Point de vue de Salwa
Trois mois se sont écoulés depuis que j'ai déserté le tumulte du travail, depuis que j'ai fui le monde extérieur pour me terrer dans cette maison. Trois mois d'enfermement volontaire, alitée, traitée telle une enfant.
Mon père avait décidé qu'il fallait faire appel à un médecin/chirurgien qu'il connaissait pour me faire opérer directement à la maison, sans que personne n'apprenne que j'étais enceinte et ce qu'il s'est passé avec Amir.
Chaque matin, Fatna pénétrait ma chambre sur la pointe des pieds, comme pour ne pas troubler la quiétude fragile de l'aube. Elle portait un plateau garni de tout ce que j'aimais manger le matin, une délicate attention qui ne cessait de m'étonner. Le thé à la menthe exhalait un parfum envoûtant, les tartines de pain frais étaient nappées de confiture maison, et des fruits minutieusement découpés complétaient ce festin matinal.
Fatna, avec une tendresse mêlée d'inquiétude, me regardait, s'assurant que je me nourrissais correctement, que je reprenais des forces.
Ses yeux, pétillants d'une sollicitude silencieuse, suivaient chacun de mes gestes. Elle m'aidait à soigner la cicatrice qui marquait mon ventre, témoignage indélébile de ma récente épreuve. Ses mains, expertes et douces, apaisaient la douleur, et parvenaient presque à rendre cet instant moins pénible.
Chaque jour, elle prenait ma brosse à cheveux pour la passer délicatement dans mes cheveux. Ca me rappelait l'époque où j'étais une enfant, quand j'étais le bébé de mes parents et que je voulais me prendre pour une grande.
Fatna, dévouée à tous mes caprices, incarnait la patience et la bienveillance. Elle veillait sur moi avec une constance maternelle, et chaque geste, chaque parole était empreint de cette douceur qui faisait naître en moi un réconfort inattendu au cœur de cette épreuve.
Il y avait une nuit où elle n'était pas là, sa mère venait de mourir et avait prit un temps pour rejoindre ses proches. Elle était rentrée dans ma chambre en me demandant milles pardons.
Fatna - en caressant ma joue T'es sûre que ça va aller ?
Moi - en souriant Oui, ça fait 1 mois que ma cicatrice va bien et que je peux me lever !
Fatna - en me déposant un bisou sur la joue Ne force pas trop, d'accord ?
Elle était partie en me laissant sûre de moi. Mais dans la nuit, j'ai commencé à sentir une forte douleur sur ma cicatrice et du sang coulait. Ça arrivait des fois, ça n'était pas complètement cicatrisé.
Les risques de faire des opérations clandestines.
Je gémissais et pleurais de douleur et le plus malheureux c'est que personne ne m'entendait dans cette grande maison. Fatna dormait toujours dans ma chambre au cas où j'avais besoin de quelque chose en pleine nuit.
Par une chance inouïe, Said, dans son pyjama bleu orné d'oursons marron, passait dans le couloir, devant ma chambre au moment où je pensais rendre l'âme. Il sortait fraîchement de la douche avec ses cheveux tout mouillés.
Il est rentré en me regardant en souriant.
Said - en souriant Besoin d'aide ?
Moi - Said.. S'il te plaît donne moi le désinfectant et des compresses...
Said a ricané et s'est dirigé vers ma table basse. Il a pris les compresses et le désinfectant.
Il s'est assis à côté de moi et a soulevé ma couverture.
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Salwa - Bouteille à la mer
RomanceIl n'y a qu'à toi que je les compare, et je fais toujours les mêmes erreurs.