Le temps est maussade, ce qui rend encore moins gai cet endroit. Les nuances de gris rendent les lieux sombres, l'humidité laisse une odeur pénible derrière elle, témoignant du malheur enfermé ici.
Le garde ouvre, annonce la durée maximale de l'entretien avant de refermer la porte et d'enclencher son minuteur.
Laurent : Alors, ça va mieux toi ? Toujours amoureux de ta juge ? Je n'ai jamais compris pourquoi tu étais amoureux d'elle. Franchement, elle ne t'a attiré que des problèmes.
Mathieu : On n'est pas là pour parler d'Alice. Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi.
Laurent : Tiens regarde ! Tu viens me parler d'ordre. Et je te signale que c'est toi qui m'as demandé ces infos, alors du calme. Voilà.
L'homme à la carrure impressionnante et aux yeux noisette se redresse sur sa chaise inconfortable, après avoir déposé un dossier sur la table.
Mathieu : C'est quoi ça ?
Laurent : Les photos. Ouvre, je n'ai pas fait tout ça pour rien. Estime toi heureux que je ne te fasse pas payer.
Mathieu : Tu voulais me les apporter, voilà je les ai. Maintenant c'est fini, non ?
Laurent : Math. Ouvre. Tu sais que j'ai de bons contacts en prison, si tu vois ce que je veux dire.
Forcé, Mathieu glisse sa main dans la pochette marron que lui a donné son ami. Il en sort quelques clichés. Le détenu estime à vue d'œil que là se trouvent environ cent photos. Il en examine quelques unes, fronce les sourcils et regarde Laurent.
Mathieu : C'est quoi ça ? Qui sont ces gens ?
Laurent : Elle n'a pas perdu de temps, ta juge. Bon, elle avait du mal à s'en remettre au début, tu as fait chuter sa carrière, mais elle n'a pas tardé à se tourner vers le valeureux commandant. Si tu veux je peux continuer, tu as l'air de t'intéresser un peu plus au quotidien de ta femme.
Interloqué, Mathieu ne répond plus. Il a la preuve devant ses yeux que son ex-femme a refait sa vie, elle semble heureuse aux côtés de son collègue, devenu son compagnon. Néanmoins, il découvre la présence d'autres hommes dont il ne connaît pas le visage. De son doigt sale et tremblant, il pointe le Docteur Chahine, remarquant qu'il apparaît sur plusieurs des photos.
Mathieu : Et lui ? Qu'est-ce qu'il lui veut ?
Laurent : C'est de l'affaire tassée, mais bon, là où tu es tu ne sais rien. C'est son docteur, il l'endormait et il lui parlait, ils discutaient beaucoup. À ce que j'ai cru comprendre ils ont eu une vague histoire, je ne me suis pas attardé dessus mais ça n'a pas plu au commandant.
Mathieu : Et... Aujourd'hui, ils s'aiment Fred et Alice ?
Laurent : Je ne suis pas cupidon, je n'en sais rien. Mais il n'est pas prêt de s'effacer de sa vie. Elle a tout repris à zéro, Math, tu vas avoir du mal à redevenir celui qu'elle a aimé.
Mathieu n'en revient pas. Tout est terminé. Il l'aura fait souffrir, mais malgré ça, il l'aura toujours aimé. Il est heureux d'être le père du fils d'Alice.
Mathieu : J'ai encore une chance. Je suis le père de Paul.
Laurent : Je ne veux pas te décevoir, tu es mon ami, mais sur ce point-là aussi, c'est fichu. Tiens, regarde vers la fin. Ces photos je les ai prises hier.
Sur celle-ci, Mathieu découvre Alice blottie dans les bras de Marquand, dans son nouvel appartement. Paul est endormi à demi sur Marquand et à demi sur Alice. Cette scène lui fend le cœur.
Mathieu : Ça ne va pas se passer comme ça. Paul est mon fils !
Laurent : Fallait y penser avant, Math. Je ne suis pas non-plus ton psy, mais en te mettant en danger, tu t'es éloigné de ta famille tout seul, comme un grand. Si j'avais eu une famille pareille, Math, je t'assure que j'aurais lâché pour de bon tous ces trafics de diamants.
Garde : C'est fini, ça fait dix minutes. Monsieur Brémont, venez.
Laurent : Désolé. Alors ? Je continue ?
Mathieu se retourne pour disparaître dans d'infinis couloirs mal éclairés. Avant de franchir la porte, il fait un bref hochement de tête.[Conversation téléphonique]
Alice : Papa, je l'ai eu au téléphone hier, il ne se considère plus dangereux pour Paul et comme tu l'as vivement encouragé, il souhaite correspondre !
Jacques Nevers : Je lui ai seulement promis qu'il aurait la chance d'avoir des nouvelles de son fils...
Alice : Et s'il débarque demain, je fais quoi moi ? Tu as été irresponsable ! Je comprends que tu n'ailles pas bien en ce moment, c'est dur pour toi comme pour moi, mais en voulant bien faire, tu nous a mis en danger Paul et moi ! J'espère que tu en es conscient !
Jacques Nevers : Bien sûr que non, sinon je ne l'aurais pas fait. Alice je m'excuse...
Elle marque un temps. Alice aimerait simplement retrouver son père et l'aimer comme avant, mais elle n'a pas le choix, elle doit lui faire comprendre la faute qu'il a commise en permettant à Mathieu de reprendre contact avec son fils. Elle reprend, aussi triste que son père.
Alice : Il a déjà envoyé des lettres ?
Jacques Nevers : Oui, il m'avait dit une tous les deux mois. Pour ne pas attirer les soupçons.
Alice : Quels soupçons ?
Jacques Nevers : Tu n'étais pas censée le savoir, mais j'ai préféré t'en avertir, enfin tu es tombée sur la seule carte...
Alice : Donc il n'en a pas envoyé d'autres. Et tu es en train de me dire qu'il voulait envoyer des lettres à mon fils sans mon accord ? Mais il est complètement inconscient ou quoi ?
Jacques Nevers : Alice...
Alice : Tu vas lui dire que c'est fini. Il ne récupèrera ni Paul, ni moi, c'est clair ? S'il t'envoie des lettres, tu ne lui réponds plus. Je suis la mère de Paul, j'ai le droit de m'opposer à tout ça.
Jacques Nevers : Oui... D'accord.
Alice : Je te fais confiance, papa. Ne me déçois pas.
Jacques Nevers : Oui Alice, je m'excuse.
[FIN]
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Alice Nevers, juge d'instruction
FanfictionBienvenue dans la suite de la diffusion de 2015. Aucun spoil, juste une histoire du passé avec quelques détails ajoutés. Bonne lecture ! (Les commentaires ne sont pas interdits par madame le juge 😉) [ Suite 2015 / Terminée ]