The unspeakable story(Marilyn Manson)

Manoir et regard appuyé

Elle se retrouvait encore une fois devant ce grand et somptueux manoir qu'elle ne pensait plus revoir. Sans frapper à la porte, l'homme à tête de bouledogue ouvrit. Il avait l'air d'assez bonne humeur. Mais lorsqu'il esquissa son sourire à dents parfaites, elle eut une drôle d'impression. Comme s'il était préoccupé. Comme s'il n'était pas tout à fait sincère. Elle ressentit un pincement au cœur. Après tout, que faisait-elle ici ? Elle ne faisait pas parti du milieu du 'show business'...

-Tout va bien monsieur ? Essaya-t-elle.

Il hocha la tête un peu trop violemment en la regardant à peine et s'éloigna très rapidement, d'un pas aussi léger qu'il était lourd. Elle haussa les épaules et entra dans la demeure. Les tapis étaient violet, ce jour-là. D'un violet profond et foncé, comme du vin. Elle se regarda dans la glace et remarqua une mèche rebelle. Ce n'était pas le moment d'être coquette. Elle ne voulait pas être surprise en train de s'arranger, que dirait-on d'elle ?

La vérité était qu'elle n'était toujours pas convaincue de ce qu'elle faisait. Et même en voyant le long visage en lame de couteau surmonté de cheveux ébènes, elle n'était toujours pas sûre de ce qu'elle faisait en ce lieu.

- Oh, dit M. , j'avais abandonné tout espoirs de vous revoir !

Toujours en noir, pensa-t-elle avant de se souvenir qu'elle avait aussi opté pour une tenue particulièrement sombre.

- Toujours aussi fataliste, dit-elle à la place

Les autres musiciens présents échangèrent un regard et une parole qu'elle ne put entendre.

- Voici Fred et Gil ! Dit-il simplement, en guise de présentation, et voici celle qui m'a trouvé un logement, ajouta-t-il avec humour en s'adressant à Gil et Fred

- Oui c'est sûr que sans moi, vous étiez à la rue, dit-elle, ce qui les fit rire

- Il manque Jeordie, fit M, il ne va pas tarder, je pense. Il se refait une beauté.

- Twiggy ? Demanda-t-elle aussitôt

Ils hochèrent la tête. Comme lui, ils étaient grands et minces et arboraient des vêtements noirs corbeaux. Cela n'enlevait rien à leur sympathie, nota-t-elle.

- Oui, c'est moi.

Elle se retourna et vit celui qui, quelques années plus tôt, se baladait en robe sur scène. Il était immense, avec un beau visage et des yeux doux et taquins. Il semblait constamment être sur le point de rire.

- Oh, je suis très heureuse de tous vous rencontrer !

D'une voix grave, ils répondirent quelque chose sur le même ton, et elle se sentit plus à l'aise qu'elle ne l'était en franchissant la porte du manoir.

- On est très heureux d'enfin voir la charmante immobilière dont M. nous a parlé ! dit Jeordie.

Elle se sentit un peu rougir mais M. lança un grand rire en rejetant a tête en arrière, ce qui détendit un peu l'atmosphère.

- Oh, elle est gênée, dit Gil, vous êtes cruels !

Elle secoua la tête. Les quatre gars avaient l'air bien complices.

Ils se trouvaient dans une autre pièce que le salon, et tout était aménagé pour reproduire un mini studio.

- On va faire du bruit, lui chuchota M. à l'oreille.

Pendant qu'il était penché, elle sentit une odeur inidentifiable. Quelque chose de chaud, boisé avec un soupçon de cannelle.

- Ne ménagez pas mes oreilles, chuchota-t-elle à son tour

Pendant qu'ils préparaient leurs instruments et vérifiaient le son, elle examina alternativement les quatre compères. Jeordie avait l'air d'être un gars aussi sérieux et plaisantin que M. Il ressemblait à un grand enfant qui aurait vieillit trop vite sans perre son charme juvénile. Gil avait une présence remarquable et un physique assez impressionnant et Fred avait une stature saisissante. Elle sentit à nouveau intimidée mais, comme si Jeordie-Twiggy avait palpé ses émotions, il lui adressa un clin d'œil. Elle remarqué qu'il avait la facheuse habitude de les regarder alternativement, elle et M. Elle lui sourit et détourna le regard. Elle vit que M. lui jetait un coup d'œil appuyé. Quand elle s'aperçu que Twiggy l'avait aussi remarqué, elle pouffa, et il rit aussi de bon cœur. Ca commençait bien.