XVII. Une vieille histoire

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Ce ne fut qu'à 16 heures et demi qu'ils se rhabillèrent. Tout était encore très flou dans le cerveau d'Emma, elle ne se rendait pas encore bien compte de ce qu'ils venaient de faire. Mais elle n'était pas pour autant gênée. Elle ne voulait pas vraiment d'une relation sérieuse et conventionnelle, et elle se doutait bien qu'il en était de même pour Beau. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la chambre pour redescendre au rez-de-chaussée, Beau la saisit par les épaules, la plaqua contre la porte et l'embrassa fougueusement. Emma eut une demi-seconde de retenue. Et puis après tout, de quoi avait-elle peur ? Elle passa ses mains autour de son cou et répondit à son étreinte. Après s'être enfin séparé d'elle, Beau lui sourit avant de lui ouvrir la porte pour la laisser passer.

- Tout va bien, les enfants ? leur demanda Gina.

- Ouais, ouais, ça va.

- Emma, je me demandais...

La jeune fille se rapprocha de la mère des garçons, qui était assise au bar de la cuisine en train de ranger des papiers, et Beau alla s'affaler dans le canapé – comme à son habitude.

- Comment va ta mère ?

- Oh, son état ne s'améliore pas, mais il ne se dégrade pas non plus.

- Je trouve ça tellement triste.

- Oui...

- Peut-être devrais-je aller la voir, qu'en penses-tu ?

- Oh... Oui, enfin, je ne sais pas. Je ne la connais pas vraiment, mais j'imagine que ça lui ferait plaisir.

- Il est vrai que depuis que nos familles ont coupé les ponts, je ne prend même plus de ses nouvelles. J'ai honte...

- Non, non, ne vous en faites pas. C'est des choses qui arrivent, dans la vie.

- Est-elle toujours avec ton père ou sont-ils séparés ?

- Oh, ils sont toujours ensemble. Cela serait un scandale si mon père divorçait, ricana Emma.

- Oui, les mentalités n'ont pas évoluées de partout... soupira-t-elle. Peut-être inviterais-je ta mère à dîner un de ces jours, comme au bon vieux temps. Cela serait étrange, mais ça me ferait plaisir.

Emma se contenta de hocher la tête. Un dîner avec les Brooks ? Cela serait très étrange, en effet...

- Comment t'entends-tu, avec Beau ?

- Euh... Bien ?

Gina rit.

- Je veux dire que quand tu étais petite, tu te mettais à pleurer et à hurler dès que tu l’apercevais. Tu adorais jouer avec Luke et Jai, mais Beau te laissait rarement tranquille... J'espère qu'il ne t'effraie plus.

- Oh non, ne vous inquiétez pas pour ça.

Si elle savait ce qu'ils venaient de faire, elle ne s’inquiéterait vraiment pas de savoir s'il lui faisait peur, mais plutôt de savoir s'ils s'étaient protégés – ce qui était le cas.

- Cela dit, je n'en garde vraiment aucun souvenir, alors je ne devais pas être si traumatisée que ça.

- J'suis pas un psychopathe, non plus, marmonna Beau tout bas tandis qu'il écoutait leur conversation d'une oreille distraite.

- Tu étais petite, et même Beau qui était un peu plus grand ne doit pas beaucoup s'en rappeler. Ta mère et moi avons accouché à quelques jours d'intervalles, tu sais.

- Ah oui ?

En fait, sa mère ne lui avait jamais parlé de son accouchement ou de sa grossesse.

- Les garçons sont nés le 3 mai, et toi le 6, si je ne m'abuse ?

- Oui, c'est ça...

- Elle était totalement radieuse. Ton père aussi d'ailleurs. Mais je n'avais jamais vu ta mère aussi heureuse que pendant sa grossesse, et je la connaissais depuis cinq ans.

- Elle ne m'en a jamais parlé...

- Peut-être n'en a-t-elle jamais eu l'occasion, tout simplement, sourit Gina. Tes parents avaient offert aux jumeaux leur tout premier ballon de basket. Il était minuscule. Ils l'ont toujours, d'ailleurs. Le père des garçons et moi t'avions offert une peluche. Un petit chien rouge, si je me rappelle bien.

Emma fronça les sourcils.

- Je... je l'ai encore...

Elle avait toujours eu cette peluche, elle ne se rappelait pas d'où elle venait et à vrai dire elle ne s'était jamais posé la question. Il était étrange et amusant de voir ce que leurs familles avaient en commun alors que si Luke et elle ne s'étaient pas heurtés dans ce couloir, et si le jeune homme n'avait pas été aussi insistant, ils n'auraient jamais renoués contact. Gina lui sourit.

- En grandissant, quand tu allais jouer avec les jumeaux, tu l'avais toujours sur toi. Avec Jai et Luke, vous lui aviez fabriqué un collier avec un de mes bracelet qui avait cassé ce jour-là. Vous l'aviez appeler...

- Chiffon... finit Emma dans un souffle.

Luke et Jai passèrent la porte à ce moment là, et Emma les observa avec un air différent de d'habitude. Elle n'arrivait pas à croire qu'ils aient vécu toutes ces choses ensemble. 

You're everything I'm not || JanoskiansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant