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Point de vue de Lina

Le bruit de l'horloge se faisait de plus en plus assourdissant dans ma tête, chaque tic-tac résonnant comme un coup de marteau. À mes côtés, Mehdi dormait profondément, comme si rien ne pouvait troubler son sommeil.

Depuis des semaines, il parlait dans son sommell, murmures qui devenaient de plus en plus intenses. Et chaque nuit, c'était le même mot, le même prénom qui revenait sans cesse, « Salwa ». Ce nom, qui semblait s'infiltrer dans chaque recoin de mon esprit, me hantait.

Avant cette première nuit, il faut que vous compreniez l'enfer que je vivais.

Les journées étaient des successions interminables de cris, de reproches injustifiés, de colère aveugle. « LINA, POURQUOI LA TABLE EST DÉCALÉE ? » hurla-t-il, alors que c'était la femme de ménage qui l'avait bougée.
« LINA, OÙ EST MON TEE-SHIRT ?!
POURQUOI TU L'AS PRIS ?! » vociféra-t-il, alors que je l'avais simplement mis à laver. « LINA, POURQUOI T'AS PRIS MON TÉLÉPHONE ?! » accusa-t-il, alors qu'il était dans sa propre poche.

Et puis, il y avait ces mots, ceux qui me transperçaient comme des poignards :
« JE NE VEUX PAS DE BÉBÉ », « JE NE VEUX PAS ÊTRE PÈRE », « VA SAVOIR QUI EST LE PÈRE DE TON ENFANT ».

Mais la phrase qui m'a le plus détruite, celle qui m'a brisée au point que je pensais ne jamais pouvoir me relever, c'était ce jour où, à bout de force, je lui ai dit : « Mehdi, j'arrive plus à sourire, je n'en peux plus de cette vie. Je t'en supplie, redeviens le Mehdi d'avant, je vais pas tenir, je vais me suicider ». Et vous savez ce qu'il a répondu? « Fais donc ».

Alors, la première fois que c'est arrivé, il a dit « Ma fille... Je l'aime... Je veux être papa ». Un frisson m'a parcouru, mais d'une étrange manière.

Dans un accès de folie, j'ai cru qu'il parlait de notre enfant, celui que je portais en moi. Je me suis laissée emporter par l'espoir, me disant que, peut-être, il avait enfin trouvé ce sentiment paternel que j'attendais tant. Ce soir-là, j'étais tellement soulagée que lorsqu'il s'est tu pendant une minute, j'ai cru à un miracle. Un silence, aussi rare qu'une nuit sans cauchemar.

Je me suis recouchée, un sourire naissant sur mes lèvres, une lueur d'espoir dans le cœur. Je me suis dit que, peut-être, tout allait s'arranger.
Que ce cauchemar éveillé allait enfin prendre fin.

Mais une minute plus tard, il a murmuré: « Moi aussi, notre fille me manque, Salwa», « On en aura d'autres, incha'Allah, je t'aime ».

À cet instant, j'ai ouvert les yeux d'un coup, plongée dans l'obscurité de la chambre, figée. J'ai senti mon cœur se fissurer, comme si une main invisible le serrait jusqu'à ce qu'il éclate. C'était la fin de tout, le point de non-retour. Une folie sourde s'empara de moi, une folie que je ne pouvais plus contenir.

Je m'étais levée, les mains tremblantes, comme si le poids du monde pesait sur mes épaules.

Chaque mouvement me coûtait, chaque pas était un effort désespéré pour ne pas m'effondrer. Je suis allée dans le salon, errant comme une âme perdue, le cœur battant à un rythme effréné, résonnant dans mes tempes comme un tambour funèbre.

Mes pieds nus frôlaient le sol froid, et ce froid semblait remonter le long de mes jambes, s'infiltrant dans mes veines, gelant peu à peu le peu de vie qu'il me restait.

Il était 5h du matin, l'heure où le monde est plongé dans une obscurité si dense qu'elle semble absorber toute lueur d'espoir.

C'est à ce moment-là, dans ce silence écrasant, que j'ai pris la décision. Une décision qui me glaçait autant qu'elle me soulageait. Je devais tout avouer à Mehdi. Je ne suis pas enceinte.

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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Salwa - Bouteille à la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant