Alice Nevers, juge d'instruction

Chapitre 23 : Tableau noir

  Après les funérailles de Noah Diacouné, tous semblent éprouver un soulagement. Les enfants peuvent se permettre de rire, les adultes osent se charrier ; la vie reprend son cours. L'attente aura été longue, mais tout cela est derrière eux : les proches peuvent alors se recueillir sur la fraîche tombe du jeune Noah. Alice redonne comme elle peut le sourire à son commandant, qui reprend du poil de la bête au fil du temps. Fred peut respirer et mettre un terme à cette douleur qui jusqu'à maintenant n'a pu être soignée, et Alice est, dans cette infinie tristesse, heureuse de pouvoir se recueillir sur la tombe du lieutenant.

Le lendemain

[Conversation téléphonique]
Fred : Ouais.
Juliette : Salut, ça va ?
Fred : Juju ! Ça va, et toi ?
Juliette : Hm... Tu sais je t'avais parlé d'une sortie à trois avec maman...
Fred : Euh...ouais je m'en souviens.
Juliette : On peut faire ça demain ?
Fred : Hm, si tu veux.
Juliette : Cool. Et Alice, elle veut venir ?
  Il regarde Alice œuvrer dans le salon.
Fred : Non, elle reste avec Paulo.
Juliette : Dommage. Bon, à demain !
Fred : Ciao.
[FIN]

  La juge fait son entrée dans la pièce commune, elle n'a perçu que quelques bribes de la conversation.
Alice : C'était madame Diacouné j'imagine ?
Fred : Ça aurait pu, mais non. C'était Juju. Enfin Juliette...
Alice : Elle a fixé une date ?
Fred : Ouais. Mais...
  Elle le regarde une nouvelle fois, lui montrant qu'elle lui accorde son attention, même en préparant le déjeuner.
Fred : À propos de Flora...
  Anticipant les dires du commandant, elle s'en approche pour le convaincre de sa pensée.
Alice : Je me fais du souci pour Juliette, mais je sais qu'il n'y a plus rien entre Flora et toi. J'ai compris. Vas-y et profite, ça me fait même plaisir que vous vous retrouviez en famille. Seulement...
Fred : Seulement ?
Alice : Tu ne pourras pas lui dire, pour Lucie.
Fred : Pourquoi ?
Alice : Tu te sens d'avouer à Juliette qu'elle a une sœur de vingt ans devant Flora ?
Fred : C'est vrai que ça ne le fait pas.
  Alice s'éloigne pour chercher les éléments manquants dans la cuisine et les déposer sur la table.
Alice : On pourra l'inviter un peu plus tard pour lui dire en douceur...
Fred : Merci hein !
  Elle revient vers lui, effectue sa tâche et s'appuie sur une des chaises.
Alice : De quoi ?
Fred : Je ne sais pas... Tu m'es quand-même d'un grand soutien, tu ne trouves pas ?
  Un seul sourire suffit à les combler tous les deux. Avant que celui d'un enfant de cinq ans ne vienne compléter le tableau d'une famille heureuse.

[Conversation téléphonique]
Mathieu : Allô.
Laurent : Ah, j'essayais d'appeler mais ils disaient qu'ils n'acceptaient que les appels d'urgence. Un problème ?
Mathieu : Depuis quand tu t'intéresses à mes "problèmes" ?
Laurent : Je vois... Bon, tu vas m'épargner ton caractère de cochon si tu veux des infos.
Mathieu : ...
Laurent : Math ! Si tu te laisses aller, la prison va faire de toi un de ces fous qu'on retrouve seuls et malheureux dans la rue ! Reprends-toi mon grand !
Mathieu : Arrête tes bêtises.
Laurent : Ce n'est pas perdu.
Mathieu : Qu'est-ce qui n'est pas perdu ?! Hein ! Alice ne me reprendra pas, elle m'a fait confiance dix mille fois et dix mille fois je l'ai trahie ! Alors tu imagines pour Paul, pas besoin que je te fasse un dessin !
Laurent : Calme-toi, je n'y suis pour rien moi...
Mathieu : Non, mais tu me fais croire que tout ira bien alors que tout va mal. Ce n'est pas pour ça que je t'ai accepté en tant qu'ami Lau.
Laurent : C'est pourquoi alors ?
Mathieu : Tu parlais d'infos. Je t'écoute.
Laurent : C'est demain ma dernière journée dans la famille Nevers. Ça m'a plu, franchement avec eux ce n'était pas de tout repos !
Mathieu : Tu m'épargnes les phrases toutes faites ?
Laurent : J'essaierai de passer demain soir, voir si tu as bonne mine.
Mathieu : Bien sûr. Tu viens prendre des nouvelles du pauvre homme qui n'a plus de famille ? Si c'est pour ça, j'ai pas besoin de cette "dernière" visite.
Laurent : À demain.
[FIN]