Florence : Vous m'agacez ! Et arrêtez de me suivre, c'est pénible à la fin !
Colas : Je vous jure que je ne lui ai rien dit !
Elle s'arrête, lui fait un regard noir qu'il n'apprécie guère, se sentant coupable, et elle reprend la route qui la ramène chez elle.
Florence hèle un taxi mais celui-ci ne l'aperçoit pas et reprend sa route.
Colas : C'est ridicule, je peux vous ramener !
Florence : Je vous avais prévenu. Je préfèrerais que cette histoire reste entre nous, et je sais pourquoi je vous ai demandé de garder cette escapade pour vous !
Elle continue son chemin, énervée par le regard des personnes à son égard.
Il l'arrête par le bras.
Colas : Je suis désolé. Mais c'est mon ami, vous savez bien que Justin, c'est une tombe !
Florence : Vous savez ce que je sais ? Vous ne me reverrez pas de si tôt.
Elle s'enfuit dans les rues de Paris et Colas, comprenant qu'il a perdu la confiance de sa confidente, compagne d'un jour et amie de toujours, retourne, déçu, à son poste.L'expression qu'Alice affiche sur son visage reste indescriptible. D'abord, elle éprouve un grand étonnement en considérant que Flora est restée toute la journée au chevet de Fred, alors qu'elle prétendait "emmener Juliette".
La jeune fille attend Alice dans la voiture, encore irritée par cet aveu.
Embarrassée, Alice pousse un peu plus la porte pour les faire réagir. Flora se tourne, troublée, rassemble ses affaires dans la seconde qui suit l'arrivée soudaine de la juge et s'enfuit avec pour seul salut envers Alice un léger sourire.
Lui ne bouge pas. Il met bien plus de temps à réagir, et se tourne vers elle, constatant qu'elle est restée statique depuis le départ inexpliqué de son ex-compagne. Il lui fait signe de venir.
Alice n'en fait rien et se contente de refermer la porte derrière elle pour s'appuyer contre, comme si elle avait besoin d'être soutenue pour se maintenir debout.
Alice : Elle est restée toute la journée ?
Fred : Hm.
Alice : Vous avez fait quoi ?
Fred : On a discuté. Longtemps.
Alice : Je croyais que tu devais te reposer.
Fred : Ça va, je sors demain. Tu es passée voir Paulo ? Comment il va ?
Alice : J'ai parlé à Juliette. Elle va mal. Je lui ai dit pour Lucie.
Fred : Tu lui as...
Alice : Je ne pouvais pas attendre ! J'ai pris les devants, pendant que tu...
Fred : Pendant que tu quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?!
Alice : À toi de me le dire.
Il se lève, exacerbé par sa jalousie, pourtant justifiée.
Fred : Ça va, j'ai compris. Je rentrerai chez moi, pas la peine de passer m'aider, je n'ai pas besoin d'être materné.
Immobile, elle constate qu'il semble tout aussi perdu que quand elle l'a laissé.
Alice : C'est moi ? Je n'aurais rien dû dire, c'est ça ? Je ne suis pas la mère de Juliette, après tout tu as raison, c'était à toi de le faire, je pensais t'aider...
Il la fixe et elle s'interroge : comment doit-elle réagir ? Pour réponse, elle s'extirpe de cette chambre avec peine, et projette d'aller rendre visite à son père. Elle a confirmation par message : tout se passe bien pour Paul et la baby-sitter.À l'expression qu'affiche sa mère sur son visage, elle devine en un rien de temps une pointe de colère. La clé tourne, le moteur se réveille, et Juliette préfère ne pas évoquer sa conversation avec Alice.
Juliette : Ça n'a pas l'air d'aller...
Flora : Je te rassure, je vais bien. C'est toi qui as l'air un peu triste.
Juliette : On n'a qu'à dire qu'on est deux...
Après quelques mètres, Flora se raisonne. Pour rien au monde sa fille ne doit savoir que Fred et elle ont eu un léger laisser-aller émotionnel.
Flora : Tu étais avec Alice ?
Juliette : Ça te dérange ?
Flora : Pourquoi tu dis ça ?
Juliette : Pour rien.
Flora : Au fait, pourquoi tu n'es pas revenue voir ton père tout à l'heure ? Il n'y a qu'Alice qui est remontée.
Juliette : Tu as attendu pendant des heures dans la salle d'attente ?
Flora : Tu peux éviter de faire comme ton père en répondant à une question par une autre question ?
Juliette : Je n'avais pas envie.
Surprise et attristée de cet aveu, elle fait tout pour en savoir plus.
Flora : C'est bien la première fois que je t'entends dire que tu n'as pas envie de voir ton père !
Juliette : Ça va, les leçons de morale, merci. Tu vas où là ? Il fallait tourner à gauche.
Flora : Mais non, c'est la prochaine.
Juliette : Quoi ? C'était là, maman, rue de Villeneuve. Je ne sais pas ce que tu as mais tu es space.
Si elle s'enfonce, ça ne va pas. Jusqu'à la destination finale, elles gardent le silence, et la musique de la radio le comble parfaitement.[Conversation par messages]
Colas : Répondez !
Colas : Je sais, j'ai été nul, mais vous ne pouvez me laisser comme ça !
Florence : Si.
Colas : Vous êtes là ? Ça va mieux ?
Florence : J'adore être trahie, je me sens... mieux, comme vous dites.
Colas : Je suis désolé, mais on peut passer à autre chose, non ?
Florence : Non. Laissez-moi, maintenant. Ma boîte vocale est saturée, et je n'ai bientôt plus de batteries.
Colas : Laissez-moi venir vous voir. On peut discuter !
Florence : Je n'en ai pas envie. Bonne soirée, Colas. Quelle qu'elle soit, elle sera toujours meilleure que la mienne.
[FIN de la conversation par messages]Son fils passe une excellente soirée, pas elle. Sa discussion avec la baby-sitter lui a fait du bien, même si elles ont essentiellement parlé de la jeune fille. Alice tente d'y voir un peu plus clair en ce qui concerne Flora, cette femme mystérieuse au visage fermé et au cœur ouvert.
Une fois Paul couché, elle cherche dans les affaires de son commandant, les affaires restantes...
Elle retrouve les papiers de cet homme, le fameux photographe qui les observait ou plutôt les espionnait, au Parc. Alice projette d'aller passer une semaine chez son père en compagnie de Paul, elle resituera le contexte de leur histoire et trouvera peut-être la clé de ce qu'elle cherche des restes de leur amour inconditionnel.Le lendemain, à l'hôpital Cochin
Le son du stylo griffonnant sur la feuille lui fait un bien fou. Il prend ses affaires, peu nombreuses, et s'éloigne avec vers l'entrée. Flora l'attend sur un banc, au soleil. Elle lit un livre, ce qui ne lui ressemble vraiment pas. De leur temps, ils partageaient leurs opinions à propos des derniers matchs, mais n'étaient à vrai dire pas du tout littéraires.
Le sourire aux lèvres, il s'approche d'elle. Elle lève la tête au dernier moment, il dépose ses bagages et l'observe.
Fred : Qu'est-ce que tu fais là ?
Flora : Je t'attendais.
Fred : Pour aller où ?
Flora : Je n'en sais rien...
Fred : Juju est dans la voiture ?
Flora : Elle est chez une amie, elle profite qu'on soit à Paris pour la voir. Elle vit dans le coin. Cette amie a une famille et un enfant, elle l'envie énormément.
Fred : Elle a le temps, Juliette !
Au regard de Flora, il comprend que non, cet argument n'est plus valable et qu'il faudra la convaincre autrement. Juliette a 21 ans... Ils se laissent le temps de réaliser qu'ils sont seuls sur ce parking, sans but ni destination.
Fred : On y va ?
Il fait le tour de la voiture, s'installe au siège passager et une fois que les bagages sont prêts, il monte à l'avant.
Avant de démarrer, Flora l'embrasse avec fougue et reprend sa place.
Flora : Comme avant.Jacques Nevers : Ça m'étonnait de te voir ici, je t'ai vue arriver mais je n'ai pas réalisé.
Elle lui fait la bise et toujours avec une tristesse indépendante d'elle-même, lui annonce :
Alice : Paul dort dans la voiture, on monte vite les bagages pour lui laisser le temps de se reposer encore un peu, je vais rester avec lui.
Elle redescend en trombe et, tout en sachant qu'elle ne l'entendra pas, il répète, l'air ahuri :
Jacques Nevers : Les bagages ?Chez Fred
Elle effleure chaque meuble d'une main fine et légère, elle se sent femme, vraie femme, belle et avenante. Même si vis-à-vis de leur fille, ça n'est pas très bien de se retrouver en cachette comme au premier jour. La photo d'Alice et Paul lance un froid en elle, mais elle se ressaisit vite en voyant un cadre photo avec Juliette dessus.
Flora : Tu as tout fait pour m'oublier... Comme moi, on dirait.
Il revient, quelques ustensiles à la main, qu'il dispose de parts et d'autres de la salle de bains.
Fred : Je n'ai pas tout fait pour t'oublier !
Elle lui montre le cadre qu'il connaît par coeur, puisqu'il l'a longtemps observé quand Alice allait mal. Oui, durant ces quinze jours d'attente, après l'opération, sans nouvelles, chaque soir, il observait cette photo et l'embrassait avant d'aller se coucher.
Alors pour la connaitre, il la connaît.
Fred : Ce n'est pas pareil.
Flora : Tu as raison ; tu m'as remplacée.
Il lui tient les mains, les fait s'entrelacer.
Flora : Je ne te reproche rien. Ce n'est pas la peine de revenir là-dessus tu...
Il appose ses lèvres contre les siennes, tandis que, quelques kilomètres plus loin, Alice réveille l'amour de sa vie en douceur.
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Alice Nevers, juge d'instruction
FanficBienvenue dans la suite de la diffusion de 2015. Aucun spoil, juste une histoire du passé avec quelques détails ajoutés. Bonne lecture ! (Les commentaires ne sont pas interdits par madame le juge 😉) [ Suite 2015 / Terminée ]