Chapitre 4 : ...Mais on ne sait pas ce que l'on gagne

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Calliope

Je suis devenue une ombre. Depuis que j'ai appris qui avait remplacé les Scott, je n'accorde plus le moindre regard sur la maison d'en face. Lorsque j'ouvre mes volets le matin, je regarde le ciel. Lorsque je quitte ma maison, mes yeux sont plantés droit sur mon véhicule. Enfin, lorsque du bruit m'incite à pivoter la tête, je verrouille mes écoutilles et occulte tout ce qui se passe autour de moi.

Malheureusement pour moi, ce matin, Calliope semble décidée à ne pas me laisser partir. Quand je repense au fait que cet enfoiré a appelé sa chienne Calliope, cela me fait fulminer de rage.

Je quitte l'habitacle de ma voiture que je contourne pour retrouver la petite chienne qui s'est assise derrière, comme si elle le faisait exprès pour me mettre en rogne elle aussi.

— Salut, ma belle. Où est le connard qui te sert de maître ? demandé-je en m'accroupissant.

En inspirant une dose de sang-froid, je pivote le regard pour observer les environs. Ce petit con va finir par perdre sa chienne à force de la quitter des yeux ainsi.

Je me résigne finalement en voyant la bouille d'ange de Calliope et prends sur moi pour aller frapper à la maison d'en face. Dieu sait à quel point il me faut faire preuve d'une grande maîtrise pour faire une telle chose, mais je refuse de laisser cette chienne sans surveillance.

Postée devant la porte d'entrée, Calliope à mes pieds, j'abats lourdement mon poing contre le bois et patiente en croisant les bras sous ma poitrine. En moins de temps qu'il n'en faut pour reprendre mon souffle, la porte s'ouvre, comme si cet enfoiré attendait ma visite depuis des plombes.

— Tu...

Ma voix se coupe dès lors que j'aperçois le torse de Newton.

Bonté divine, toujours aussi impudique celui-là !

Je cligne des yeux en les gardant tant bien que mal à hauteur des siens. Ma vision périphérique me balance des images de sa chair dorée, mais il est hors de question que je laisse mes prunelles détailler son buste.

— Tu voulais dire quelque chose ? demande-t-il, sa tête penchée sur le côté et son corps reposant sur la porte comme s'il faisait exprès de m'afficher sa musculature gainée en pleine poire.

Bordel de merde. Je ne suis pas une voyeuse, mais il m'est difficile de ne pas baisser le regard.

— Ca-lio-péééée ? Dépêche-toi de parler, je vais choper la crève.

Je reprends mes esprits en secouant la tête. Mon regard se couvre d'une lueur sombre tandis que je l'observe intensément.

— Surveille ta chienne, elle va finir par se faire écraser.

— Bien, Madame. Autre chose ?

Son ton arrogant et son sourire narquois me rendent dingue. C'est fou qu'une seule et même personne puisse soulever autant de haine en moi.

— Ouais. Petit conseil médical, si tu ne veux pas choper la crève, mets un foutu pull, on n'est pas en été.

Il pousse un rire nasal en croisant les bras.

— Merci, docteur Bellini. Je ne manquerai pas de vous contacter si j'ai besoin d'être soigné.

— Un petit coup dans le nez, ça règle la plupart des problèmes, dis-je sans pouvoir empêcher ma bouche de s'ouvrir. Mais s'il te plaît, n'hésite pas à ne pas m'appeler si t'es malade. Il ne faudrait pas que je te laisse malencontreusement crever.

Sur ce, je lui affiche mon plus beau et dédaigneux sourire avant de faire volte-face.

— Tu n'as pas prêté serment ? s'écrie-t-il derrière moi.

Face à faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant