The unspeakable story(Marilyn Manson)

Rappeler

Messagerie. Encore et toujours messagerie. Il avait appelé trois fois avant de laisser un message. Puis un autre. Et puis encore un autre. Il les avait laissés mais il le regrettait. Son image allait sûrement changer aux yeux-et aux oreilles- de la jeune femme lorsqu'elle écouterait sa voix un peu haletante.

- Bonjour, je voulais vous rappeler mais j'ai u un imprévu. Rien de grave mais il fallait vraiment que je sois dispo pour... enfin, j'espère que vous allez bien. J'aimerais vraiment vous revoir. Rappelez moi.

Bip !!!

Bon sang, il avait l'air trop pressant ! Il fallait qu'il rappelle lui-même et qu'il lui parle.

- C'est encore le fameux M.M. J'espère que depuis le temps vous allez bien. Je suis vraiment désolé de l'attente. J'ai vraiment aimé votre message.

Bip !!!

Putain ! Il avait vraiment l'air prétentieux... il fallait qu'il répare ça coûte que coûte.

- Bonsoir. J'espère que vous aurez mes messages. Je le répète, je me sens bien avec vous.

Et c'était tout. Il regarda son portable et pria en son for intérieur pour qu'elle ait eu un imprévu aussi et que c'était pour cette raison qu'elle ne pouvait pas répondre à l'instant.

***

Elle résista à la tentation de rallumer l'engin toute la soirée. Elle avait renvoyé Ma ; elle souhaitait être seule. La pensée même qu'elle n'aurait pas de message avant le lendemain l'empêchait de se précipiter sur le téléphone et de presser la touche qui l'allumerait. Non. C'était trop tentant. Elle devait le mettre ailleurs que là, bien en vue sur la petite table du salon. Elle saisit le portable puis s'arrêta net dans son geste. Le camoufler lui donnerait sûrement encore plus envie de l'allumer, non ? Alors elle le mit sur le meuble du salon. Bien en vue, mais hors de porter de là où elle était assise. Elle soupira encore une fois et pris son ordinateur pour taper quelques lignes supplémentaires de son roman. Un roman qu'elle avait débuté il y avait des années mais qu'elle était bien déterminée à finir et à fignoler avant la fin de l'année. Elle tapa, sans s'arrêter. Jusqu'à s'habituer au son de ses doigts martelant fébrilement les touches, mécaniquement. Les mots s'entrelaçaient comme des serpents mais elle n'avait qu'une idée en tête. Lui.

Elle enregistra le document et, n'y tenant plus, attrapa le téléphone.

9 appels. Cinq messages vocaux.

Elle composa fébrilement le numéro de sa messagerie et écouta, tremblante. Le premier message venait de sa mère qui lui demandait des nouvelles. Elle se promis de la rappeler. Le second message venait de Ma. Elle l'écouta, absente et archiva le message. Puis elle entendit la voix grave, tranquille de M. Son ventre dansa la conga. Trois messages vocaux de M. Elle écouta- à sa grande honte- plus de quatre fois ses messages. Tant de choses transparaissaient dans sa voix : la gêne, la chaleur, la sincérité. Le rouge lui monta aux joues et bien qu'il fasse un peu frais, elle senti une bouffée de chaleur loin d'être désagréable l'envahir.

Elle tapa sur 3. Rappeler.