The unspeakable story(Marilyn Manson)

Isolés

C'était arrivé. Cela s'était produit. Et elle voulait le garder pour elle ; Inutile de s'étaler sur une relation qui n'avait jamais vraiment commencé, pas vrai ? A vrai dire, elle ne se souvenait plus très bien du début. Tout avait été si vite ! Si furtif qu'elle avait déjà craint que cela ne soit éphémère. Elle constatait amèrement que c'était le cas. Cela faisait quelques heures et il n'avait pas cherché à la joindre. Il ne l'avait même pas rattrapée lorsqu'elle était partie comme une furie de l'aéroport, le pas léger. Elle ignorait ce qui la mettait le plus en colère. Cette non réaction ou le fait d'avoir découvert ces messages. Et si elle n'avait jamais regardé ce satané smartphone, hein... rien de tout cela ne se serait produit.

Oui mais j'aurais été prise pour une bonne poire pendant encore longtemps...

Et quand on ne se sentait pas coupable, on criait, on tempêtait, que diable ! On ne restait pas aussi calme que l'avait été M. à l'aéroport ! Elle sentit un pincement au cœur quand elle pensa à son comportement dans l'avion. Elle pouvait encore voir la scène défiler sous ses yeux. Un M. au regard mélancolique et elle qui restait farouchement le regard planté sur un point invisible, devant elle. Il avait toujours été si doux... comment pouvait-il tout gâcher et se comporter comme un gentleman ? Peut-être que Ma avait raison, que c'était un menteur professionnel. Elle frissonna. Peut-être même qu'il était déséquilibré.

Elle écarta cette possibilité. Au fond d'elle, elle n'y croyait pas une seconde. Elle savait que ce n'était pas le cas, que M. était quelqu'un de bien. A moins d'avoir une double personnalité, elle ne comprenait vraiment pas l'artiste. Le chœur de Ma et de sa propre conscience clama :

C'est un chanteur ! Il fait des incartades, il a le choix entre les femmes !

Mais est-ce que tout ce qu'ils avaient vécu avait été réel ? Etait-elle une fille comme les autres dans son esprit ou bien une femme qui l'a réellement marqué ?

Qu'importait, elle ne voulait plus le voir. Les yeux brouillés par les larmes et la fatigue, elle regarda la valise qu'elle refusait de défaire comme si elle avait le pouvoir de ranger ses affaires par la simple force de son regard.

***

Bip !

C'est Ma. Je n'arrivais pas à te joindre au Japon- tu pouvais donc faire autant de cachoteries que tu le souhaitais (rires) Je crois que tu rentrais aujourd'hui. Rappelle-moi quand tu peux.

Bip !

(Voix de M.)

Bonsoir. C'est moi. Je voudrais tant te parler- je regrette la tournure que les choses ont prisent. Si tu es d'accord, on pourrait se voir.

Bip !

C'est encore M. C'était nul, mon message (C'était nul tout court songea-t' elle fortement) Je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir. Mais si tu changes d'avis, si jamais tu acceptes de me voir, ne serait-ce qu'une seconde, je serais là.

Elle n'hésita pas une seconde. Elle pressa la touche pour rappeler son amie. Puis elle se déroba. Elle n'avait pas envie de parler à Ma. Elle ne voulait parler à personne.