Il arrive

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Prostré. Après les mouvements, la lumière, les hurlements... le silence. Le calme plat, pesant. Le silence plat qui le narguait et qui lui soufflait « tu es coupable ». Le calme qui annonçait un silence pesant et de longue durée. Il ne trouvait pas le sommeil. Une petite voix lui chuchotait inlassablement 'elle n'a pas rappelé'. C'était insupportable, cette attente qui n'en était pas une ! Il avait été grisé de cette présence empreinte de vie à ses côtés et à présent il devait se dégriser. Il savait qu'elle n'allait pas rappeler. Qu'il allait rester seul dans le noir avec toutes ses questions. Il sentait un sentiment qui était rare chez lui. Cuisante et douloureuse. La culpabilité. Elle remontait dans sa gorge et le faisait vaciller. Il s'assit, désespérément seul.

La solitude lui pesait tellement qu'il se sentait oppressé. Pour la première fois depuis des mois, il eut envie de se saouler pour s'endormir et se réveiller avec un mal de crâne si dévastateur qu'il en oublierait jusqu'à son nom. Et ce portable silencieux qui lui rappelait qu'elle ne voulait plus lui parler. Ni le voir. Il ne voyait aucune issue à cette situation. Seulement une porte fermée. Il savait que tout était de sa faute, et, comme un adolescent pris en faute, il ne savait pas ce qu'il devait faire. Et ce qu'il ne devait pas faire. Ce sentiment d'impuissance l'irrita et il se rabattit sur le goulot d'une bouteille de bière comme si le goulot était responsable de tout. Il but avec rage et sentit les larmes lui monter aux yeux. Pendant que la boisson descendit dans son gosier, elles roulèrent sur ses joues, comme une pluie battante qu'on ne peut empêcher. Il ne s'était jamais vu aussi pitoyable. Et de mémoire, il ne s'était jamais senti aussi minable devant une femme qu'il venait tout juste de rencontrer. L'alcool et les larmes se mélangèrent dans sa bouche pour former une liqueur étrange, au goût amer. Il sentit la mixture entrer en lui comme si une entité tentait de posséder son corps malade de chagrin. Il s'écroula dans un fauteuil ocre de velours avant de sursauter telle une marionnette malmenée. Il s'étendit par terre comme un pauvre saoulard de la rue dont personne ne se soucie et s'estima en exil et retranché. Il se réveilla en nage deux heures plus tard en ayant l'impression d'avoir dormi trois nuits et se traîna jusqu'au canapé pour s'y lever, comme un mari éconduit. En cet instant, il se haïssait.

Sa vision était trouble. Il chercha des yeux son portable mais ne le vit pas. En se levant, il trébucha et se cogna contre une petite table. Ses yeux secs se remplirent à nouveau de larmes de douleur. Il attrapa d'un geste brusque son smartphone et composa un message qu'il était sûr de regretter. Il était plus de minuit. Et il ne pouvait plus se supporter.

J'arrive chez toi. Je veux te parler. Tu ne me donnes pas le choix.

Parfois, quand on aime, on fait des choses insensées. Il était insensé. Et il était amoureux. Parfois quand on aime, on abandonne son orgueil. A ce moment précis, son égo s'était ratatiné comme un pruneau séché. Sans attendre son reste, il se précipita dehors, dans la nuit. Pour aller jusqu'à elle.


The unspeakable story(Marilyn Manson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant