Face à face

Chapitre 5 : Marche caritative

Calliope

Mon téléphone n'arrête pas de sonner, moi, je grogne lourdement alors que je ne parviens pas à mettre la main dessus.

— Où es-tu, engin de malheur ?!

Après d'intensives recherches, je parviens finalement à le retrouver entre les coussins de mon canapé. Ça m'apprendra à m'endormir comme une souche...

— Allô ?

— Cal, je suis désolé de te prévenir aussi tard, mais j'ai un empêchement pour aujourd'hui.

— Tu me fais marcher ?

— Excuse-moi, mon collègue a la grippe et il faut que je le remplace.

Ma tête tombe mollement en arrière, je me pince l'arête du nez en soufflant dramatiquement.

— Josh, tu ne peux pas m'abandonner ! Nick est à une convention de médecine et je n'ai personne d'autre pour m'accompagner.

— Je sais, vraiment désolé. Je te promets de me rattraper.

Je me laisse retomber sur mon canapé et ferme les yeux en soupirant. Si je parviens suffisamment tôt au lieu de rendez-vous, il y a encore une chance que je trouve un collègue qui n'a pas de binôme.

— Tu as intérêt de me ramener un menu entier de chez Deen's la prochaine fois que tu viens !

Je l'entends ricaner, ce qui me fait sourire bien que je sois déçue de ne pas passer la journée avec lui.

— Il faut que je te laisse, mais compte sur moi. À plus.

Il raccroche, et je m'autorise un dernier soupir en voyant l'heure approcher. Je me rue à l'étage, enfile des fringues à l'arrache, puis quitte mon domicile en vitesse. Avant même de monter dans mon véhicule, je râle en apercevant Calliope se trémousser dans la rue.

— Newton Adams de malheur ! Occupe-toi de ton animal, bordel de merde !

— Ne t'en fais pas, je prends bien soin d'elle.

Sa voix me fait sursauter. Je fais volte-face et fronce les sourcils en le voyant adossé au mur de ma maison. Ce type a le don de me pousser au-delà de mes limites et, malgré toute la maîtrise dont je suis capable, il pourrait bien me donner envie d'imaginer un punching-ball à la place de sa tête.

— Fais attention à ne pas la laisser traverser toute seule, bon sang ! fulminé-je.

Il sourit, puis s'approche lentement de moi.

— Crois-moi, elle m'obéit au doigt et à l'œil, elle fait exactement ce que je lui demande de faire.

— Tu devrais lui demander d'effacer ton putain de sourire à la con, au moins quelque chose qui serait utile.

De quelques pas supplémentaires, il se plante face à moi, me forçant à ployer la tête pour garder le contact visuel. Il n'est pas question que je m'écrase de nouveau face à lui. La dernière fois était une erreur. J'ai flanché, car j'étais perturbée et affaiblie par l'histoire d'Ivy. Aujourd'hui, je ne le laisserai pas gagner.

— Tu ne demandes pas de nouvelles du patient que tu as refusé de soigner ?

— Je me fous de savoir si tu es en forme ou si tu as un pied dans la tombe, Newton. Maintenant, va emmerder quelqu'un d'autre, moi je suis occupée.

Sur ces belles paroles que j'accompagne d'un sourire insolent, je m'éloigne de ce démon pour regagner ma voiture.

— Tu vas où, habillée comme ça ?