The unspeakable story(Marilyn Manson)

Les deux sont libres à présent

Le reste de la journée se déroula comme un rêve dont on aurait oublié le sens au réveil. Elle écoutait les gens parler, secouait la tête d'un air absent, un peu comme les chiens en plastique à l'arrière des voitures. Elle s'entendait répondre, elle se voyait manger, boire, travailler et ses pensées étaient ailleurs.

C'était onirique, rapide, et interminable à la fois. Elle mourait d'envie de rentrer, de se couler un bain dans sa petite mais coquette salle de bain et fermer les yeux. Ecouter de la musique. Celle de M.M, peut-être. C'était très tentant. Ce chanteur était en même temps si éloigné et en même temps si proche de l'image qu'elle se faisait de lui que cela en était déroutant. Serein, magnant avec finesse un humour pince-sans-rire proche de l'ironie, chaleureux. Diable, ce n'était qu'un client, après tout. Qu'avait-il de si spécial, mise à part son extrême popularité ?

Elle se sentait très différente de l'idée qu'elle avait d'elle-même. Jamais elle n'avait vraiment pensé de cette façon à une quelconque célébrité. Et pourtant, ce n'était pas la première qui croisait son chemin.

- Je vous sens ailleurs, aujourd'hui, lui lança à demi voix son boss.

C'était un petit homme de la cinquantaine bien sonnée, toujours propre sur lui, l'air raffiné et charmant qui le faisait passer pour un acteur de série comique. Une expression sérieuse permanente sur son visage pouvait le faire passer pour un banquier consciencieux, aussi. Ses petits yeux bleu vif étaient toujours aux aguets et trahissaient la tenacité et l'acharnement d'un type amoureux de son métier. Elle le soupçonnait même de rester la nuit dans les locaux de l'agence pour bosser. Une chose était sûre : lui n'était pas le genre à être tête en l'air.

- Oui, c'est le cas, je suis ailleurs, rétorqua-t-elle d'une voix on ne peut plus rêveuse.

- Vous avez grandement besoin de congé, je vous en ai que très rarement accordé , d'ailleurs.

Elle hocha la tête pensivement sans vraiment avoir entendu ce que le boss avait dit.

- Une semaine, ça vous va ?

- Hmmm ?

- Je pense même que deux semaines seraient salutaires, après rélfexion, lança-t-il

- Comment, mais que....

Il inclina la tête sans sourire, le regard doux mais ferme.

- Deux semaines, c'est un ordre.

Elle rassembla ses affaires et s'exécuta.

- Et je veux que vous reveniez fraiche et dispo !