Cocktail et révélations

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--Si vous n'aviez pas été dans le milieu musical, qu'auriez-vous fait ?

Elle sirotait son cocktail comme si elle allait boire d'une façon similaire sa réponse. Ses grands yeux sombres étaient attentifs. Il nota qu'elle les avait soulignés d'un trait d'eye liner ce qui les rendait affreusement séduisants.

- J'aurais certainement chanté dans les bars, sillonné les cabarets...

Elle repoussa sa paille de la même façon qu'elle repoussait cette réponse.

- Et la réponse honnête, à quoi ressemble-t-elle, s'enquit-elle d'un ton incrédule.

- Je rêvais d'être écrivain, lâcha t'il

- Et pourquoi M. n'est pas aujourd'hui le nom d'un grand écrivain ?

M. resta impassible.

- J'ai offert mon âme au diable à la place.

Il avait dit cela avec le plus grand sérieux du monde mais ses yeux pétillaient de malice. Pas une seule fois ses yeux ne s'étaient égarés sur la silhouette de la jeune femme. Seulement sur son visage aux pommettes hautes qu'il trouvait tout à fait charmant.

- Puis-je aller sauver votre âme ? dit-elle en le regardant droit dans les yeux.

- Le diable ne se penche que sur les gens intéressants qui en vaillent la peine. Je crains qu'il ne vous enlève à moi et que je sois obligé d'aller vous récupérer entre ses griffes.

Elle sourit d'un air mystérieux.

- Je vous en croirais capable, sauf que... je suis sûre que vous ne croyez pas plus que moi au diable !

Il ne dit rien mais sourit d'un air satisfait. Il regarda ses lèvres, soulignées de rouge.

- Ce soir, nous ne sommes pas trop assortis, fit-il, regardez mon rouge à lèvre !

Il arborait une teinte prune sombre contre laquelle Ma aurait crié au scandale. Mais cela ne la dérangeait pas le moins du monde.

- Alors pour être assortis, il faut avoir le même look ? rit elle

- Non, grogna-t-il, vous êtes parfaite.

Ce compliment inattendu réduit à néant la pâleur de la jeune femme.

Ils avaient passé la journée ensemble. Il ne s'était pas attendu à passer plusieurs heures d'affilée à ses côtés, et cela pour de multiples raisons. C'était la première fois qu'il craignait d'ennuyer une femme et de ne pas correspondre à son monde. Et il avait peur qu'elle veuille employer autrement ses deux semaines de répit. Après tout, qu'est-ce qui l'empêchait de l'envoyer promener ? C'était une femme indépendante, avec la tête sur les épaules et qui n'avait besoin de personne.

Une femme pour toi ! Rugit la voix de Twiggy dans sa tête.


The unspeakable story(Marilyn Manson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant