The unspeakable story(Marilyn Manson)

Rencontre, prémices

La perspective d'un nouveau lieu de vie était une occupation qui allait momentanément détourner ses pensées de la tournée et de tout le reste. Cette idée lui convenait bien. Une nouvelle habitation était toujours synonyme de nouveau départ. Changer de nom et d'endroit avaient toujours porté ses fruits dans sa vie. C'était un phénomène à la fois étrange et logique. Quand on change d'endroit, on change d'état d'esprit. On se sent plus libre. Libre de changer radicalement. M.M se demanda s'il existait encore beaucoup de choses qu'il devait découvrir. Il connaissait beaucoup de choses, avait fréquenté beaucoup de milieux. Etait-il possible que quelque chose le surprenne à nouveau ? Il en doutait fort. Mais cela ne l'empêchait pas de l'espérer secrètement. En allant s'acheter une bricole, il avait entendu le son de 'Humans' skill and skin' craché par les hauts parleurs de la radio bon marché du vendeur. Ce dernier avait voulu faire une photo avec lui. Il était étrange de faire une photo avec un parfait inconnu qui oubliera votre existence dans le courant de la journée. Il pensa que ça aussi, c'était un phénomène des plus intéressants. Qui méritait une attention toute particulière. Les gens avaient besoin qu'on laisse une empreinte, et de laisser eux-même une trace, par la même occasion. La photo impersonnelle ferait la jonction. C'est sur cette réflexion qu'il arriva devant la maison qu'il souhaitait sienne. La personne censée lui faire visiter la demeure était déjà là, et avait la posture de quelqu'un qui attendait déjà depuis un moment. C'était une femme brune, la vingtaine ou la trentaine, difficile d'identifier son âge, de taille moyenne. M.M s'approcha de la bâtisse sans fioriture et regarda de plus près la personne. Sans savoir exactement pourquoi, il se sentit en confiance.

- Bonjour, Monsieur ! dit la femme en souriant.

Son sourire était on ne peut plus professionnel mais il inspirait sympathie et respect. Elle était un peu plus élégante qu'elle ne devrait l'être pour une simple visite, nota-t-il. Il lui rendit son sourire et inclina la tête en guise de salut.

Elle avait longtemps hésité. Comment fallait-il s'adresser à lui ? Son nom d'artiste à renommée retentissante ou son nom de naissance ? Finalement, un simple 'monsieur' restait l'adresse la plus efficace.

Ils firent une pause de deux secondes avant qu'elle ne lache un timide :

- Suivez-moi, je vais vous faire visiter !

M.M avait un peu de mal à se concentrer sur les pièces de la maison, aussi vastes et magnifiques étaient-elles. La gêne apparente de la femme le troublait un peu. Pourtant, ce n'était pas la première fois qu'une fille était intimidée en sa présence. Beaucoup fondaient même en larmes sous le coup de l'émotion. Il n'aimait pas ça. Mais il sentait qu'il y avait autre chose. Que c'était différent. Cette dame ne tombait pas en pamoison devant lui mais semblait être touchée au plus profond de sa timidité. Comme s'il avait le pouvoir de la voir nue. Débarrassée de tous vêtements et à fleur de peau. Il se demanda s'il avait envie de la voir nue, maintenant, mais il chassa vite cette idée de son esprit en faignant de s'intéresser à la superficie de la cuisine.

- Cela vous convient-il, monsieur ?

En émettant un faible ' oui', il se rendit compte que la femme faisait ressortir sa propre timidité des tréfonds de son subconscient. Il n'avait pas été comme ça depuis l'enfance. Lui aussi se sentait à nu devant elle. Elle avait un joli tailleur qui moulait son petit corps fragile. Cette sensation n'était pas désagréable

La visite lui parut extrêmement rapide et riche à la fois. Il se sentit tout plein d'idées. Elles trottaient avec fièvre dans sa tête. Il avait une furieuse envie de peindre.

- Eh bien au revoir dit la femme avec un sourire plus confiant qui montrait qu'elle était plus à l'aise qu'au début.

- - Oui, j'espère bien, s'entendu dire M.M, enfin je veux dire, on se revoit pour le contrat !

En s'éloignant, il se dit que, comme ces gens qui se prenaient en photo avec lui, il avait envie de laisser une empreinte dans l'esprit de la femme.

- Et... monsieur !

Elle l'avait interpellé.

Il se retourna.

- Je trouve votre dernier album très réussi !

Il inclina la tête non sans reconnaissance et disparu pour de bon.

Parler de son album, sérieusement ? C'est tout ce dont tu étais capable ?