Face à face

Chapitre 14 : À cœur ouvert

Calliope

Le grand jour est arrivé, mais je ne sais plus si je serai en mesure d'assister le docteur Lee tout du long.

Depuis plusieurs jours, je lutte comme une forcenée pour ne pas me saouler, surtout, je lutte contre l'envie de retrouver Newton. J'essaie de me convaincre que son métier abominable est ce qui doit me tenir éloignée, mais ses réponses embrouillent mes convictions.

Aujourd'hui, de nombreux dilemmes me tourmentent, notamment en ce qui concerne mon avenir avec Nick. Je ne cesse de me répéter que l'arrivée de mon nouveau voisin a envoyé valser tout ce que j'avais forgé, mais, en réalité, je suis la seule responsable.

— Docteur Bellini ?

Je me retourne pour faire face à mon mentor du jour, le docteur Lee, qui fait preuve, comme toujours, de sérieux lorsqu'il m'interpelle.

— Pouvez-vous préparer le patient ? Nous allons le monter d'ici trente minutes.

— Oui, oui, bien sûr. Mais avez-vous pris connaissance du dernier examen de monsieur Marthy ? J'ai entendu un sou...

— J'ai vu vos notes. Ce n'était rien de grave, rassurez-vous, me coupe-t-il brusquement en regardant sa montre. Je compte sur vous pour qu'il soit prêt à l'heure.

D'un geste de la tête, j'acquiesce, et en moins d'une seconde, le voilà déjà reparti. Je me concentre à ma tâche en occultant tout le reste. Il est primordial que je me concentre sur la santé de mon patient. Aujourd'hui, il est le seul qui m'importe. Je range Newton, Nick et tous les autres dans une minuscule case dans ma tête et affiche en premier plan monsieur Marthy.

Lorsque je pénètre dans la chambre du patient, je replace un sourire chaleureux en le saluant.

— Bonjour, monsieur Marthy, c'est le grand jour !

Il me salue d'un grand sourire, aidé par une infirmière qui noue une blouse médicale autour de son cou.

— J'ai grand-hâte de me faire charcuter !

Je glousse en secouant la tête, puis me poste à ses côtés.

— J'adore votre bandana, dit-il en pointant mon calot de son index. Très mignon.

Machinalement, mes doigts se posent sur le calot décoré de multiples corgis enfoncé sur ma tête. Un éclat se dessine sur mes lèvres lorsque les souvenirs de sa provenance se rappellent à moi. Même sans jamais en avoir eu la certitude, je sais que Newton était mon Père-Noël secret du lycée, lui qui s'était à la fois souvenu de mon rêve de devenir chirurgienne et de mon amour pour les corgis.

— C'est un cadeau. Un cadeau très précieux, réponds-je en souriant.

Dans les dernières minutes précédant son intervention, je scrute une nouvelle fois ses constantes, m'assurant qu'il est suffisamment stable pour subir l'opération. L'examen de routine se déroule bien, mais ce sifflement à l'écoute de son cœur me perturbe toujours autant. J'imagine que le docteur Lee, qui est chirurgien cardiothoracique depuis vingt ans, a plus d'expérience que moi pour dire que ce bruit n'est rien d'anormal. Mais tout de même, je ne parviens pas à m'enlever ce poids qui me barre l'estomac.

— Alors, Docteur, mon cœur se porte comment ?

— Vous avez un palpitant d'un marathonien, répliqué-je en repositionnant mon stéthoscope autour de mon cou.

Le patient se marre, son rire décongestionnant un tant soit peu mes épaules contractées.

— Je vais vous monter à l'étage et nous allons vous donner un décontractant musculaire avant de vous endormir.