaque syllabe marquée d'une douceur et d'une tendresse infinies. "Mehdi, je suis enceinte." Trois mots qui bouleversaient tout. Trois mots qui faisaient naître en moi une cascade d'émotions intenses.

Les souvenirs de nous me revenaient en vagues, des éclats de rire partagés, des regards complices échangés, des promesses murmurées dans l'obscurité. Salwa, avec ses yeux bleus clairs profonds comme la mer en plein jour, dans lesquels je me noyais. Chaque fois que je croisais son regard, mes yeux jetaient une bouteille à la mer. Son sourire capable d'illuminer les jours les plus sombres.

Je savais que je l'aimais encore. Je l'aime encore. Je me sentais comme un fragile parce que j'étais esclave de mes sentiments envers une fille qui avait l'air de me détester.

En vrai, je me détestais moi-même pour avoir fait ce que j'ai fais avec Lina.

L'idée de devenir père me submergeait de joie mais aussi d'une peur indicible. J'ai toujours voulu un enfant, mais peut-être parce que c'est le cycle de la vie ? Je savais que j'aimais ce bébé profondément. Il avait été fait d'un amour puissant et je savais que quand ces 9 mois passeront, tous les doutes seront effacé.

Je me levai et me dirigeai vers la fenêtre, le ciel noir brillait de toutes ces étoiles et de sa lune pleine. Ce ciel dégagé n'était absolument pas à l'image de ma soirée qui a commencé à voir des nuages apparaître dès le moment où j'ai vu la voiture d'El Patron se garer devant la maison.

J'ai froncé les sourcils et je suis descendu le plus rapidement possible pour ouvrir la porte avant que quelqu'un d'autre ne le fasse.

Moi - Qu'est-ce que tu fais là ?

El Patron - Je suis venu te voir, Mehdi

Mes sourcils se sont froncés. J'ai commencé à analyser son expression facial pour essayer de déterminer s'il était venu en ennemi ou non. C'était un petit peu dur à déterminer. Il était habillé un peu aléatoirement, sa lèvre saignait et sa joue était gonflée. Il était décoiffé et ne semblait pas être au meilleur de sa forme. Ses mains avaient l'air brûlées.

El Patron - C'est toi le père ?

J'ai immédiatement compris de quoi il parlait. J'ai ressenti un frisson de peur me parcourir tout le corps. J'ai directement pensé qu'il était là pour me détruire.

Moi - Oui

Bizarrement, son regard était toujours aussi calme mais on pouvait y voir une amertume. Il avait ce voile un peu grisâtre sur le visage qui ressemblait à de la tristesse. Je ne comprenais pas.

El Patron - Mehdi, tu devrais venir avec moi

Moi - Pourquoi ? Tu veux me tuer ?

El Patron - en mettant sa main sur mon épaule Il y a des choses que tu devrais voir par toi-même, je ne peux pas te les dire maintenant

Pour la première fois de ma vie, j'ai vu El Patron faire preuve de gentillesse. Il ne souriait pas, n'inspirait pas confiance, et ne dégageait aucune aura positive, mais son amertume, perceptible dans chaque ride de son visage, et cette main posée délicatement sur mon épaule, amicalement, montrait qu'il n'était pas en colère. Au contraire, il semblait étrangement affaibli. Cette vision inattendue me troublait plus que je ne l'aurais cru possible.

Salwa - Bouteille à la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant