Chapitre 40 : Peine perdue

768 12 1
                                    

Il est dix heures vingt à l'horloge, le temps semble figé mais les aiguilles continuent bien de tourner.
"Tic, tic, tic..."
Juliette a un sourire en coin, elle ne peut s'empêcher d'aller terminer son voyage dans les bras d'Alice. Prise de court, la juge se lève et l'accueille à bras ouverts, incapable de réagir autrement.
Alice : Juliette ?
Juliette : Je sais, c'est dingue mais... mais on va se voir cet après-midi ! Lucie et moi ! Ça y est Alice !
La jeune fille, pleine d'énergie et de bonheur, laisse couler quelques larmes sur ses joues. Alice rougit, cela ne lui arrive pas souvent, c'est sûrement dû à un trop-plein d'émotions. La main dans le dos de sa belle-fille, la magistrate renommée sourit gaiement. Elle regarde Victor, puis Juliette, oubliant presque Marquand, et reprend la jeune fille dans ses bras.
Dans son dos, elle s'exclame :
Alice : Je suis si heureuse Juliette je... Tu ne peux pas savoir à quel point... C'est magnifique !
Elles ont la voix qui tremble, elles ne savent pas comment réagir.
Le moment que tous redoutent arrive après cette séquence riche en joie.
Juliette quitte le bureau pour rejoindre Antoine. Victor trouve un prétexte pour sortir, ils se retrouvent seuls. Derrière la porte, Victor espère de tout son coeur qu'ils finiront dans les bras l'un de l'autre.

Le soleil brille, Édouard Lemonnier va se recueillir sur la tombe de Camille, un bouquet de fleurs à la main. Théo est avec lui, il est effacé. Une pluie fine se met à tomber, Théo se blottit contre Édouard. La photo de Camille les rend nostalgiques.
Théo : J'ai froid.
Édouard ne s'attendait pas à ce que Théo soit si direct.
Théo : Je te mens pour qu'on rentre. Je n'aime pas les cimetières, j'ai accepté pour ne pas te laisser y aller seul, mais maintenant qu'on est là, je ne me sens pas très bien. Elle me manque.
Édouard ne se fait pas prier et se laisse guider par l'enfant, qui a retenu le trajet.

Victor sort s'aérer et aperçoit une juge au loin. Il lui fait signe et elle accourt, ravie.
Florence : Qu'est-ce que vous faites là ? Les affaires reprennent, non ?
Victor : Petit à petit, oui. Mais le bureau est occupé.
Florence : Comment ça ?
Victor : Eh bien il y a des règlements de compte...
Florence : Alice Nevers et Fred Marquand, c'est bien ça ?
Victor : Oui.
Florence : Vous êtes tout crispé, cela ne vous concerne pas vraiment, pourtant.
Victor : Détrompez-vous. C'est difficile de travailler avec un couple en permanence. Et puis... je ne sais pas où j'en suis.
Elle rit, même si Victor ne partage pas cette joie naissante. Elle passe sa main dans son dos pour le réconforter. Inhabitué à être consolé, il frissonne légèrement.
Florence : Vous n'est pas au sein du "couple", pourquoi cela vous atteint-il autant ?
Victor : Mais parce que voir la juge dans un tel état me blesse, et je suis impuissant. Sans parler du commandant.
Florence : C'est si désespérant que ça, leur histoire ?
Victor : Si vous saviez.
Florence : Alice m'avait déjà parlé de quelques problèmes qu'elle avait eus... Vous la connaissez, elle n'entre jamais dans les détails.
Victor : C'est déconcertant. Au fait, je ne savais pas que vous étiez meilleures amies.

Pendant ce temps...
Alice parvient difficilement à cacher son plaisir face à lui. Il l'observe longtemps. Elle s'assoit à son bureau.
Fred : Il ne faut pas que je traine, on a rendez-vous à quinze heures trente.
Le temps qu'il termine sa phrase, elle ferme ses yeux. Sa voix lui a tellement manqué... C'est si difficile de ne pas l'approcher, de se garder de l'observer, de ne pas pouvoir lui chuchoter à quel point elle l'aime.
Fred : Je suis désolé. Vous m'avez rendu service avec les filles, je ne vous ai pas écouté, je vous ai même laissée tomber. Je vous demande pardon.
Un temps, elle met sa tête entre ses mains et se demande si Flora et lui sont encore ensemble. Elle se remémore les traits de cette Flora, sa belle chevelure et ses yeux noisette. Il ne sait pas quoi faire pour attirer son attention. Indécis, il la regarde une dernière fois et sort du bureau. Alice ne le rattrape pas. Finissant par s'en vouloir, elle sort de son bureau et l'appelle, les larmes aux yeux.
Alice : Marquand !
Il se retourne, sans bouger. Il baisse la tête, fait quelques pas dans sa direction, s'arrête. Puis il se remet en marche, curieux de savoir ce qu'elle a à lui dire.
Fred : Faut qu'on se parle Alice.
Aucune larme ne dévale ses joues, elle veut être forte et ne pas avoir à s'effondrer contre lui.

Alice Nevers, juge d'instructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant