Alice Nevers, juge d'instruction

Chapitre 17 : Portrait

C'est son travail. Il épie les moindres faits et gestes de ses cibles avant de passer à l'acte. Selon la demande de ses clients, la peine causée est plus ou moins grave. Il porte ses jumelles à ses yeux et se risque à se rapprocher de la fenêtre par laquelle il observe. Son téléphone vibre mais ce n'est pas le moment. Son travail est plus important que tout le reste. Une fois le plan enclenché, il n'accepte généralement pas de faire demi-tour.

[Conversation téléphonique]
Colas : Bonjour mademoiselle Larrieu !
Florence : Colas...
Colas : Je vous réveille ?
Florence : C'est-à-dire qu'il est cinq heures du matin ! C'est pour une nouvelle affaire ?
Colas : Non, mais j'ai bien dormi, je suis allé de bonne heure à la Brigade et j'ai pris un appel.
Florence : De quoi s'agit-il ? Je ne pense pas reprendre le travail dès aujourd'hui, le Procureur m'avait accordé un délai après l'affaire qu'il nous avait confiée à la juge Nevers et moi-même.
Colas : Vous ne bossez pas aujourd'hui ?
Florence : Normalement non, pourquoi ?
Colas : On aurait pu sortir... Mais vous avez un planning chargé, je ne voudrais pas tout chambouler.
Florence : Je n'ai absolument rien de prévu mais il me semble que vous avez du travail.
Colas : Je rêve ! C'est quand-même moi qui ai bouclé cette affaire, je me trompe ?
Florence : Ça, le Procureur n'est pas censé le savoir ! Faites-lui une requête, il vous accordera sûrement une journée.
Elle entend Colas se plaindre derrière le combiné.
Florence : Au fait, il s'agissait de qui ? Vous m'avez parlé d'un appel.
Colas : Ah, c'était la juge Nevers justement, elle voulait vous voir, puisqu'elle a sûrement, elle aussi, une journée de repos accordée.
Florence : Ne soyez pas jaloux !
Colas : Je ne suis pas jaloux mademoiselle Larrieu. C'est injuste, c'est tout.
Florence : Bon... Merci, je vais la rappeler. Autre chose ?
Colas : Je vous souhaite de passer une bonne journée, profitez bien !
Florence : Merci... Colas ?
Colas : Hm ?
Florence : J'ai passé une excellente soirée hier.
Colas : C'est vrai, ça vous a plu ?
Florence : Beaucoup.
Colas : Ah...
Florence : À vous aussi j'espère ?
Colas : Oh moi, oui oui, bien sûr ! Enfin, oui....
Florence : Au revoir Colas...
Colas : Au revoir mademoiselle Larrieu...
[FIN]

Un garde fait venir monsieur Brémont, il a un appel de la part d'un ami, cela semble urgent.

[Conversation téléphonique]
Mathieu : Allô ?
Laurent : Ouais, Math.
Mathieu : Lau ? Pourquoi tu m'appelles ? Je t'avais dit de pas appeler ici...
En parlant, il met sa main sur le téléphone pour ne pas attirer les soupçons. La voix est grave et dans cette pièce, il est facile d'entendre les conversations, il suffit de tendre l'oreille.
Laurent : J'ai fait ce que tu m'as demandé. Je viens au parloir te déposer les photos ? On s'organise comment ? Tu es priorisé mais j'ai d'autres clients, Math.
Mathieu : Tu as fait ce que je t'ai demandé...?
Laurent : Tu as oublié ? J'étais sur un gros coup quand tu m'as demandé de l'aide. Je n'ai pas pu intervenir tout de suite : si je me loupais, c'était la prison. N'importe quel avocat n'aurait pas suffit, j'aurais croupi en taule.
Mathieu : Attends mais c'est fini tout ça, je suis clean maintenant.
Laurent : Ne me ressors pas l'histoire de la petite famille parfaite, tu ne changeras pas, je te connais depuis qu'on a dix ans.
Mathieu : Mais...tu as pris des photos...
Laurent : La prison ne te réussit pas. C'est bien pour ça que je ne veux pas y finir ! Je n'abandonne jamais, tu le sais ça.
Mathieu : Ça remonte à combien de temps ?
Laurent : Tu m'avais demandé ce service il y a... un an je dirais.
Mathieu : C'est fini, Laurent.
Laurent : Je te l'ai dit, je ne fais pas de cadeau. Alors tu prends les photos sans broncher. C'est comme ça que ça marche.
Mathieu : Je n'aime pas ça. Tu ne te rangeras jamais ?
Laurent : Tu plaisantes ? Bon, je viendrai mercredi après-midi.
Mathieu : Tu connais les horaires de parloir ?
Laurent : Tu as oublié que j'avais beaucoup de contacts en prison ! Allez, à bientôt Math.
[FIN]