Excès de caféine et repère de rock stars

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***

Noir sur fond blanc.

Elle lorgna d'un œil mécontent son café crème. Elle détestait la caféine. C'était presque un euphémisme. Elle tenait en horreur ce liquide sombre que tout le monde adorait et semblait idolâtrer en pourchassant les cafetières dernier cri. Et pourtant, elle s'en remettait à cette irascible drogue ce matin-là parce qu'elle n'avait pas pu dormir.

Et elle détestait encore plus la boisson car elle en avait besoin et qu'elle n'avait pas trouvé mieux.

La dépendance à une quelconque substance, très peu pour elle.

Elle ne savait pas si ses tremblements étaient dus au surplus de caféine ou autre chose. C'était la première fois qu'elle se rendait dans un studio de répétition et la première fois qu'on l'y conviait, avec un grand naturel. Cela ne devait pas la rendre ainsi. Elle avait encore le temps. Elle fit glisser sa tasse un peu trop près du bord. Trop tard. Elle arborait maintenant une tache noire sur son chemisier. Décidément, la caféine n'était pas faite pour elle. Elle se jura solennellement de ne plus en toucher une seule goutte. Paniquée, elle se changea rapidement, en prenant soin de ne pas réfléchir au choix de sa tenue- les hésitations pouvant être fatales- et attrapa ce qui aurait pu être son premier choix. Une tenue ni trop sobre, ni trop excentrique. Un haut mauve bordé de dentelle et une jupe sombre. Parfait. Elle se débarrassa de l'odeur de café qui tapissait sa bouche et attrapa sa malette. Si elle avait le pouvoir de se dédoubler, elle se serait dite businesswoman. Elle voulu changer à nouveau de tenue. Elle était coquette mais d'habitude, elle était moins préoccupée que ça. Elle soupira et sorti de chez elle en oubliant ses clefs. Par chance, elle pouvait encore ouvrir. En levant les yeux au ciel, elle fit la requête désespérée- elle ne savait pas à qui ni à quoi elle s'adressait- que le reste de la journée se déroule plus sereinement, si c'était possible.

Le studio de répétition n'était plus très loin.

Dans un instant de panique, elle se trompa d'adresse et faillit entrer dans un garage. Se traitant intérieurement d'idiote, elle sonna deux numéros plus bas, à l'entrée de ce qui semblait être une vaste propriété arborée.

Aussitôt, elle vit un voyant rouge s'allumer et une caméra pivoter dans sa direction, signe qu'on allait la laisser entrer. Elle s'annonça brièvement, craignant d'oublier son nom.

L'intérieur était exactement comme elle se l'était figuré. Un grand sentier et quelques arbustes qui l'ornaient, puis au fond une large piscine qui semblait ne jamais avoir servi. Elle eut une immense impression de vide : elle se sentait de trop, dans tout ce décor luxueux.

Elle se sentait submergée par une nostalgie inconnue. Et pourtant, ces genres de décors étaient loin de lui être inconnus... La richesse, les fioritures, tout ça faisait parti de son quotidien. Elle n'eut pas le temps de frapper à la porte. Un gars qu'elle identifia comme un type à tête de pitbull lui ouvrit la porte . Elle était intimidée. Elle résista à l'envie de partir. Elle devait rester. Ce n'était pas un gars à l'allure patibulaire qui allait l'arrêter !

- Je suis...

Il ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et lui servit un sourire éclatant à lui en exploser la rétine. Elle n'imaginait pas des dents aussi parfaites. Peut être s'était elle attendue à des dents pointues comme celles d'un chien.

- Oh oui s'exclama-t-il d'une voix de stentor comme s'il ouvrait la porte d'un quatre étoiles, oui, oui, oui, suivez-moi !


The unspeakable story(Marilyn Manson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant