Alice Nevers, juge d'instruction

Chapitre 31 : Distance

Juliette : Tu étais où ?
Flora : J'ai le droit de sortir un peu de cet hôtel, non ? Moi aussi je suis majeure, je te rappelle !
Juliette : Sauf qu'on a dit qu'on se prévenait dès qu'on allait quelque part !
Flora : Tu ne veux pas me laisser entrer ? Je suis crevée, Juliette.
  En effet, Juliette barre l'entrée de la chambre d'hôtel en attendant que sa mère lui livre de réelles réponses à ses questions.
Juliette : Pas avant que tu m'aies expliqué pourquoi trois mouchoirs viennent de tomber de ta poche.

[Conversation téléphonique]
Jacques Nevers : Alice, c'est le onzième message que je te laisse, réponds ou...
Alice : Papa, ce n'est pas un message...
Jacques Nevers : Je commençais à m'y habituer. Ça y est, ça va mieux avec Fred ? Il a dû passer te voir, c'est ce qu'il m'a dit. J'espère que tu n'as pas fait de bêtises, tu avais l'air triste quand tu es partie.
Alice : Ça va, papa. Est-ce que je peux te laisser ? Je vais bientôt partir.
Jacques Nevers : Travailler ?
Alice : Où veux-tu que j'aille ?
Jacques Nevers : Tu ne t'es pas reposée Alice, ça n'est pas prudent ! Enfin, te connaissant, mes conseils passeront à la trappe, autant économiser mon énergie pour Paul.     D'ailleurs, je te le ramène après-demain, j'ai besoin de lui parler un peu.
[FIN]

  En arrivant à la brigade après tout ce temps, beaucoup de collègues le saluent en souriant, il se déçoit lui-même de ne pouvoir être aussi joyeux qu'eux. Il est vite interpellé par un homme dont le visage lui inspire vaguement quelque chose.
Colas : Excusez-moi, vous n'auriez pas vu la juge Larrieu ?
  Il tente de faire le vide dans son esprit pour se remettre dans le bain du travail.
Fred : Je ne vois pas, désolé.
  Trois pas plus tard, Colas est toujours derrière lui, et pénètre dans son bureau sans la moindre permission.
Fred : Je peux savoir ce que vous faites ?
Colas : Je sais que vous travaillez avec une juge, vous passez souvent au Palais, ne me dites pas que vous ne l'avez pas croisée. Moi, elle m'évite.
Fred : Je vous dis que je n'ai pas vu votre juge alors maintenant vous dégagez ou je me charge personnellement de votre cas.
  Sans demander son reste, Colas disparaît.

  Un autre collègue apparaît, l'air calme, pourtant, Marquand ne se souvient pas l'avoir déjà vu.
? : Excusez-moi, commandant Marquand ?
  Il marmonne, énervé :
Fred : C'est pas vrai je les attire ou quoi, là ! Oui, qu'est-ce qu'il y a ?!
? : Lieutenant Lamare. Je peux repasser plus tard, si vous voulez.
  Face au pacifisme de l'homme, Fred se calme. Il le fait entrer et lui propose même de s'assoir.
Lieutenant Lamare : J'ai pensé que vous auriez besoin de temps, j'ai appris. Je voulais que vous sachiez que si vous vouliez attendre encore un peu, je comprendrais.
  Un temps s'interpose entre leurs répliques.
Fred : Ça va. Merci. Qui vous a dit que j'avais repris aujourd'hui ? Je n'ai prévenu personne.
Lieutenant Lamare : J'ai pris soin de venir de moi-même. Je n'aurais pas dû ?
Fred : Vous avez très bien fait. Bon, comme vous pouvez le savoir, j'ai mes humeurs, la juge aussi. Vous ne l'avez pas encore rencontrée ?
Lieutenant Lamare : Non, mais j'ai eu le plaisir d'entendre parler d'elle, et en bien.
  La façon de s'exprimer du lieutenant est tellement soutenue qu'elle rend la discussion pénible.
Fred : Si vous pouvez me dire votre prénom... Ça ira plus vite.
Lieutenant Lamare : Antoine.
Fred : Alors à demain. On devrait être vite mis sur une affaire, j'ai un peu traîné avant de reprendre le boulot donc...
Antoine : Bien. Au revoir commandant !

[Boîte vocale d'Alice]
Juliette : Alice, je suis désolée mais tu es la seule à qui je puisse parler... Toi et moi on n'a pas été proches longtemps mais je me souviens quand-même de ta bienveillance et je sais que nos rapports sont bons alors... Rappelle-moi s'il te plaît, je n'arrive pas à appeler papa et, même si ça ne va pas te plaire, je pressens quelque chose de mauvais à propos de ma mère... Bisous.
[FIN du message vocal]