Agence et David Bowie

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Il se sentait étrange. Plus que d'habitude. Et plus ce dont on pouvait le soupçonner. Demander ainsi un numéro, mélanger le cercle professionnel avec... avec quoi au juste ? Il voulait simplement inviter cette femme à une répétition. Alors pourquoi un sentiment de honte l'envahissait à chaque fois qu'il repensait à cet appel téléphonique avec son boss ? Ce qu'il avait fait lui semblait déplacé, stupide. Irréfléchi. Mais il avait toujours agi instinctivement et fait confiance à cet instinct. Et cela avait toujours produit quelque chose de positif, d'une manière ou d'une autre. D'ailleurs, il ne comprenait même pas pourquoi il hésitait tant à appeler. Après tout, ce n'était qu'un geste naturel. Le trac le traquait comme s'il allait monter sur scène pour la première fois. C'était très gênant.

Prenant son courage à deux mains- et le portable à une main, il composa soigneusement le numéro, en prenant soin de l'enregistrer dans son répertoire. 'Agence 2' nota-t-il. C'était sobre. Il laissa sonner. Quelques bips stridents lui indiquèrent que la ligne était occupée. Il éprouva une vive contrariété. Avec qui pouvait-elle bien être occupée. ? Il raccrocha en se promettant d'appeler un peu plus tard. Il songea à l'évènement nocturne auquel il était invité, le week-end. Une soirée retrouvaille avec des amis artistes, acteurs et d'autres musiciens. Il ne se sentait bien qu'en compagnie de gens qui le comprenaient, en l'occurrence, des gens portés par l'art et dont la musique faisait partie intégrante de leur vie.

Cependant, il était difficile pour lui de se lier totalement d'amitié avec les gens. La plupart des gens qu'il croisait étaient soient superficiels, le type de personnes à se donner un genre pour traîner avec d'autres artistes, soit un peu illuminés. C'était au choix.

Il y avait aussi un troisième type de personne : ceux qui voulaient juste graviter autour d'une rock star, et rien d'autre. Qui le considérait un peu comme une bête curieuse, ou quelqu'un à analyser, simplement parce qu'il savait aligner trois mots et dire des choses intéressantes dans ses interviews. Mais personne ne semblait voir en lui ce qu'il était réellement.

Cela aurait pu être encore plus frustrant s'il n'avait pas ses amis proches. Ceux-là même à qui il n'avait pas besoin de dire beaucoup de mots pour qu'ils devinent ses maux. Et ses pensées.

La sonnerie de son portable- big brother de Bowie- le tira de ses réflexions. C'était Johnny. Une sonnerie de David Bowie qui annonçait l'appel de ce fantastique acteur et proche, n'était-ce pas magnifique ?

- Que se passe-t-il ? Demanda Johnny après quelques secondes de silence

- Je ne sais plus. C'est bien ça le problème.


The unspeakable story(Marilyn Manson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant