Chapitre 47 : Troubles

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Fred : Alice ?
Elle a beaucoup de choses sur le coeur. Avec son fils dans les bras, difficile de rester forte : des larmes s'échappent de ses beaux yeux pour la première fois depuis longtemps. Alice entre chez lui, il lui barre le passage quand elle s'apprête à ouvrir la porte de la chambre.
C'en est trop. Qui se cache derrière cette porte ? Que renferme cette pièce ? Il prend Paul dans ses bras et l'installe dans le canapé. Le flic la convainc de l'attendre dans le salon, reprend Paul et l'emmène dans la chambre, l'installant délicatement aux côtés de Lou, endormie depuis bien longtemps. De retour dans la pièce commune, il prend place le plus loin d'elle.
Fred : Qu'est-ce qui se passe ?
Elle essuie ses larmes, consciente que cela ne fera pas naître de compassion chez son commandant.
Alice : Il faut que je te parle.
Fred : Je t'écoute.
Le voir si calme lui rappelle presque Antoine. Elle est très étonnée qu'il ne s'énerve pas après elle.
Alice : C'était qui, dans ta chambre ?

Lyon
Juliette : Je vais bientôt partir.
Manon : Où ça ?
Juliette : À Paris.
Rêveuse, Manon garde le silence un long temps.
Manon : Tu as vraiment de la chance.
Juliette : Pourquoi ?
Manon : Parce que c'est une ville merveilleuse ! Là-bas, il y a tout !
Juliette : Je pars dans deux mois. Le temps pour ma mère de tout préparer.
Manon : Elle vient avec toi ?
Juliette : Elle me rejoindra dans l'année, elle a besoin de plus de temps. Déménager de Lyon à Paris, c'est quand-même long.
Manon : Tu as raison.
Elles font encore quelques pas ensemble.
Manon : J'aimerais partir avec toi...
Juliette sourit, elle s'attend à une blague du type « tu peux me mettre dans ta valise ? ». Pourtant, Manon est très sérieuse.
Juliette : Vraiment ?
Manon : Mon rêve c'est d'être juge d'instruction et d'exercer au Palais de Justice de Paris.
Juliette : Tu quitterais tout pour aller t'installer à Paris ?
Manon : Tout.
Réfléchissant à la situation, Juliette admet que voyager avec une amie la rassurerait. Et puis, elle pourrait aider Manon à s'intégrer : elle y a déjà vécu. Soudain, elle a une pensée pour Alice.
Juliette : Tu sais quoi ? J'ai une très bonne idée.
Elles pressent le pas et se rendent chez Juliette. Élaborer un plan pour mener une vie meilleure doit se faire dans de bonnes conditions.

Paris
Fred : C'est une petite que j'ai rencontré il y a deux jours. Elle s'appelle Lou.
Croyant rêver, Alice esquisse un sourire : tout va bien, la chambre est occupée par une enfant de sept ans.
Fred : Rassurée ?
  Elle se reprend face à lui. Elle n'est pas venue pour épier sa vie privée.
Alice : Tu te souviens du mystérieux photographe ?
Fred : Laurent ?
Alice : Oui.
Fred : Vaguement.
Alice : C'est un ami d'enfance de Mathieu.

Simon : Ça va Lucie ?
Lucie : Oui. Pourquoi tu me demandes ça ?
Simon : Parce qu'en ce moment je te trouve silencieuse.
  Réajustant le pyjama de son fils qui vient de s'endormir, elle admet son comportement.
Lucie : Je repense à ce qu'il s'est passé.
Simon : Avec Juliette ?
Lucie : Juliette, maman, toi, mon père, Alice...
Simon : Tu veux en parler ?
Lucie : Non, je me dis juste qu'au final on est une grande famille. Une famille qui a mal tourné, qui s'est perdue de vie et qui s'est reconstituée. Et ma famille me manque.

Alice : Il m'a obligée à taire son identité auprès de la police sous peine d'alourdir la peine de Mathieu.
Fred : Et tu l'as fait !
  Très anxieux, il la fixe en attendant la suite.
Fred : Ça veut dire quoi « il m'a obligée » ?
  Alice dissimule son visage derrière ses cheveux puis prend sa tête entre ses mains.
Elle ne voit que le sol, humidifié par ses larmes.
Alice : Il m'a...menacée...
  Dans un excès de rage, il bondit du canapé et serre les poings. Il s'approche de la fenêtre et revient. Alice ne bouge pas. Légèrement plus calme, il se rapproche d'elle pour finir par lui faire face.
Fred : Alice. Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
  Elle reprend son souffle, essuie ses larmes et ose enfin le regarder dans les yeux. Elle ne pensait pas qu'il était si près d'elle.
Alice : Il a voulu me faire peur, c'est tout.
Fred : Il a touché à Paul ?
Alice : Non. Je me suis tue et il n'a rien fait. Mais...
Fred : Mais quoi ?
Alice : Ne t'énerve pas, s'il te plaît.
  Il serre les dents. Il s'attend à des aveux concernant Mathieu.
Alice : Promets-le moi.
  Fred se lève.
Fred : Si c'est pour me dire que tu veux voir Brémont, Alice...
Alice : Non ! Non, j'ai gardé le silence pour ne pas qu'il me menace une fois de plus.
  Ils sont très fatigués tous les deux. Leurs traits sont tirés. Ils n'ont même pas d'endroit où dormir, les enfants monopolisant le seul lit deux places de l'appartement. Alice projette  d'emmener les enfants chez elle pour pouvoir rester avec Fred. Il refuse, elle rentre chez elle en laissant Paul chez  son parrain et passe une mauvaise nuit. Ils font tous les deux une nuit blanche, ce soir là.

Alice Nevers, juge d'instructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant